Chapitre 26

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Blanc. Ce fut la seule couleur qui me sauta aux yeux tandis que je reprenais tout doucement connaissance. Autour de moins, le bourdonnement rassurant des machines me berçait tout doucement, sans plus me rendormir.

Le froid. C’est ce qui me surprit d’abord, tandis que j’ouvrais grand les yeux sur cette étendue immaculé. Les premières sensations qui me vinrent, furent celles de mes orteils et de mes doigts ankylosés. Ma tête bourdonnait horriblement et mon ventre poussait d’affreux gargouillement.

À ma droite, je croisai la vue horripilante d’un cathéter. C’est avec un affreux haut-le-cœur que je me rendis en courant jusqu’aux toilettes de ma chambre d’hôpital. Dans la cuvette, je rejetai un liquide complètement transparent, celui avec lequel les médecins devaient m’avoir nourri ces derniers jours.

Après avoir repris mes esprits, je revins piteusement dans la chambre. Celle-ci, immense, était visiblement une suite. Les évènements m’ayant conduit ici me revinrent alors par contrecoups. Qu’avais-je donc fait? Je m’étais laissé emporter et avait tenté de me suicider. . . Et ça avait bien passé proche d’arriver. Comment avais-je pu être aussi égoïste et privé ma mère de son enfant, et de priver Mathias de sa grande-sœur?

Les larmes se mirent à sillonner mes joues et je me rendis de nouveau dans la salle de bain. Dans le miroir, ce fut le reflet d’une tout autre jeune fille, aux joues creuses et aux yeux cernés qui me répondit. Combien de temps avais-je passé ici? Bonne question.

Sans plus m’apitoyer je revins dans ma chambre et, après un tour complet, je trouvai un vieux sac de voyage sous mon lit remplis de mes vêtements de tous les jours. J’attrapai quelques morceaux au hasard puis m’embarrai dans la salle de bain. Dans sa petite douche, j’enlevai la crasse de mes pores et shampooina généreusement mes boucles de cuivres.

Ceci finit, je m’habillai de façon simple, soit un jeans tuyau ainsi qu’un t-shirt noir sur lequel j’enfilai une veste blanche et noir très stylisé, puis je m’attachai les cheveux en queue de cheval. Tout cela sans oublier de sécher et d’aplatir mon toupet avec les deux instruments de coiffures enfuis dans le vieux sac de tout à l’heure. Pour finir le tout, je mis une paire de lunette sur le bout de mon nez.

Je ne m’arrêtai pas une minute, même lorsque mes yeux croisèrent les horribles enfilades me tailladant les poignets. Je trouvai, par miracle mon téléphone portable sur l’une des deux immenses tables de chevet de ma chambre.

Durant toute l’opération, que je nommai « La Fuite », je ne me demandai pas une seconde où pouvait bien se trouver ma mère ou même mon frère. Ai bien que lorsque je sortis dans le couloir, je compris. Il devait être près de 4h du matin, à bien regarder la lumière filtrant par les grandes fenêtres du couloir. Maman et Mathias devaient bien roupiller à la maison, à ce que je crois savoir des règlements d’hôpitaux, ils ne doivent pas être dans les parages.

-        Parfait . . ., je me murmure pour moi-même devant l’hôpital entier en plein somnolence.

Puis, en faisant le moins de bruit possible je parcouru les couloirs couleur bleu bébé de l’hôpital. Chaussé de mes vielles converses noires, je n’eus aucun mal à me faufiler silencieusement. Je trouvai finalement un ascenseur puis descendis les nombreux étages menant au rez-de-chaussée. Une fois-là, je passai devant les gardes de sécurité et les infirmières de manière incognito.

Tous n’y virent que du feu.

Si bien que dehors, je trouvai facilement un taxi dans lequel j’embarquai en vitesse.

-        Trinity Bellwoods Park, je déclarai d’une voix monocorde.

-        Comme vous voulez m’dame, répondis le chauffeur en roulant en direction.

Tandis que la voiture roulait paresseusement sur la route, j’ouvris tranquillement mon portable. Aussitôt, des dizaines de messages m’apparurent. Certains de la part de mes amis de l’Académie de Musique, une bonne demi-douzaine de Charles, au moins quinze d’Andrews et, finalement, pas un seul de la part de Justin. Pas même un tout petit message . . . Les larmes aux yeux, je me ressaisis vite. Inutile de penser à lui. Les Haters avaient bel et bien raisons, je l’avais pris dans mes filets de séductions machiavéliques. Je ne le méritai pas. Pas du tout.

Voulant cela rassurant, je sortis un large crayon noir de ma blouse. J’avais de la chance de perdre mes accessoires de maquillage un peu partout. J’en appliquai donc une généreuse couche sous mes yeux et un mince filet sur mes paupières.

La voiture se stoppa et je payai le chauffeur. Lorsqu’il me reconnut, il devint complètement surexcité.

-        Vous êtes Lauren Johnson!?, il s’exclame avec des étincelles dans les yeux. Ma petite fille est folle de vous, pourriez-vous lui signer un autographe? Ça fête tombe dans quelque jour, et-…

-        C’est bon, je me forçai de sourire. Vous avez un stylo et du papier?

Il me tandis un vieux block note et un stylo Brick. Je signai mon nom avec une multitude de petits cœurs puis lui rendis les deux machins. Après m’avoir grassement remercié, il me tendit sa carter d’affaire, me répétant qu’il m’en devait une et de l’appeler en cas d’urgence, de jour comme de nuit.

En ayant finis avec lui, je m’engageai dans le parc auquel j’avais tant l’habitude, enfant, de venir jouer. Nostalgique, je m’assis confortablement au pied d’un arbre. Celui sous lequel je piqueniquais quelque mois plus tôt avec mon amour perdu.

Quelques larmes trouvèrent irrémédiablement la voie vers mes yeux puis se mirent vite à descendre lentement mes joues pâles. Vive le Waterproof. . . Fatiguée, je retirai délicatement mes lunettes puis les posa à mes côtés. À cette heure, personne ne sillonnai le parc, exception faites de quelques sportifs courageux et deux ou trois vieilles dames amoureuses de pigeons et d’écureuils sauvages.

Une chanson me fit alors sursauter violemment. Dans le fond de ma poche, mon portable vibrait fébrilement. Surprise, je répondis sans même regarder l’afficheur.

-        Yeoboseyo?, je répondis, la gorge nouée.

Un lourd silence me répondit, et seul une respiration rauque à l’autre bout du fils me convainquit que quelqu’un patientait bel et bien après moi.

-        I-il y a quelqu’un?, je demandai, quelque peu inquiétée. Si c’est une autre blague, j-…

-        Lauren!, me coupa fiévreusement une voix complètement trépidé. Mon amour, où es-tu? Nous te cherchons partout à l’hôpital… Ma Lauren, où es-tu? Dis-moi, je viendrai te chercher n’importe où…

Cette voix.

-        Pitié, réponds-moi!, s’écria de nouveau la voix. Tu ne devrais pas sortir dans ton état. Tu as bien faillis y passer, tu te rends compte de la peur que tu m’as faites!? Comment as-tu pu me laisser seul?

Des larmes se firent entendre clairement dans la voix la plus merveilleuse au monde.

-        Justin?

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