Chapitre 22

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-        Je suis tellement, tellement désolé!, s’exclame Charles pour la huitième fois.

-        Ce n’est pas grave, je m’exaspère à lui répéter. Tu ne pouvais pas savoir. Regarde je suis en vie, non?

Pauvre Charles. Depuis deux jours il ne cesse de s’excuser et de culpabiliser. Mes efforts pour le rassuré sont vain quant à sa certitude qu’il est un tueur. Discrètement je caresse du bout des doigts l’énorme marque rouge qui strie sa joue, là où Justin l’a frappé deux jours plus tôt.

-        Ça fait encore mal?, je demande, distraite.

-        Nan, il me répond en posant doucement sa main sur la mienne.

Gênée, je retire ma main, le feu aux joues. Garde ton sang-froid, Babo! Soupirant, je me lève de notre coin de rendez-vous, sur le pont supérieur.

-        Où vas-tu?, il me demande, surpris.

-        Rejoindre Justin, je lui souris. C’est notre dernière journée ici. Je souhaite la passer avec lui.

-        Je vois, il soupire, déçu. Attend, une seconde.

Il fouille dans sa poche, puis me tend un bout de papier. Je l’attrape puis me surprend à y lire son numéro de téléphone. Je lui jette un regard perdu.

-        Si cet idiot te laisse tomber : appel moi. Ou si simplement tu as envie de parler un peu, il ajoute avec un clin d’œil, tu peux téléphoner à toute heure du jour ou de la nuit.      

J’hoche la tête, le visage cramoisi. Je rêve, j’espère. Je le salut puis, après une accolade plus que suggestive, je me dirige d’un pas chancelant vers notre cabine. J’y trouve Justin, encore endormit. Le visage serein, il respire lentement. Je soupire, puis me laisse tomber sur le sol. Trop d’émotions accumulées doivent bien expliquer ma soudaine fatigue. Ces derniers jours avaient étés plutôt mouvementés. Il n’y avait pas une activité de cette croisière que nous n’avons pas faite. Si bien que Justin dort comme une pierre. Pauvre choux. Il se surmène trop, à mon avis.

Prenant mon courage à deux mains, je m’assois confortablement à côté de Justin. Distraitement, je joue avec ses cheveux. Ceux-ci, si doux, prennent un drôle d’effet sans pommades. Ils lui tombent sur le visage, ce qui est tout simplement adorable.

-        Tu te réveilles toujours aussi tôt le matin?, il me demande sans ouvrir les yeux.

Ce gars me surprendra toujours.

-        Toujours, je lui souris. À cette heure, si je ne suis pas réveillée, c’est que je suis morte pendant mon sommeil.

-        Très drôle, il ricane.

Sur ce, il tapote la place vide à ses côtés. Je m’y étends, dos à lui. À son tour, il joue avec mes mèches cuivrées. Nous restons comme ça très longtemps. Peut-être des minutes, ou des heures. Je suis trop bien, pourtant, pour vérifier le temps qui défile.

-        Alors?, il demande finalement. Tu ne m’as toujours pas parlé de ce mystérieux appel.

-        Hum, je marmonne, les yeux clos. Un agent d’artiste, Andrews Evrard, veut me rencontrer.   

-        Et tu as acceptée?

-        Oui, j’ai acceptée de le rencontrer à notre retour. Mais je n’ai encore rien autorisée, je spécifie.  

Il hausse les épaules puis nous nous murons à nouveau dans le silence.

-        Ce fut un voyage magnifique, je lui murmure. Merci.

-        Mais, ça me fait plaisir.

Nous nous sourions puis nous restons ainsi, blotti l’un contre l’autre jusqu’à ce que l’heure de partir sonne.

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