Chapitre 7

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- Lendemain -

Très tôt, le bruit de mon réveil me sort du sommeil. Tel un ressort, je sors de mon lit à la hâte sans même regarder mon réveil. J’ouvre mon dressing, dans le fond de ma chambre, et en sors avec quelques vêtements entre les mains.

Je prends une douche en vitesse et enfile la tenue la plus neutre que puisse contenir mon dressing. Soi une paire de jean slim foncé et une chemise de soie blanche. Pour ajouter à mon look ordinaire, je laisse mes longs cheveux d’ébène tomber en cascade dans mon dos, n’aplatissant que ma frange.

Je jette un coup d’œil dans le miroir et fiche intensément mes prunelles chocolatées. Je soupir devant mon naturalisme quotidien et attrape mon sac à bandoulière au pied de mon lit.

Je dévale les escaliers en colimaçon et trouve Mathias à table. Seul.

-        Maman n’est pas là?, je lui demande en me servant un bol de céréales sucrées. 

-        Elle est partit tôt ce matin, me répondit-il sans lever les yeux de son bol. Une urgence, elle a dit.

Je pousse un juron silencieux. Comment a-t-elle pu laisser Mathias tout seul ce matin? Je dormais encore, il aurait pu se blesser, voir se tuer, pendant mon sommeil. Je dramatise, mais quand même. 

-        Je vois, je murmure en lui ébouriffant gentiment les cheveux.

Je me pends à l’observer quelques secondes. Mathias est le portrait craché de notre père. Teint bronzé, cheveux noirs et yeux d’un beau vert d’eau. À travers lui, seule forme de ses yeux légèrement bridés, signe de son côté asiatique, laisse transparaître notre mère. Quant à moi, inutile de répété de qui je retiens. De mon père, je ne retiens que mon talent en chant. Lorsqu’il vivait encore en Espagne avec sa Familias, il était un célèbre chanteur. Dans les rues, tous le saluaient et le connaissaient. Enfin, c’est ce qu’il raconte. Encore là, dur de croire un père qui ne peut se libérer pour ses enfants que quelques jours par année. Car, mon père est bel et bien un homme marié à son travail. En effet, Alejandro Andres Johnson n’est nul autre qu’un des plus grands traducteurs d’Amérique du Nord. Et, en tout bon traducteur, il suit ses clients dans tous les confins du monde dans le but de les aider à se faire entendre. Ceux-ci le lui rendent bien, avec un salaire généreux et bien des primes.   

Mais bref. Tout ce charabia démoralisant pour dire que mon petit frère est mignon comme tout. À seulement sept ans, ses petits camarades de classe s’arrachent déjà les invitations pour son anniversaire de l’année prochaine. Bref.

Je finis en vitesse mes céréales et aide mon frère à enfiler son manteau. Il fait frisquet ses temps-ci. Je range nos bols dans le lave-vaisselle et enfile à mon tour un gilet foncé. J’enfile mes converses et tend son violon à mon frère. En sortant, nous inclinons respectueusement la tête devant le vieux portrait de notre défunte grand-mère et sortons en ce jour frisquet.

Je laisse derrière nous notre maison, œuvre d’architecture moderne, et monte dans ma voiture. Et oui, que voulez-vous? Un père et une mère pleins aux as. Une maison faites sur mesure par un client de mon père et une voiture de sport offerte par l’employeur de ma mère pour son trente-cinquième anniversaire. La belle vie, non? En tout cas, c’est ce que semblent penser mes parents.

Je soupir et met le contact. Le temps que mon frère attache sa ceinture de sécurité, je suis déjà en route. J’allume la radio et une chanson de Nirvana me répond. Je soupir et baisse le volume de la bande sonore. C’est le moment que Mathias choisit pour lancer la discussion.

-        Grande sœur?, il me jette, le regard au loin. Il semble troubler ces temps-ci. Va savoir pourquoi.

-        Oui, Mathias?, je lui réponds en m’engageant sur l’autoroute. Je lui accorde toute mon attention, les yeux rivés sur la route. 

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