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    Le bus était vide. Calypso me donnait des coups de pattes nerveux sur la cuisse. Ses petits yeux chocolat me regardaient, l'incompréhension étant visible. Je n'ai pas pu répondre aux questions qu'elle se posait sûrement, car moi-même je n'avais pas les réponses.


    Styx, s'ennuyant sur mon épaule, s'est posé sur le museau de ma tigresse. Elle a alors louché, sortant sa langue pour attraper le petit insecte. Il s'est envolé, virevoltant autour d'elle, la narguant. Ils se sont chamaillés tout le long du trajet.


    Lorsque le véhicule s'est stoppé, le chauffeur, – qui n'avait été nullement surpris de la présence de mes animaux – s'est tourné vers moi, me regardant avec une expression fatiguée. Il devait probablement avoir l'habitude de transporter des filles seules avec ses animaux.


    Je me suis levée de mon siège, prenant ma valise dans le compartiment prévu à cet effet et ai traversé l'allée. J'entendais Calypso grogner à chaque fois que son bassin rentrait en contact avec les sièges trop serrés pour qu'elle puisse passer correctement.


    J'ai remercié le chauffeur, sautant la dernière marche. Styx s'est reposé sur mon épaule tandis que ma féline se postait à côté de mon bagage. Tous les trois alignés devant l'immense portail en métal rouillé. La brume empêchait une visibilité à plus d'un mètre et une légère pluie commençait à apparaître. J'ai immédiatement tiré ma capuche sur ma tête, protégeant mes cheveux.


— Je suppose qu'il faut y aller, ai-je soufflé.


    Je me suis éclaircie la gorge et ai poussé la grille ; un énorme grincement s'est fait entendre dans la vallée. Calypso s'est alors mise sur ses gardes et mon petit papillon s'est caché entre le tissu de ma veste et mes cheveux.


    Un frisson m'a parcouru la colonne vertébrale avant de finir dans mes doigts. J'ai passé ces derniers dans la fourrure de mon animal pour me rassurer. Nous avons avancé, nos pieds rentrant en contact avec le gravier du chemin menant à cet endroit si particulier.


    Le silence était de rigueur, seuls nos respirations et le bruit de la pluie se faisaient entendre. Je tirais difficilement ma valise derrière moi tandis que Calypso marchait devant pour me guider à travers le brouillard. Il faisait horriblement froid et mon simple sweat ne suffisait pas à me protéger de cette température automnale.


    D'innombrables minutes plus tard, un immense bâtiment était visible. La structure était ancienne, faite en partie de bois sombre et d'énormes pierres. Les fenêtres ne semblaient pas être du double vitrage. C'était effrayant mais curieusement mystérieux. Un sourire timide s'est formé sur mon visage mais a vite disparu après un fort coup de vent, faisant voler ma capuche. J'ai rapidement attrapé Styx, l'enfermant entre mes mains pour ne pas qu'il soit emporté. Attendant que le calme revienne légèrement, je me suis de nouveau couvert les cheveux, calant mon papillon terrifié contre moi.


    Calypso a tourné son buste vers moi, attendant une instruction de ma part. J'ai hoché la tête et nous avons continué notre chemin jusqu'à cette étrange battisse. Notre marche était lente et je sentais bien que, tous les trois, étions inquiets.


    Enfin, nous sommes arrivés devant la porte d'entrée : grande, imposante, intimidante. J'ai alors serré ma main en poing, la levant pour frapper. Une fois, deux fois puis trois ; personne ne répondait. J'ai donc pris l'initiative de tourner la poignée et d'entrer par moi-même.


    Contrairement à ce que je pensais, cette gigantesque planche de bois n'était pas si lourde. La refermant derrière moi, j'ai inspecté les lieux. Des escaliers en granite, aussi larges qu'une voie rapide, se trouvaient à ma gauche. Je me situais, j'ai supposé, à l'accueil de cette école. En face de moi était placée une petite table sur laquelle trônait un unique vase vide. Finalement, mes yeux ont trouvé une porte à ma droite.


Tiger | hsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant