Tiger | hs

28

Harry

Elle passait des heures, installée dans le salon, une musique douce en fond et le dossier – sur lequel j'étais tombé en entrant par infraction dans sa chambre – éparpillé sur ses jambes. Ma mère lui apportait des petits gâteaux ainsi que du thé qu'elle acceptait gentiment en lui souriant à pleines dents. Depuis hier soir je ne lui avais pas adressé la parole. Mais j'étais déterminé à changer cela et à en découvrir plus sur cette fille.

J'ai cru comprendre qu'elle avait plus de facilité à se livrer en soirée, c'est pourquoi j'irai lui rendre visite après le diner. En attendant, Wilson m'avait appelé pour remplacer Cindy au café. Le samedi après-midi était toujours le plus chargé. J'ai enfilé mes chaussures sous l'oeil agile de Gabriel et suis descendu à la cuisine pour prévenir ma mère.

— Maman, je dois aller aider Wilson, il manque de personnel.

— Tu devrais laisser ce morveux se débrouiller. Il est tellement méprisable que-

— À ce soir, ai-je ri, je reviendrai avant le diner, attendez-moi.

Je l'ai embrassée puis, supportant mon aigle sur mon avant-bras, ai fait le chemin jusqu'à la porte d'entrée. Cependant, la voix de ma mère m'a stoppé.

— Amène Miyu, je suis sûre que cela pourrait la distraire. Va lui proposer de t'accompagner.

— Mais, maman...

— Arrête de faire l'enfant et va t'occuper de cette magnifique jeune fille !

J'ai roulé des yeux sans pour autant dissimuler un sourire amusé et me suis rendu au salon. Comme espéré, Miyu – les cheveux négligemment attachés, les genoux ramenés contre elle et ses lunettes glissant sur le bout de son nez – étudiait encore ses notes. Je n'ai pas osé la déranger tout de suite mais ai préféré la contempler un instant de plus. Elle était si attirante. Finalement, elle a relevé la tête par elle-même et m'a scruté de ses grands yeux gris.

— Oui ?

— Euh. Je... Je me demandais si... ai-je bredouillé. Je vais au café, tu veux venir ? ai-je fini par débiter à toute allure.

— Tu y vas pour l'après-midi entier ? m'a-t-elle questionné d'un ton tellement innocent qu'il m'en a foutu des frissons.

— Euh... ouais. Oui. Alors ?

Elle a réfléchi quelques secondes, levant les yeux au plafond puis est revenue vers moi, Styx sortant de derrière ses cheveux.

— Pourquoi pas. Ça ne dérangera pas si je travaille un peu ?

— Non, pas du tout. Wilson t'offrira surement des pancakes en échange de ton numéro, ai-je lancé avant de me frapper mentalement pour cette réplique débile.

— Oh. Si ça me permet de manger tes délicieux pancakes, ça ne me gêne pas, a-t-elle plaisanté en se levant du coussin sur lequel elle était assise.

Je lui ai souri et un drôle sentiment de satisfaction a couru le long de mes veines. Je lui ai indiqué que je l'attendais dehors, avec Gabriel. Sa présence me permettrait d'apporter mon aigle avec moi et de lui laisser, le temps de mon service.

Elle est sortie cinq minutes plus tard. Elle avait changé de jean et s'était fait deux nattes qui pendaient le long de ses épaules. Miyu était emmitouflée dans un épais manteau et portait son sac à dos à la main. Ses animaux la suivaient de près, ravis de se promener un peu. Je les ai fait monter à l'arrière avec Gabriel tandis que Miyu prenait place à côté de mon siège.