six ✵ sally

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Se faire gronder par vos parents en fin de journée, c'est comme se prendre une balle en pleine face. C'était douloureux et ça vous horripilait. Vous aviez envie de faire la même chose au lanceur, qui aujourd'hui dans ma situation n'était autre que mon père.

Je m'étais tapé un 14 en SVT, 9 en physique et un vieux 3. Et le 3 en maths ne lui avait pas plu. Pour lui, je ne foutais rien depuis que j'avais commencé le lycée et que ça devait cesser impérativement tout simplement parce que j'allais avoir l'âge des responsabilités et que je ne pourrais pas y arriver si cela continuait sur cette voie.

De toute façon, j'avais toujours été un gars désespéré. Depuis la nuit des temps je dirais.

- Aris, faut vraiment que tu te reprennes parce que je n'accepterais pas ça tant que tu vivras sous ce toit ! Je te paye tes fichues études et tes fichues clopes et toi, comment tu me remercies? Mais bon sang Aris, ressaisis-toi, t'es né pour une raison évidente quand même : réussir ta vie et pas la foutre en l'air. Alors fais-le bon sang ! Si la prochaine note de maths n'est pas au-dessus de 10, je ne te paye plus tes clopes, bonne chance pour te trouver de l'argent. Gronda-t-il d'une traite alors que j'étais vautré dans mon canapé en mangeant un paquet de chips.

Je me levai et rentrai dans ma chambre sans rien dire, lui foutant un vent magistral. Sur le coup, je le détestais, toujours à me chicoter sur mes notes. Toujours à me rabaisser avec ses phrases prédéfinies comme quoi il fallait juste réussir sa vie.

Je passai d'abord dans ma salle de bain, m'éclaboussant de l'eau au visage en ayant marre de cette famille. C'était terne et comme à chaque dispute, je les détestais de plus en plus.

J'étais frustré, énervé, rempli de mauvais sentiments et je me sentais horriblement mal. Je m'étais assis sur mon lit et avais serré les poings. Je ne devais rien faire de trop, me contrôler. Je n'étais pas un gars impulsif mais ses remarques m'avaient irrité et le fait que mes clopes puissent être confisquées seraient comme un déchirement de ma personnalité. Et c'était inconcevable.

C'était une horrible journée, entre le retard, la pluie sur le banc avec ma capuche toute rabattue et mes parents le soir. Je n'avais même pas croisé une seule personne qui m'attirait le regard dans le bus tant j'étais perdu dans mes pensées. J'avais tout simplement tout détesté.

Puis mon portable vibra et ça ne me fit ni chaud ni froid. C'était Théodore et il m'invitait déjà à traîner avec des potes dans un parc. Insensé, ce n'était pas mon genre. Je le repoussai au début, mais bientôt, je changeai d'avis.

Je devais m'échapper impérativement de cet endroit. Je passai par la porte d'entrée prétendant vouloir prendre l'air, ma mère était inquiète mais elle avait assisté à l'autre scène. Mon père ne broncha point, sa bière entre les mains.

J'avais marché à pied jusqu'au point de rendez-vous, le centre-ville quoi. Le sol était glissant et les pentes horriblement coupantes. J'accélérai près du parc et je reconnus Théodore, avec trois gars tous avec une capuche mouillée par la pluie et deux filles un peu à l'écart.

L'une d'entre elle était la blonde. Mon cœur s'était arrêté de battre pendant quelques secondes, pris par surprise par sa présence déroutante. Elle était dans les bras d'un des mecs, un sourire sur les lèvres.

Je m'assis sur la pelouse humide, vis la bouteille de Jack et m'empressai de boire une longue gorgée.

Puis je fumai, détruisant ma gorge alors toute brûlante et mes poumons en manque d'air par l'oxygène étouffé de la pluie.

La blonde ne me regardait pas, obnubilée par le gars qui s'appelait Valentin et qui était son copain. Même dans ce groupe, je me sentais seul, peu à mon aise. J'avais décampé rapidement en demandant le nom de chacun des potes de Théodore.

Elle s'appelait Sally. Et je la trouvais toujours aussi jolie mais fade à la fois.

Je pris le bus en rentrant, toujours aussi confus, les cheveux trempés par la tempête. Et arrivé devant l'immeuble, je pris peur intérieurement.

Alors c'était ça, ma vie ? Une succession de moments ternes et sans importance?

Je montai, fumai une clope en faisant mes devoirs maison avant de m'endormir avec d'horribles cernes et le goût du dentifrice amer encore dans la bouche.

*                                    *                                   *                                    *

Hey! J'aimerai vous remercier pour le nombre de vues qui a triplé. On est maintenant à 300 et c'est juste dingue :)

J'espère que ce chapitre vous a plu, que vous vous êtes peut-être reconnu en ce Aris dans le bad, qui a vécu une journée difficile.

Pour ceux qui aiment les romances, sachez que cette histoire en aura une mais peut-être pas celle que vous attendait car pour l'instant les seuls personnages posés de l'histoire sont Aris et Théodore.

En tout cas, j'espère que ça vous plaît et un grand merci à tous!

Bis, elo


Trente minutesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant