trente-sept ✵ volonté

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Je sortis de ma douche, les jambes fatiguées et le corps mou. La petite matinée sur les pistes m'avait fait du bien. J'avais perdu légèrement de la technique mais fus incroyablement surpris d'avoir encore les bases dans les veines et de skier de mieux en mieux à chaque piste. Je ferai sûrement du hors-piste demain.

Je nouai ma serviette. Le radiateur marchait bien, je n'avais pas froid. Habillé d'un pull gris et de mon jean de la veille, je descendis en bas les cheveux légèrement mouillés.

Dans le salon, d'énormes cartons étaient posés près du grand sapin qui perdait déjà ses épines. Il allait être midi et la faim me dévorait l'estomac. Quelques gargouillements banals s'en échappaient.

- Hey.

Je me retournai et vis le visage rosé de Chrystal, mâchant une bouchée d'une part de gratin.

- Si tu as faim, j'ai préparé un gratin de ravioles et de courgettes. Normalement c'est bon, Duke et Théodore sont partis skier et je ne sais absolument pas où est Diana, elle est sûrement avec son nouveau mec de la montagne. Proposa-t-elle en me montrant du doigt la cuisine.

Sur le coup j'hésitai. Devais-je l'embrasser ou faire quelque chose dans le genre ?

- Et sinon si tu te demandes si tu dois m'embrasser ou pas, un petit bisou sur la joue me convient parfaitement si tu en as vraiment envie. Je n'aime vraiment pas embrasser quand je mange, je trouve ça dégueulasse. Assura-t-elle me faisant légèrement peur, lisait-elle dans les pensées ?

Elle me souriait avec un naturel excessif. Je posai mes lèvres sur sa joue chaude avant de me diriger vers le gratin. J'avais juste horriblement faim.

La première bouchée fut un réel bonheur, un pur chef d'œuvre.

- Rappelle-moi pourquoi c'est Duke qui cuisine ? Demandai-je encore surpris par le bon goût du plat.

Son rire s'insinua lentement dans mes tympans puis elle entra dans la cuisine. J'étais adossé au placard et elle se posta en face.

- Il insiste beaucoup, c'est dingue comme ce mec aime cuisiner. Remarqua-t-elle avant de boire un peu de son verre d'eau.

Un petit silence gêné remplit la pièce. J'étais assez mal à l'aise, que devais-je faire dans cette situation, manger mon gratin ou débuter une discussion sans intérêt ? Avec elle je n'avais aucun repère ; et c'était incroyablement déroutant.

Nous finîmes nos assiettes avant de remonter nous brosser les dents dans nos salles de bain respectives. Le dentifrice à la menthe me laissait un petit goût chimique dans la gorge et je trouvais ça franchement dégueulasse.

Il fallait que je lui demande ce qu'elle attendait de moi en tant que copain. Avec elle je ne comprenais rien. Je toquai à sa porte, elle m'ouvrit assez rapidement.

- Que se passe-t-il ? Demanda-t-elle inquiète.

J'hésitai à lui en parler, cette appréhension me dérangeait follement et cette gêne que je ressentais avec elle me brûlait intensément les poumons.

Nous nous assîmes côtes à côtes par terre contre le mur. L'endroit était assez confortable et le parquet ne me faisait pas trop mal.

- J'ai besoin de savoir ce que tu attends de moi. Que veux-tu que je fasse ? Lâchai-je avec une once de honte.

Son petit sourire se ternit avant de former une expression dure, détachée.

- Attends, tu es vraiment en train de me demander ce que tu dois faire en tant que copain avec moi ? Sincèrement ? Interrogea-t-elle outrée.

Trente minutesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant