20

1.3K 105 2
                                    

Je faisais rouler ma valise derrière moi. Je m'étais retrouvée l'une des dernières à partir de l'université. La majorité des étudiants avait quitté le manoir il y a une heure. Catalina et Liam étaient passés à ma chambre pour me fêter de bonnes fêtes. Quelques professeurs demeuraient au pied de la porte d'entrée, nous saluant lors de notre départ. Beaucoup d'élèves avaient pris leur voiture pour rejoindre leur famille, d'autres se faisaient prendre par leurs parents, venus les chercher.


    Calypso m'a lancé un regard inquiet. Elle savait très bien que nous n'avions nulle part où dormir. Je l'ai caressée tendrement et ai franchi le portail rouillé de l'école. Comme mon premier jour ici, le silence était roi. Seuls quelques ronronnements de moteurs résonnaient dans la vallée. J'ai serré mon manteau lorsqu'un courant d'air est venu chatouiller mon corps, et ai débuté ma marche jusqu'à la prochaine ville. Mes lèvres ainsi que mes mains étaient gelées. La route risquait d'être longue surtout que le soleil commençait à céder sa place à la belle Lune.


    Mes chaussures raclaient l'asphalte froid tandis que mon sac à dos glissait régulièrement de mon épaule. Je le remontais sans cesse, soupirant d'exaspération. J'étais frigorifiée. J'ai sorti, avec difficulté, mon portable de ma poche. Il indiquait six heures du soir. Quelques cailloux jonchaient sur le sol, tels des débris. J'en ai percuté un. Il est parti dans le fossé. Styx – à la limite d'avoir les ailes congelées – se protégeait dans mon cou. Ma tigresse se plaignait que ses coussinets devenaient de la glace. Hélas, je n'avais rien d'autre à leur proposer pour qu'ils restent au chaud.


     Un énième grondement mécanique s'est fait entendre dans mon dos. Je me suis décalée sur l'herbe qui bordait timidement la route. J'ai également tiré Calypso par la nuque pour qu'elle me suive et évite de se faire blesser. J'ai rabattu ma capuche sur mes cheveux humides et ai avancé, la tête baissée. La voiture m'a dépassée de quelques mètres. C'était une petite Fox noire, l'ancienne génération. Elle n'était pas flambant neuve mais si l'on me l'offrait à mon anniversaire, je ne dirais pas non. Petit à petit, le chant des roues s'est arrêté, en revanche, le moteur était toujours là. J'ai alors relevé la tête ; la Volkswagen était stoppée devant moi, de la fumée sortait par le pot d'échappement.


    J'ai eu un moment d'hésitation, me demandant si monter dedans pour raccourcir cette torture serait une bonne idée. Finalement, mes animaux, comme moi-même, préférions nous mettre au chaud – même si nous risquions de nous faire égorger par un tueur en série – que de continuer pendant je ne savais combien de temps à marcher dans ce froid mortel. J'ai alors trottiné jusqu'à la fenêtre passager qui s'était ouverte. Harry me souriait.


— Oh.


— Tu n'as pas l'air ravie de trouver un moyen de transport, a-t-il plaisanté.


— Hum... À vrai dire je m'attendais à... quelqu'un d'autre.


    Quoi ? N'importe quoi ! Il était ma seule solution. Mais je ne préférais pas prendre le risque qu'il apprenne que j'allai sûrement dormir à l'hôtel – si j'en trouvais un.


— Ah, il avait l'air déçu. Où vas-tu ?


— La ville la plus proche.


— À pieds ?


— Ce ne sera pas très long.


    Il a ri. Longuement. Trop.


— Miyu, la ville la plus proche est à plus de trente minutes en voiture. Avec ce froid et la nuit qui va bientôt tomber, tu en mettras le triple voire le quadruple si tu t'obstines à marcher.


Tiger | hsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant