Cher journal,
j'ai fait un rêve étrange cette nuit. Mon subconscient m'a prouvé par ce moyen qu'il avait... beaucoup d'imagination. Beaucoup.
Il était divisé en cinq parties. Je pense qu'elles avaient un certain lien avec elles-mêmes, mais je n'arrive pas à déterminer lequel.
La première partie prenait place dans une plage, je parlais avec un dauphin... je pense qu'il avait un nom de clown, mais je ne suis pas sûre. Et puis il y a ce gamin qui arrive, et aussi ce beau mec qui se transforme tout de suite en créature bleue... en tout cas. Il m'emmène au fond de l'océan, et je peux quand même respirer. C'est... vraiment bizarre.
Et ensuite, dans la deuxième partie je me retrouve entourée de miroirs, et il y a une femme bleue qui entre, suivi par deux autres hommes bleus. On m'emmène dans une salle, et après ça c'est... comment dire... flou.
Dans la troisième partie, je me retrouve à visiter une ville sous-marine. J'entre dans un magasin désert et un... robot avec des tentacules? M'emmène dans une maison. Je retrouve le dauphin au nom de clown, c'est la seule chose que je peux distinctement savoir.
Puis je me retrouve dans un hôpital, pleurant avec le gamin de la première partie, je pense que quelqu'un est mort... Et ensuite je l'emmène à la plage et je rentre dans l'eau avec lui...
Et dans la dernière partie je me vois dans une cellule avec deux autres humains inconnus. Ils planifient quelque chose. Je les suis sans trop savoir pourquoi. On passe plein d'obstacles, et finalement, on se retrouve devant une flamme. Une flamme sous l'eau. Je n'ai pas compris cette partie-là. Puis le feu prend la forme d'une femme que je semble reconnaître, parce que je me lance dans se bras.
Les scientifiques disent qu'on rêve en moyenne cinq fois par nuit. J'ai l'impression que cette nuit a été longue.
Le plus bizarre?... Je me suis réveillée à l'hôpital avec deux personnes inconnues à mon chevet, un couple apparemment.
Le médecin est vite arrivé et s'est réjoui en me voyant consciente. Il m'a expliqué que ma chute avait été fatale.
Qu...quelle chute?
Voyant sûrement l'interrogation dans mes yeux, il m'explique ce qui a provoqué mon voyage à l'hôpital. Supposément, j'adorais le ski. Je pense que vous pourriez déduire le reste, mais je vais quand même retranscrire les exactes paroles du docteur.
En fait, c'était une femme. Je n'ai toujours pas accepté le fait que ça s'écrive docteur et non docteure.
«Tu étais en voyage au Mont-Tremblant en janvier passé, tu voulais faire du ski à tout prix. Tu t'es loué des skis, et même si tu n'étais qu'une débutante, tu as décidé de faire la pente la plus dangereuse. Et tu peux imaginer le reste.»
Bon, c'est ça là, rien de très faramineux ou surprenant, vous ne trouvez pas? J'aurais préféré être tombé d'une façon un peu plus originale, mais que voulez-vous...
Le plus intéressant, ç'a été lorsque j'ai regardé vers la fenêtre. Il faisait un soleil resplendissant et il n'y avait aucune trace de neige.
-Quel mois sommes-nous? Ai-je demandé.
-Nous sommes en mai, ma chérie. Tu es restée cinq moi dans le coma. Ton père et moi nous faisions du mauvais sang pour toi pendant tout ce temps, a rétorqué la dame à côté de moi.
Ils... ils sont mes parents? J'ai des parents?
Voyant sûrement la méfiance dans mon visage, mon prétendu père a échappé une larme. Je crois qu'il a compris que je ne les connaissais pas. Ou que je ne les connaissais plus.
Il a pris fortement la main de la femme à côté de lui et a demandé au docteur - à la docteure - de les suivre dehors. Je les ai vus se disputer à travers la fenêtre de ma chambre d'hôpital, et j'ai même entendu des bribes de mots comme «Menteur... vous aviez dit qu'elle n'aurait rien... amnésie...». Ils sont ensuite partis rapidement du bâtiment en larmes, comme si celui-ci était maudit.
La vérité est que je ne me rappelle vraiment de rien. Même pas de mon propre nom.
Celle qui m'a soigné est revenue m'annoncer qu'effectivement, j'avais une amnésie grave, mais pas aussi grave comme pour ne pas me rappeler de comment parler. Je l'ai remerciée de son travail et lui ai demandé la permission pour partir de là. Elle ne me l'a pas accordée tout de suite, mais je l'ai facilement convaincue. De toutes façons, si elle persistait, j'allais me lever et partir à la force. Je sentais que quelque chose m'appelait.
Plus je me déplaçais à travers cet hôpital, plus je le reconnaissais. C'était celui de mon rêve.
Je suis sortie et mes pieds m'ont guidée à travers les chemins, sans que je ne sache vraiment vers où ils se dirigeaient.
Les passants me regardaient comme une folle, parce que j'étais toujours en jaquette d'hôpital, mais je m'en foutais pas mal.
Il y a eu un point où le gravier devenait plus fin, jusqu'à devenir du sable. J'ai alors commencé à courir sans trop savoir pourquoi. Je courais et courais le long de ce désert en plein milieu urbain.
Puis je l'aperçus. L'océan. C'était lui qui m'appelait depuis le début. J'accélérai jusqu'à être essoufflée. Je m'abandonnai sur le sable, mes membres en étoile de mer.
Je reconnais cette plage. C'était celle de mon rêve.
Je parie que si je rentre dans cette eau, je vais rapidement découvrir un tout nouveau monde, un monde sous-marin habité par des créatures bleues, et je vais pouvoir respirer.
Et je pouvais presque entendre le gamin dont je ne me souviens plus le nom m'appeler au loin. «Samyyyy!! Samyy!!!!»
Je m'appelais comme ça? Samy? Sam?
J'arrêtai de penser et m'abandonna à la douce chaleur que me procurait ce soleil de mai.
Oh, ce soleil. Cet œil enflammé qui inspire tellement de légendes, de contes et de fabulations.
Cet astre infatigable qui est toujours là pour nous.
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À preuve d'eau
FantasyJe m'appelle Samantha, et ce livre, c'est ma vie. Je sais, c'est bizarre de savoir que quelqu'un derrière un ordinateur invente ma vie. Cette auteure mérite un voyage à l'hôpital psychiatrique. Vous verrez pourquoi. Pendant ce temps, moi, je dois af...