Chapitre 20

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Le lendemain matin, je me réveille tôt. Si bien que le soleil menace de pointer son nez. Étourdis par la nuit d’y hier, j’enfile de petits bermudas foncés ainsi qu’une chemise aux longues manches serrée aux poignets. Puis sans réveiller Justin, je sors discrètement de la chambre. M’assurant qu’il n’y a personne en vue, je me dirige d’un pas valsant vers la sortie de la section des cabines. Une fois sur le pont inferieur, je me dirige vers le grand escalier puis le monte à la course. De nouveau sur le pont supérieur, je vais sur le bord de la passerelle puis m’assit, les jambes dans le vide et l’immensité océanique devant les yeux.

Le spectacle est à couper le souffle. Le soleil se lève tout doucement sur le monde et je le contemple assise sur le pont supérieur d’un bateau tandis que mon compagnon dort encore. C’est super, non? Je reste ainsi, complètement absorbée par le spectacle qui s’offre à moi. Si bien que je ne remarque pas l’étranger qui prend place à mes côtés.  

-        Magnifique, n’est-ce pas?, il me demande, un sourire perceptible dansa sa voix.

La surprise passée, je retourne son sourire au jeune étranger.

-        En effet, il est rare de contempler un tel décor sur la terre ferme.

-        Charles, il se présente en me serrant la main. Dites-moi, que fait une aussi jolie jeune fille sur un pont désert à cette heure du matin?

-        Lauren, je lui réponds avec un sourire poli. Je vous retourne la question.   

Il laisse échapper un rire cristallin puis passe une main dans sa tignasse de cheveux dorés. Ses grands yeux bleus semblent scruter mon âme, à tel point où j’en deviens mal à l’aise. Ce garçon n’a physiquement rien en commun avec Justin. D’abord ses cheveux, ses yeux et sa peau tannée par le soleil. Ou, il y a le fait que tous deux sont très beaux. Passant outre ce détail, j’écoute sa réponse à mon interrogation.

-        Je me dirigeais vers la salle de dîner lorsque j’ai aperçu une chevelure cuivrée disparaître au haut des marches du pont supérieur, il répond, taquin. Il se trouve que cette tête était la vôtre, et je n’ai pu retenir ma curiosité.

-        Je vois, je souris timidement en rapportant mon regard vers l’horizon.

-        Et vous?, il me demande à son tour. Que peut pousser une jolie jeune fille à quitter sa cabine pour se précipiter devant le lever du jour?

Après une brève hésitation, je réponds franchement.

-        Je voulais m’évader, pour réfléchir, je souffle dans un murmure. Me retrouver seule avec moi-même, vous voyez?

-        Je vois, il me répond, visiblement mal à l’aise. Désolé de vous avoir dérangée dans ce cas, souhaitez-vous que je parte?

-        Mais non, je lui assure, sincère. Votre compagnie est très agréable. Pouvons-nous nous tutoyer, maintenant?  

-        Bien sûre.

Nous discutons ainsi tandis que le soleil illumine peu à peu le monde de sa chaleur et de sa lumière éclatante. Charles vient de Seattle, une ville relativement lointaine de la mienne. Il faisait cette croisière en compagnie de sa famille. Il n’avait pas vu celle-ci, résidente de la province, depuis des mois. Ses études à Seattle lui prenaient tout son temps. Charles désire devenir médecin. Chirurgien cardiaque, pour être plus précis. Il souhaite atteindre son but à tout prix. À seulement vingt et un ans, il est plus avancé que bien d’autre homme étudiant dans la même branche. Je suis soulagée de voir que je ne suis pas la seule exception côté cerveau surdéveloppé. Il partageait ce rêve avec son meilleur ami, qui lui, avait une déformation au niveau du cœur. Il souhaitait avant tout guérir l’anomalie de son ami mais la mort l’a emporté sans prévenir. Depuis, il mettait tout en œuvre pour aider ceux dont la déformation menace leur vie.

-        Et toi, Lauren?, il me demande après sa longue déclaration. Quel chemin suis-tu dans la vie?     

-        Je suis celui de la musique, je lui souris de toutes mes dents. J’ai récemment fait la rencontre d’une personne exceptionnelle m’ayant poussée vers ce domaine. Toute ma famille à toujours étudié ce domaine, mais personne n’en a encore fait sa carrière. Mes parents voyagent beaucoup et mon petit frère est un passionné de musique. J’ai foi qu’il fera de cette passion son gagne-pain.

-        Et qu’est-ce qui t’emmène à faire une telle croisière?, il creuse, curieux.  

-        C’est un cadeau, en fait. Mon copain a voulu me faire une surprise, je souris bêtement, et c’est plutôt réussi.

-        Je vois, il répond, la mine songeuse.  

Le soleil désormais émergé de l’horizon, je me lève gracieusement.

-        En parlant de mon copain, il doit me cherche à cette heure!, je souris puis m’étire. Au plaisir de te revoir, Charles.  

-        Oui, il me rend mon sourire. Nous nous recroiserons certainement dans les prochains jours.   

Je le salut puis retourne à ma cabine. Assis sur le lit, celui-ci déjà fait, Justin joue nerveusement avec ses doigts. Sujet de son inquiétude, je m’assis sur ses genoux puis cache mon visage dans le creux de son cou. Sans rien dire, il me berce contre lui.

-        Je suis allée voir le lever du jour, je lui annonce en souriant. C’était tellement beau!

-        Je te crois, il me sourit en m’embrassant le bout du nez. Tu as faim? Ils font un brunch sur le pont inférieur.

-        Un peu, j’avoue. Laisse-moi prendre une douche et on y va.

Sur ce, je me dirige vers la salle de bain, consciente du regard perçant de Justin sur mon dos. Je souris imperceptiblement en pensant à la nuit d’y hier, puis ferme la porte de la salle de bain.

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