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Harry était allé chercher sa voiture, la petite Fox attendait devant l'hôtel, le bouclé au volant. J'ai fait rouler ma valise jusqu'au coffre où je l'ai déposée avant de le fermer. Calypso, comme hier soir, est montée à l'arrière en s'étalant de tout son long. J'ai laissé mon sac à dos derrière le siège d'Harry et me suis installée à la place du passager. Styx s'est envolé sur le tableau de bord.


— Tu n'as rien oublié ?


— Non, tout est dans ma valise, lui ai-je répondu, passant ma ceinture sur ma poitrine.


— Même ta culotte ?


— Démarre, crétin.


Il a ri puis a fait vrombir le moteur. J'angoissais à l'idée de rencontrer sa famille. Thanksgiving était une fête qui se passait avec ses proches, et non avec des inconnus. Je n'aurais pas dû accepter, j'étais évidement de trop. J'ai secoué ma tête suite à ma bêtise et ai fixé la ville. Le soleil était levé haut dans le ciel, midi approchait. Le vent décoiffait les passants sur le trottoir, les feuilles mortes venaient s'écraser contre le pare-brise.


— Tu n'emmènes jamais Gabriel au travail ? ai-je brisé le silence.


— Non. Wilson préfère que les plats ne soient pas pleins de plumes.


— Wilson est ton patron ? Il est drôlement jeune pour s'occuper d'un café.


— Il appartient à son grand-père, il le gère très bien, a rétorqué Harry posément.


Profitant qu'il ne puisse pas me voir, je l'ai détaillé un peu plus. Son visage était concentré sur la route, ses sourcils froncés, sa lèvre inférieure coincée entre ses dents. Ses boucles glissaient délicatement sur ses épaules, ne les atteignant pas tout à fait. Il commençait à avoir une légère barbe au menton et sur les joues, ce qui rendait son visage crémeux un peu plus masculin – bien qu'il le soit déjà assez. Ses mâchoires carrées le montraient parfaitement.


J'ai expiré un petit souffle d'air et me suis détournée. Le chauffage de mon siège brulait mes jambes presque nues mais c'était une chaleur agréable. Mon papillon voyageait joyeusement dans l'habitacle, me distrayant un peu. Bizarrement, j'avais envie de partager une discussion avec Harry, mais je ne savais pas quoi dire. Rien ne me venait en tête. J'ai donc laissé tomber et ai allumé la radio. Des vieux tubes des années quatre-vingt tournaient. Harry m'a jeté un coup d'oeil, souriant à mon action.


***


La maison d'Harry était dans une résidence non loin du centre ville. La façade était blanche, entourée de pots de fleurs multicolores. Un petit drapeau américain était planté près d'un géranium. Le grand porche abritait une balancelle en bois, recouverte de coussins bariolés. La pelouse était parfaitement entretenue pour un mois de novembre, aucune feuille ne trainait. Surprise devant tant de perfection, je suis descendue de la voiture, demandant à ma tigresse de faire de même. Styx s'est directement dirigé vers les fleurs, le pollen lui avait manqué. Harry est apparu à mes côtés, ma valise à ses pieds.


— Ma mère est spéciale, ne fais pas attention à la décoration si tu n'aimes pas les années soixante, m'a prévenue Harry, m'entrainant devant la porte d'entrée.


— Comment ça ?


Il n'a pas répondu, me souriant seulement. Puis, je me suis soudainement rendue compte que j'allai rencontrer sa mère. J'ai lissé, du mieux que je pouvais, ma robe et ai passé une main dans mes cheveux afin de les dompter. Calypso était ravie d'être ici, elle trépignait d'impatience, si bien que j'ai dû la calmer pour ne pas qu'elle saute sur n'importe quoi.


Tiger | hsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant