De nombreuses caresses fougueuses m'ont réveillée. Styx frottait ses ailes contre mes joues, répétitivement. Je l'ai écarté d'un geste de la main et me suis assise sur le matelas. J'avais très bien dormi, les draps étaient imprégnés de l'odeur fraiche de l'herbe coupée et les coussins étaient extrêmement moelleux.Calypso et Styx sont restés discrètement dans la chambre tandis que je me glissais dans la salle de bains. Mes cernes s'étaient légèrement estompées mais mes cheveux semblaient toujours aussi raides. Je me suis aspergé le visage d'eau puis ai récupéré mes animaux avant de descendre les escaliers. La maison était silencieuse, tout le monde devait certainement dormir.
La cuisine était vide, ainsi que le salon et la salle à manger. Styx s'est enfui vers du pollen alors que ma tigresse me suppliait du regard de la nourrir. Aussi, sans savoir si j'en avais le droit, j'ai ouvert le frigidaire pour lui dégoter quelque chose à lui mettre sous la dent. J'ai trouvé un sachet de viande séchée – la même que je gardais pour les friandises de Calypso. Je l'ai donc attrapé et ai lancé deux morceaux généreux à Calypso ; elle les a dévorés en quelques mastications.
Il n'était pas très tard dans la matinée. Le soleil était levé et éclairait toute la contré. Il faisait inhabituellement beau pour un mois de novembre. Voulant savoir si le vent refroidissait ou non l'extérieur, j'ai déverrouillé la baie vitrée et suis sortie dans le jardin en éveil. Les fleurs de la famille Styles étaient multicolores, regroupées dans une rocaille au centre de la pelouse. Comment pouvaient-elles être si belles à l'approche de l'hiver ?
Styx nous avait rejointes, Calypso et moi. Les bras serrés contre ma poitrine, je les frictionnais pour les réchauffer de cette fraicheur matinale. Malgré la brise, le temps était au beau fixe. Les oiseaux chantaient d'une voix guillerette. Puis, Gabriel est apparu dans les airs. Il était bien loin au-dessus de nos têtes, ses longues ailes ombraient le soleil. Son corps se dessinait à travers les rayons lumineux. Le rapace voltigeait merveilleusement bien, tournant sur lui-même ou créant de douces vagues en plongeant dans le vide avant de subitement reprendre de l'altitude.
— Bonjour.
Harry était sur le côté de la maison, vêtu d'une salopette en jean et d'un tee-shirt gris. Ses vêtements étaient couverts de cambouis et de graisse – son visage également. Et ses cheveux étaient retenus par un simple bandana. Des frissons sont revenus courir le long de mes membres.
— Salut.
Ses yeux ont voyagé sur ma tenue puis ont rencontré les miens. Je n'entendais plus le chant des oiseaux. Ni même ressentais le vent.
— Tu as déjeuné ? m'a-t-il demandé.
— Non. Non, mais je me suis permise de donner un peu de viande séchée à Calypso. Ça ne t'embête pas ?
Il n'a pas répondu à ma question et est retourné de l'autre côté de la maison. Je l'ai suivi. Harry était penché sur le moteur de sa Fox, d'une main il retenait le capot au-dessus de sa tête et de l'autre, il trafiquait je ne sais quoi. Je me suis approchée en jetant un coup d'oeil à son problème.
— Le moteur doit être mort. Passe-moi le chiffon que j'ai posé sur le siège avant.
Lorsque je n'ai pas bougé d'un poil, il a relevé les yeux vers moi. Ils étaient perçants. Nous nous défions du regard. Je m'étais appuyée contre le pare-choc, les bras croisés, tandis qu'Harry était toujours courbé en dessous de mon épaule. Il s'est alors redressé en se raclant la gorge et a attrapé lui-même le bout de tissu crasseux sur le siège conducteur. Il est revenu à son occupation, non sans m'épargner d'un regard sombre.
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Tiger | hs
FanfictionPeut-être que Miyu n'était pas si inoffensive que ça. « je te promets que la différence a du bon » - 30 septembre 2015