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Après avoir bu une bouteille d'eau entière et grignoté quelques petites choses, je me suis enfin levée de ce lit et ai rejoint Harry qui discutait avec son ami.





— Tiens, a-t-il commencé en me tendant mon téléphone. Il n'a pas arrêté de sonner.


— Tu n'as pas décroché ? ai-je demandé, vérifiant l'écran de l'appareil rempli d'appels manqués.


— Non. Ce n'est pas mon genre.


    Thalia n'avait pas cessé d'essayer de me joindre durant mon sommeil. Aucune nouvelle d'elle pendant plus de deux ans et voilà qu'elle voulait à tout prix reprendre contact. Sans moi. J'ai rangé mon portable dans ma poche de jean et ai fait face à Harry.


— Bon, on y va ?


— Dès que tu es prête.


— Je le suis.


— Dans ce cas, allons-y, a rétorqué Harry, attrapant son sac au passage.


    Je me suis éclairci la gorge tandis que nous nous dirigions vers la sortie de l'infirmerie. Le bouclé m'a précédée pour m'ouvrir la porte avant que la voix, beaucoup trop joviale de Louis, résonne dans la pièce.


— Bonne promenade les amoureux.


    À peine avait-il fini sa phrase que nous levions ensemble nos majeurs sans lui donner un regard. Son rire a ensuite été étouffé par les épais murs du manoir et la porte battante de la salle de soins.


    Il était convenu depuis mon réveil qu'Harry me mène jusqu'à ma tigresse – jusque là restée seule. Il m'avait assuré qu'elle était entre de bonnes mains et que son état demeurait stable mais il n'empêchait que je voulais la voir.


    Nous marchions en silence dans les couloirs sombres de l'établissement. Dehors il pleuvait à verse. Les feuilles étaient trouées par les gouttes tranchantes et les branches venaient se fracasser contre les fines vitres. Le petit ruisseau en contrebas du jardin sortait de son lit, prenant d'un coup plus de place. Au dessus, le ciel noir grondait et nous menaçait de ses éclairs puissants. Le Dakota du Nord sous la pluie était effrayant.


    Harry s'est arrêté devant une porte familière. Mes sourcils se sont froncés d'incompréhension.


— La seule pièce suffisamment calme.


    Il a tourné la poignée et s'est reculé pour me laisser entrer dans la « salle sans nom ». Un épais feu dansait dans la cheminée ; elle seule éclairait ce salon. Il n'y avait personne à l'intérieur hormis Calypso qui dormait paisiblement sur le tapis moelleux. Je l'ai approchée prudemment, essayant de ne pas la réveiller. Cependant, elle a immédiatement ouvert les yeux et s'est redressée trop rapidement à mon goût. J'ai accéléré pour la rattraper de justesse avant qu'elle ne s'effondre une seconde fois. Ses forces avaient beaucoup baissées. J'ai maintenu sa nuque dans le creux de mon coude et l'ai allongée lentement. Elle a somnolé quelques instants tout en tentant de rester éveillée. Ses petits yeux luttaient pour me regarder. Ma tigresse était terriblement inquiète, je pouvais le sentir et le voir. Je l'ai calmée en lui chuchotant que j'étais là et que j'allais bien. Calypso a fini par se rendormir, je n'ai pas bougé pour autant. Je suis restée à côté d'elle, le haut de son corps blotti contre le mien. Je faisais passer mes doigts froids à travers ses rayures. Mes pupilles la contemplaient et je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle était magnifique.


    Des pas ont fait écho dans la pièce ; Harry s'avançait vers moi accompagné de Gabriel. L'oiseau est descendu tranquillement de l'épaule de son maitre et est venu se placer entre la cheminée et Calypso. Je me suis alors tournée vers le bouclé.


Tiger | hsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant