Insomnie, voilà ce que je vis depuis trois longues nuits. Je ne connaissais pas les raisons de ce soudain trouble du sommeil et n'avais aucune envie de les connaître.
Ce matin-là, j'avais pu dormir deux petites heures coupées en plusieurs trente minutes dans la nuit. C'était un assez gros exploit par rapport à la première où ma nuit banche fut totale.
Je me retournais toutes les trente secondes à la recherche d'une position agréable, berçante. J'avais même tenté de dormir assis ou debout. C'est seulement quand je me suis sentis las de trouver un moyen d'éveiller mon sommeil que je me suis endormi quelques minutes. De très courtes minutes, qui ne furent largement pas assez.
Mon petit-déjeuner se fit dans un silence complet jusqu'à ce que mon frère entre dans la cuisine avec un sourire jusqu'aux oreilles puis sifflotant un air de jazz de bonne humeur.
- Aris, j'ai une très bonne nouvelle. Commença-t-il alors qu'il observait attentivement mes grosses cernes longeant tout le bas de mon œil.
J'haussai un sourcil ne le calculant pas tant que ça. Ça ne devait pas être important, c'est seulement quand il est en colère ou blasé que c'est grave. Son sourire trahissait un bonheur sans grande conviction.
- J'ai passé ton numéro suite à une demande de la part d'une connaissance. Continua-t-il fier de lui.
Au fond, je m'en foutais. Mon portable ne servait à rien et je ne m'en servais plus, sauf pour demander les devoirs à quelqu'un ou se donner quelques horaires avec Théodore.
- Et tu ne vas jamais croire qui c'est... Ajouta-t-il tout sourire.
Je terminai ma première tartine avant de me tourner vers lui et faire comme si je l'écoutais, regardant attentivement l'horloge accrochée au mur.
- Chrystal. Lâcha-t-il pris d'une excitation soudaine me faisant peur par la même occasion. C'était absurde. Que voulait encore cette fille alors que j'avais été ferme avec elle pendant la fête.
Mon haussement d'épaules agaça Duke avant de me les arrêter et les prendre avec ses grandes mains.
- On ne dit pas merci ? Demanda-t-il en rigolant.
Mon semblant de grimace en devint vraiment une et je lui tapotais légèrement le dos. Je ne lui ai pas répondu cependant, mon sac sur le dos, je suis sorti. Le hall était vide et je descendis les dix étages, le duplex familial étant déjà bien loin.
Tout aurait pu être parfait ce matin-là, l'insomnie habituelle, les pas s'enfonçant dans la terre, le regard vide attendant le bus de manière routinale.
Mais mes mains tremblaient.
VOUS LISEZ
Trente minutes
Teen FictionQuand un trajet de trente minutes s'avère être l'équivalent de toute une vie. © larmesmauves - 2015