trente-huit ✵ sapin

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Le gars que Diana avait ramené était un véritable con. Le genre de gars avec une bonne apparence physique, aux muscles bien formés mais aux paroles lourdes et forcément bêtes.

- J'ai descendu la piste et il m'a proposé un petit café. Et depuis on sort ensemble ! Lança Diana encore toute enchantée.

Mon alerte d'histoires ennuyeuses sonne. Le gars aux cheveux parfaitement coiffés me fixait intensément depuis tout à l'heure et ce contact à distance m'exaspérait.

- Oh la la quand elle a descendu la piste je n'ai pas pu quitter des yeux son joli popotin ! Je m'appelle Émile sinon, enchanté. Ajouta-t-il en tendant sa main vers Chrystal.

Elle la serra puis il tendit sa main dans ma direction. J'haussai les sourcils avant de frôler à peine sa poigne.

Chrystal me donna un coup de coude et je lui lançai discrètement un regard contrarié. Puis les deux commencèrent à s'embrasser.

La porte d'entrée s'ouvrit sur mon frère et Théodore, tenant entre leurs bras un gros paquet.

- Hum... Bon bah Émile et moi on va se promener. Ciao. Dit Diana fuyant ainsi la décoration du sapin.

Ils se levèrent avant de quitter tous les deux l'endroit, la main du gros porc bien sûr sur le cul de Diana. Prévisible.

Je soupirai. Moi aussi j'avais envie de me barrer d'ici, c'était plus fort que moi, l'idée de décorer le pauvre sapin ne me plaisait absolument pas.

- C'était qui ce porc? Demanda Duke les sourcils froncés.

Chrystal se leva avant de fermer la porte derrière eux.

- Laisse tomber, ce pauvre Émile va se faire larguer après une bonne partie de jambes en l'air ce soir. Comme d'hab quoi. Raconta-t-elle aux deux gars. En gros, vu que tu ne connais pas Diana je vais t'expliquer deux trois trucs, cette nana est une vraie pupute avec les gars. Mais on l'adore n'est-ce pas Duke ? M'expliqua-t-elle en me tirant le bras.

Je me relevai. Duke s'approcha de moi avant de me faire une petite tape sur le dos.

- Bien joué, on m'a annoncé la bonne nouvelle ce matin. Marmonna-t-il avec son petit sourire terne.

Ce sourire terne, Duke le sortait que quand il faisait l'hypocrite. Et le voir jouer la carte du faux-cul avec moi ne me plaisait pas. Mais je le comprenais, paraître faux devait être un stratagème pour ne pas souffrir. Il disait l'aimer après tout.

Les deux meilleurs amis se dirigèrent vers le sapin, tous les deux les yeux brillants.

- Mec je ne skierais plus jamais avec ton frère. Assura Théodore me faisant afficher un petit sourire moqueur.

Duke skiait comme un fou furieux. Excité à chaque nouvelle piste, sautillant presque de joie à l'idée de glisser sur la neige artificielle. Puis il skiait bien mieux que moi, gagnant chaque année de nombreuses récompenses.

- À tes côtés j'ai l'air d'un mec plus qu'heureux alors qu'à côté de lui j'ai trop l'air d'un blasé c'est chaud. Remarqua-t-il en soupirant.

Et ça me fit rire parce que c'était vrai que mon frère était mon opposé en tout point.

Décorer le sapin était un réel calvaire. Accrochant des boules légères sur des branches avec des ficelles tombant à chaque fois, des guirlandes dorées trop voyantes d'un laideur sans nom et une pauvre étoile posée sur le dessus luttant contre une terrible chute sur le sol.

- On a fait du bon boulot ! Je suis trop fière de nous. S'écria la tempête rouge le poing en l'air alors que je roulais des yeux.

Théodore prit mon manteau avant de me le passer rapidement. Il me traîna jusqu'à la porte sous l'œil louche de Chrystal et Duke avant de les prévenir :

- On sort faire un petit tour.

Puis me murmurant un rapide : « Bouge ton cul sinon ils vont se ramener. J'ai besoin de te parler. »

Je sortis en premier, sortant une clope de mon paquet presque terminé. J'avais un peu trop forcé ce matin mais ça ne m'empêchait pas d'en fumer une autre.

- Je peux en avoir une ? Demanda-t-il en claquant la porte derrière lui.

Je lui en tendis une, il sortit son briquet et alluma nos deux cigarettes. Ça faisait du bien.

- Alors avec Chrystal ? Vous avez fait des trucs pendant notre absence ? Ne me dis pas rien s'il te plaît, j'ai insisté pour qu'elle rentre avant nous pour pouvoir passer du temps avec toi. Tenta-t-il excité.

Mes chaussures s'enfonçaient dans la neige et mes godasses se retrouvèrent vite mouillées.

- On a juste un peu parlé. Rien de dingue. Répondis-je honnêtement.

Il râla.

- Arrête de faire genre petit coquinou, je suis sûr qu'il y a eu au moins un petit contact physique. Et ne me dis pas le contraire, je sais que t'es un chaud patate dans ta tête. Qui ne l'est pas ? Répliqua-t-il avec un petit clin d'œil et un sourire enjoué.

Je lui tapai amicalement l'arrière du crâne avant de presser le pas.

- Mais dis donc... J'avais oublié que Théodore rimait avec porc. Rappelai-je alors qu'il essayait de me faire une petite balayette.

Nous rîmes ensemble en marchant, la fumée de nos clopes allumées se répandant dans l'air.

- T'es un gars bien Aris. Lâcha-t-il en courant devant moi alors que je marchais lentement derrière.

Mon rire devint nerveux. Il pouvait être bête parfois.

- Si tu le dis.



Trente minutesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant