Il coupa l'alarme avec précaution avant qu'elle ne se déclenche. Inutile de la réveiller. Il l'avait sentie bouger souvent. Elle n'avait pas dû se reposer beaucoup cette nuit-là.
Elle dormait toujours, face à lui, la respiration régulière. Elle avait l'air apaisée. Mais les cernes sous ses yeux et son teint pâle chassèrent bien vite cette impression.
Il se leva avec précaution. Se prépara sans bruit. Ce ne fut qu'au moment de partir qu'il percuta le meuble à côté du lit, l'éveillant en sursaut.
– Bonjour...
– Bonjour. Je me répète mais... comment tu vas ?
– Pas très bien. J'ai la tête qui tourne...
Il passa la main sur son visage. Il était froid. Comme la mort qui s'insinuait en elle. Il refréna un frisson
– Il vaut mieux que tu restes au lit, aujourd'hui.
– Tu fais attention à toi, hein ?
– Promis.
Il posa un baiser sur son front et quitta la pièce. Ses yeux brillaient et il se fit violence pour ne pas rester avec elle. Mais c'était à lui d'agir, maintenant.
Sur le chemin, alors qu'il répétait ce qu'il avait à faire pour se motiver, il se vit en retard et pressa le pas. C'est alors que Pierce lui tomba dessus.
– Comment elle va ?
Il y avait de l'hostilité dans sa voix et Allan se tendit.
– Je te raconte en marchant, viens.
Quand il arriva aux vertiges, son camarade s'arrêta, pâle.
– Mais qu'est-ce que tu fais ? On va être en retard !
Fatigué par la mauvaise nuit, il ne vit pas Pierce se projeter contre lui et le plaquer au mur.
–En retard ? EN RETARD ?? Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre, d'être en retard, alors que mon amie est sur son lit de mort !
Allan préféra éviter de dire qu'en fait, c'était le sien, de lit. Au lieu de ça :
– Tu as fini ?
C'était dit d'une voix posée qui refroidit l'agresseur. Laissant à Allan la possibilité de contre-attaquer et d'inverser les rôles.
–Oui, en retard. Pour pas nous faire remarquer. Parce que figure-toi que j'ai un plan et si tu le fais foirer, tu le paieras. Compris ?
Le garçon, hocha la tête et il ajouta :
– Maintenant, tu me suis et je t'explique. Et au pas de course.
– Et si je te propose une alternative, tu m'écoutes ou pas ?
Pierce trouvait le plan exposé à priori pas terrible à sa moue dubitative. Alors, Allan le laissa parler.
– Vous vous êtes pas dit que celui ou celle qui a fait ça devait avoir une marque similaire pour recevoir l'énergie ?
L'apprenti magicien s'insulta mentalement. Évidemment qu'il avait raison.
– Ça serait trop facile.
– Facile, mais pas illogique.
– Et après, tu vas me faire croire que tu n'as JAMAIS étudié la magie ?
Silence obstiné.
– Très bien, garde tes secrets. Tu as un plan ?
– Vaguement. L'idée serait de faire diversion avec une bagarre. Tu tombes sur le gars et en l'aidant à se relever, tu lui tapes dans le bas du dos.
– Et si c'est la fille ?
– Mey ne sera pas loin, elle s'en chargera.
Il eut un regain d'espoir. Même s'il éprouvait une certaine animosité envers le garçon, ils avaient le même objectif. Donc, lier leurs forces était un facteur de réussite supplémentaire.
En priant que ce soit bien eux les coupables.
– Je marche.
Dès qu'elle sut que c'était pour aider Emma, Mey accepta. Même sans savoir le plan.
Quand la sonnerie retentit, elle retint Allan par le bras.
– Tu nous as dit comment elle allait, mais toi ?
– Je tiens le choc. Je n'ai pas le temps de penser à moi, tu sais. Il faut tout faire pour elle. Je penserai à moi après. On y va ?
À l'heure prévue, ils passèrent à l'action. Allan et Mey discutaient en marchant quand Pierce rentra dans son camarade, pile devant le couple de suspects. Pierce, agacé, repoussa le garçon qui chuta lourdement.
S'ensuivit un mélange de bras et de jambes qu'Allan allongea au maximum pour laisser le temps à Mey de contourner le groupe et venir derrière la dénommée Elsa. Elle aidait son camarade. Enfin, elle essayait.
Elsa laissa échapper un cri de douleur et tout le monde s'immobilisa. Mey recula prudemment et Pierce aida Allan à se relever.
C'était elle.
Les trois compères entourèrent le couple, qui s'était levé.
Annouk sortit un couteau et des cris résonnèrent. Il y avait des bruits de cavalcade vers le bâtiment. Allan pria que l'un d'entre eux eût la bonne idée de prévenir un surveillant.
– On ne vous laissera pas partir !
– Vous voulez mourir, c'est ça ?
En prononçant cette question, il mit bien en évidence sa lame. Avec une rapidité incroyable, les individus armés se jetèrent sur un couple d'amis qui allaient se réfugier à l'intérieur.
Allan se demandait bien comment ils allaient faire sans risquer de mettre la vie des deux otages en danger.
– S'ils partent, commença Pierce.
– Je sais !
– Silence, aboya Annouk.
– Pourquoi, demanda Allan.
Il s'en fichait. Mais il tentait de gagner du temps et guettait la brèche, ou une idée qui ne voulait pas venir.
– Tu le sais pourquoi.... Tu es un magicien. Tu dois te révéler au monde. Et la seule façon, c'est de souffrir. De perdre tous ceux qu etu aimes. Quand ta petite amie sera morte, tu nous rejoindras.
– Vous êtes fous.
– Nous sommes tes frères de sang.
– Vous rêvez debout.
– Écartez-vous !
Voyant les preneurs d'otages appuyer leurs lames sur le cou des victimes, ils obtempérèrent.
Les bandits reculèrent jusqu'à la sortie et après avoir vérifié que la voie était libre, ils repoussèrent les otages et se mirent à courir.
Mey leur cria d'y aller et ils s'élancèrent pendant qu'elle allait voir les pauvres élèves laissés à l'abandon.
Les deux garçons firent de leur mieux mais ils perdirent leur piste au bout d'à peine un kilomètre, dans le dédale des rues, au nord de la cité.
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Les Fils de Loki
FantasiaAllan apprend avec stupeur que sa mère a été assassinée et que les autorités préfèrent classer l'affaire sans suite en raison de son caractère sensible. Révolté, il décide de reprendre l'enquête et trouver le coupable, malgré l'interdiction formelle...