Nouveau départ

Chapitre 14

Je me fige, incapable d’accepter ce que je vois. Muette de stupeur, je retrouve aussitôt mes esprits. Les larmes dégringolent mes joues, je cours dans le sens contraire de la scène qui me brise le cœur. Je cours à en perdre haleine, sans regarder où je vais. Si bien que je me retrouve très vite dans l’endroit de mes pires cauchemars. La Classe C. Entendant des pas précipités derrière moi, je ferme la porte de la classe et me laisse glisser au sol, dos à celle-ci. Tandis que mes pleurs redoublent, de violents coups sont portés à la porte. Celle qui nous sépare, tous les deux. 

-        Lauren!, me supplie la plus belle voix au monde. Je t’en prie, ouvre la porte! Je vais tout t’expliquer! Mon amour?

Imperméable à ses paroles, je pleurs toujours. Plus silencieuse cette fois, je me laisse aller contre le seuil de bois franc. De l’autre côté, j’entends Justin imiter mon geste et s’asseoir dos à la cloison. Nous restons ainsi, telles les deux parties d’un cœur séparé par l’obstacle de la trahison. En colère, j’essuie mon visage de mes mains gantées. Je n’arrive pourtant pas à croire la scène qui s’était déroulé un peu plus tôt devant mes yeux. Pourquoi n’avais-je pas écouté Marilyn et sa bande lorsqu’elle m’avait avertie de ne pas m’approcher de lui. Maintenant, je me retrouve le cœur brisé, dans la classe m’ayant torturé des mois durant.

Alors que les larmes menaçaient de dévaler mes joues à nouveau, il entama le couplet qui fait alors battre mon cœur plus vite. Qui fait naître le doute. Ai-je bien vu ce qui s’est passé? Quelle est son explication?

As long as you love me

We could be starving, we could be homeless, we could be broke

As long as you love me

I'll be your platinum, I'll be your silver, I'll be your gold

As long as you love, love me, love me

As long as you love, love me, love me…

Je garde le silence. Lui aussi. Je l’entends respirer, la respiration hachée par sa course effrénée et son quatrain amoureux. Je devine que lui-même entend ma respiration entrecoupée de sanglots.

-        Lauren?, il m’appel à nouveau, après un silence interminable. Je t’en conjure, laisse-moi m’expliquer! Ce n’est pas ce que tu crois!

-        Et qu’est-ce que je crois, Justin?, le lui répond, la voix tremblante. Illumine-moi.

-        …

Frustré par son silence, je réponds sèchement.

-        Ce que je crois, et ce que j’ai vu, c’est toi en pleine séance de bécotage avec Selena Gomez. Et cela dans les coulisses et sous mon nez.

Aussitôt, je l’entends se lever et coller son front sur la petite vitre de la porte. Il soupire, inspire, puis soupir à nouveau.

-        Elle m’a prise par surprise, Lauren. Je n’ai pas eu le réflexe de la repousser. J’ai d’abord cru que c’était toi… Mais j’ai remarqué l’absence de ce parfum de vanille, celui qui te suit partout. C’est seulement lorsque je t’ai entendu pleurer que j’ai compris mon erreur.

Il marque une pause, puis plaque ses poings contre la paroi de bois. Je sursaute puis cache mon visage contre mes genoux. Je me replis sur moi-même. Incapable de faire cesser mes tremblements, je respire calmement.

-        J’ai vu que celle que je couvrais de baisers n’était pas celle que j’aime, mais plutôt celle que j’aimais autrefois. J’ai été tellement… tellement… Tout ce que j’ai pu faire, c’est te poursuivre. Je ne veux pas te perdre pour un incident aussi stupide, un accident qui s’est produit par ma faute. Par mon insouciance, je t’ai fait douter. Je suis tellement, tellement désolé.