Tiger | hs

29

    Harry avait apporté deux épaisses couvertures. Il en avait étendu une sur le sol pour que l'on s'y allonge, puis, la deuxième servait à réchauffer nos corps. Gabriel et Calypso se taquinaient un peu plus loin dans le jardin alors que mon papillon préférait rester au chaud dans ma nuque. Comme Harry me l'avait précisé plus tôt, il ne faisait pas mauvais mais le froid commençait à s'immiscer sur ma peau. Du gel naissait prudemment sur les plantes, les recouvrant d'une fine couche blanche.

    Le ciel était dégagé, parfait pour une soirée à observer les étoiles. Depuis une dizaine de minutes, nous scrutions l'espace à la recherche d'une constellation nouvelle. Or, je n'en trouvais pas une dont je ne lui avais pas encore parlé. Harry a remué à côté de moi, découvrant en même temps mes jambes de la couverture.

— Désolé.

— Ce n'est rien.

    Je lui ai souri avant de retourner à ma contemplation. Sans que je ne lui demande, il a remis en place le plaid. Un peu gênée, je l'ai remercié puis le silence est revenu. Après « l'incident » du café, Harry me paraissait curieusement attentionné. Bien que je ne me moque pas de son attitude, elle me faisait tout de même sourire d'amusement.

— Tu n'en as toujours pas trouvé ? m'a surprise Harry.

— De constellations ? Non, pas encore.

    Styx est sorti de sa cachette et s'est envolé vers le bouclé. Ce dernier l'a accueilli chaleureusement dans sa main. Mon insecte inspectait, curieux, sa paume. Malgré l'obscurité du jardin, je percevais l'éclat émeraude des prunelles d'Harry. J'étais obnubilée par cette resplendissante nuance de vert et d'ocre. Tandis que je le détaillais sans vraiment de discrétion, il a planté son regard dans le mien, me faisant sursauter de stupeur. Ses yeux étaient remplis d'ardeur. Son souffle brulant venait se percuter contre mes lèvres figées par la fraicheur nocturne. Du coin de l'oeil, j'ai vu Styx – toujours dans la main du brun – tourner sur lui-même avant de battre harmonieusement des ailes puis de tourbillonner, comme une danseuse étoile, à quelques centimètres au-dessus des doigts d'Harry. Je ne l'avais jamais pris en train d'effectuer de telles figures.

    Un nouveau nuage de chaleur provenant de la respiration d'Harry m'a faite revenir vers lui. Il ne m'avait pas lâchée du regard ; je craignais qu'il me transperce de ses orbes envoutantes. Aussi, je me suis écartée pour m'asseoir et ai replié mes jambes sous mes fesses. Mes mouvements m'avaient complètement découverte ainsi que le bouclé. Cependant, il n'a pas bougé, il est resté couché avec Styx près de lui. Il me semblait avoir entendu un faible soupir lorsque je m'étais relevée.

— Miyu, est-ce que-

— Je le connais, Harry.

— Quoi ? m'a-t-il demandé d'un ton confus.

— Morgan. Je suis certaine de l'avoir déjà vu ou d'en avoir entendu parler.

    Une boule froissante s'est formée dans ma gorge. Tout cela me faisait un drôle d'effet. Mes mains sont devenues moites.

— Je devrais en parler à Thalia, ai-je soufflé en fermant les yeux.

    Dans mon dos, Harry a gigoté un instant pour se retrouver, lui aussi, assis à côté de moi. Ses gestes étaient timides et incertains alors qu'il glissait sa main libre jusqu'à la mienne. Il y a effectué une légère pression avant de pivoter son buste vers moi.

— Qui est Thalia, Miyu ?

— Ma sœur. Grande sœur.

— Tu as une sœur ? s'est-il étonné.