Chapitre 2

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L'alarme avait fonctionné.

Le Dr Schumake était resté cloué au lit, pour des raisons encore inconnues. C'est son acolyte, le Dr Vekman qui a été tiré de son sommeil pour arriver en urgence dans le « cocon » ou résonnait la sonnerie stridente. Vekman avait mit Amy au monde, il a été le premier à voir son visage, et le premier à comprendre qu'il ne pouvait plus rien faire pour tenter de la sauver. L'arrêt cardio-respiratoire d'un enfant est une situation des plus rares, voire même exceptionnelle. En particulier quand cet arrêt devient si long, qu'il provoque la mort. Les premiers gestes de secours pour engendrer la réanimation doivent être mis en œuvre rapidement. Dans le cas d'Amy, c'était une course contre la montre. Une course qu'il avait peu de chance de remporter. De plus, ces gestes doivent être commencés précocement pour diminuer les risques de séquelles neurologiques. Sans compter qu'Amy était placée sous respirateur artificiel, dans ce cas là, prendre en charge un arrêt cardiaque est des plus délicats.

L'infirmière de garde avait redoublée d'effort pour que la petite fille se remette à respirer. Mais il n'y avait plus rien à faire, c'était déjà trop tard. L'insuline avait pénétra le fragile organisme, une fois le mal entré, impossible de le faire ressortir sans qu'il ne provoque la mort. Le Dr Vekman est resté au chevet de la petite jusqu'au petit matin, ses parents devaient arrivés ce matin. Que pouvait-il bien leur dire ? Inutile de préciser que la nouvelle va se répandre dans toute la ville. Et les parents...Comment leur dire ?

Le « cocon » lui avait toujours apparu comme un endroit froid, qui sent ce parfum particulier de nouveau né. Un mélange de produit dont ont les badigeonne, et leurs petits cris quand ils se réveillent. Vekman était debout, devant le petit corps que l'on avait recouvert d'un drap blanc. Ce n'était pas la première fois qu'un nourrisson trouvait la mort, mais il avait espéré la sauver de la maladie qu'elle avait contractée dès sa naissance. Le combat venait de s'achever sur un échec cuisant.

La porte du « cocon » s'ouvrit sur un homme qui faisait disparaitre dans son dos l'embrasure de la porte. De larges épaules soutiennent une mâchoire carrée et un cou massif s'ornant d'un visage en forme d'œuf. Ses joues sont comparables à de larges crevasses qui semblent couler jusqu'à une barbe naissante, de petites lunettes en demi-cercle terminent ce portrait. Celui du Dr Nathan Schumake.

A la vue de son acolyte, Vekman semblait avoir reçu une décharge électrique sous haute tension. Après une rapide poignée de main entre collègues, Vekman le mit au courant de la situation difficile à admettre. Contrairement à lui, Schumake semblait rester indifférent face aux évènements de cette nuit, il ne posa que quelques questions et se pencha sur le corps inanimé. Sans mouvement de recul, il souleva lentement le drap blanc et découvrit le visage bleu et gonflé d'Amy. Hier, il l'avait encore vu pleine de vie, comme pour tous les nouveau-nés qu'il rencontre, il s'était imaginé ce qu'elle pourrait devenir dans une dizaine d'année. Plus de doute possible, elle ne dépassera pas les huit semaines. Devant les tremblements de Vekman, Schumake remit le drap en place.

-Vekman, j'ai beaucoup à faire ce matin dans mon bureau. Mais ne vous en faites pas, je me chargerai des parents de la petite. Je sais que c'est un moment délicat que vous n'êtes pas en mesure de surmonter, allez donc faire le tour des malades au deuxième étage, nous sommes dans la période des fêtes de fin d'années, ils ont besoin de réconfort.

Le Dr Schumake s'était réveillé vers huit heures du matin, il avait ressenti une douleur lancinante au crâne, comme si ont l'avait assommé pendant la nuit. L'infirmière de garde avait patienté dans son bureau pour le mettre au courant de la situation. Comme à son habitude, il s'était contenté d'un haussement de sourcils. Ne laissant paraitre aucune trace d'émotion. La tragédie s'était produite alors qu'il dormait avait en réalité réveillé un démon du passé.

En attendant que les parents de la défunte ne viennent comme tous les jours pour lui tenir compagnie, il s'était enfermé dans on bureau en rajoutant une buche dans la cheminée. Tout en se frottant vigoureusement les mains, il s'était livré à l'inspection de son mini-bar et y avait déniché un fond de schnaps. Juste ce qui lui fallait pour le remonter. Il savait au fond de lui-même que l'usage de l'alcool était interdit dans son travail, mais en temps que dirigeant de cette clinique, personne ne se mêlera de ses affaires.

Le schnaps lui brûla l'œsophage mais lui réchauffa le cœur. Cette nouvelle inattendue suffisait à le mettre dans l'embarras. Il n'y a pas si longtemps, le même accident avait eut lieu. Une jeune policière s'en était mêlée et cela aurait pu conduire à sa perte. Il ne l'avait jamais rencontré, mais les gendarmes sous ses ordres ayant obtenus un mandat de perquisition avait l'autorisation de surveiller la clinique un certain temps. Il craignait que l'un deux ne mette la main sur quelque chose de louche, mais ils firent chou blanc. Depuis ce jour, Schumake avait retrouvé le sommeil, il était redevenu le seul maître des lieux.

Mais cet accident mettra sans aucun doute la puce à l'oreille de cette jeune femme. Elle est renommée pour sa ténacité, elle n'est pas du genre à abandonner la partie aussi facilement. Il devra redoubler d'intelligence pour que tous les secrets que renferme cette clinique ne soient jamais dévoilés au grand jour.

Pour la première fois depuis une éternité, il se mit à prier.




N'avoue jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant