L'hôtel se trouvait à une dizaine de mètres. J'ai soupiré puis ai tiré ma valise jusqu'au bâtiment. Il devait dater des années soixante dix. J'ai poussé une porte vitrée, très sale. L'entrée, du moins l'accueil, était sombre. Un comptoir morne était le seul meuble. Il y avait une petite sonnette rouillée sur le bord ; j'ai appuyé dessus. Comme Calypso, je me tenais maladroitement devant la réception. Finalement, une employée est apparue. Une femme, de la cinquantaine, peut-être même plus. Son air fatigué et ses yeux remplis d'ennui étaient trompeurs. Des cheveux grisonnants tombaient en pagaille de son chignon négligé.— Bonsoir.
— Trente dollars la nuit, a-t-elle lancé, sans même me regarder.
— Oh, hum...
J'ai fouillé dans mon sac à dos. Les marmonnements de cette femme faisaient écho dans le hall. J'ai pu sortir une poignée de billets. Depuis mon départ du Nebraska, il ne me restait plus que deux cent dollars, et si, pendant cinq nuits d'affilée, j'allai devoir payer trente dollars, je n'aurai jamais assez pour me permettre un voyage en bus ou même me nourrir au cours de ces quelques jours. Lui tendant trois billets froissés, j'ai remonté la anse de mon sac et ai jeté un coup d'oeil à Styx qui volait doucement dans la pièce. Je me demandais si les animaux étaient acceptés.
— Chambre vingt sept, deuxième étage. Pas d'ascenseur, a bougonné l'employée.
— Euh, merci. Mais est-ce que-
— Ouais, c'est ça. Bon vent.
— Mais je-
Elle est partie. Bon. J'ai récupéré les clés sur le comptoir et me suis dirigée vers les escaliers. J'ai passé la brettelle gauche de mon sac sur mon épaule puis ai attrapé ma valise par ses deux poignées. Calypso m'a devancée, sautillant sur les marches poisseuses. Voila ce que je récoltais : un hôtel miteux, des vêtements trempés – bien que je me sois changée – et un bagage trop lourd à porter dans ces foutus escaliers.
Arrivée à mon étage, j'ai soufflé bruyamment. J'étais déjà fatiguée de ma marche sous la faible pluie mais cette montée avait fini de m'achever. J'ai trainé des pieds jusqu'à ma porte et l'ai déverrouillée. Ma chambre sentait le refermé. Un petit lit double trônait au centre de la pièce. Tout était très singulier. Une chaise, une table de nuit, une lampe.
J'ai rapidement ouvert ma valise et y ai sorti mon nécessaire de toilette pour prendre une douche reposante. La salle de bains, carrelée en bleu électrique, était très petite. Le miroir était parsemé de traces de doigts et le rideau de douche allait craquer d'une minute à l'autre. Bien évidement, il n'y avait pas de chauffage. J'ai donc laissé la porte ouverte au cas où l'un de mes animaux aurait besoin de quelque chose. Tout en sortant mon gel douche, je me suis déshabillée. En sous-vêtements, je suis allée déposer les habits d'Harry sur l'unique chaise de la chambre.
Bien qu'elle soit étroite, la douche avait de l'eau chaude ; j'en étais ravie. Pour une fois, quelque chose de positif apparaissait dans cet hôtel. J'ai passé l'intégralité de mon corps sous le jet chaud, ainsi que mes cheveux. Cela faisait un bien fou. Je me suis savonnée, rincée et suis sortie de la cabine. J'ai attrapé ma serviette que j'avais déposé sur l'abattant des toilettes – faute de rangements – et l'ai enroulée autour de moi. Après m'être séchée, je me suis précipitée d'enfiler à nouveau les vêtements que le bouclé m'avait prêtés. Les dents lavées et les cheveux à peu près corrects, j'ai sorti le bocal de Styx et l'ai installé sur la table de chevet. Il s'est introduit dedans, s'endormant presque aussitôt.

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Tiger | hs
FanfictionPeut-être que Miyu n'était pas si inoffensive que ça. « je te promets que la différence a du bon » - 30 septembre 2015