Confusions

21 4 2
                                    

Maggie avait passé une bonne partie de l'après-midi à trainer dans les rues, laissant ses pas la guider. La neige tombait à qui mieux mieux et la circulation s'était nettement ralentit. Elle eut beaucoup de mal à trouver un taxi, devant elle, il n'y avait plus qu'un épais brouillard qui lui barrait la vue. Les panaches de fumées qui s'échappaient des cheminées étaient presque imperceptibles, Maggie s'en réjouissait presque. Si cela continuait ainsi, la circulation en ville sera temporairement interdite pendant quelques jours, peut-être même une semaine. Et elle pourrait s'éterniser dans cette clinique, et sans doute trouver enfin un élément lui permettant de confirmer ses soupçons. Sans trop y croire, Maggie s'engouffra dans le taxi chauffé et indiqua l'adresse de la clinique au chauffeur italien qui lui souriait.

Après avoir frictionné énergiquement ses mains, ses dents cessèrent de claquer et elle pu retirer son écharpe et son bonnet. Même si elle savait qu'à cause des rejets excessifs en CO2, la planète se réchauffait à vue d'œil, rien ne valait les voitures chauffées. Le chauffeur italien semblait avoir lu dans ses pensées, tenant le volant du bout des doigts, il obligea son bolide à augmenter la température. Maggie se croyait dans un véritable sauna.

Le taxi dans lequel elle veniat de grimper est un de ses fameux black cab, facilement reconnaissable grâce à son look typiquement londonien. Maggie l'avait hélé car elle avait réussit à distinguer une lumière jaune sur son toit. Ce signal bien connu des londoniens signifie que le taxi est libre et que l'on peut l'interpeller.

Maggie se félicitait d'avoir choisit le taxi le mieux chauffé, son soulagement fut de courte durée. Le taxi obliqua sur sa droite et emprunta un sentier goudronné qui disparaissait sous une épaisse couche de poudreuse. Surrement à cause du verglas, la voiture fit une embardée et manqua d'heurter un autre véhicule. Tout en ralentissant progressivement, le taxi arriva dans un immense parking et se dirigea vers un emplacement réservé aux taxis. Manœuvrant avec précision, le chauffeur fit un créneau parfait et se tourna vers sa cliente.

-Vous êtes arrivée à destination ma jolie dame, cela vous fera seulement £25.

Maggie lui sourit et régla sa course en lui laissant un généreux pourboire. Une fois sortie du véhicule, un vent glacial lui cingla le visage et la neige mordit à nouveau ses joues endolories.

Devant elle, se dressait majestueusement la clinique Fernlake. Maggie avait apprit que Fernlake était le nom du premier médecin qui la dirigée. A sa connaissance, ce dernier n'avait jamais vu deux nouveau-nés mourir dans la même semaine. Lui avait succédé un vieux médecin aigri qui n'a été à la tête de la clinique seulement cinq ans. Le nouveau directeur était le Dr Schumake, ce dernier avait ensuite prit à ses côtés le Dr Jonathan Vekman. Un pédiatre ayant la réputation flatteuse, d'être le seul à savoir comprendre les enfants.

Maggie avait beau être frigorifiée, elle comptait bien mettre les médecins en état de panique. Lors de sa dernière visite très rapide, elle n'était pas allée au-delà du hall. Cette-fois, elle alla droit vers la première infirmière qu'elle rencontra et celle-ci l'entraina à travers un labyrinthe de couloirs identiques. Une personne étrangère au personnel s'y perdrait même avec un bon sens de l'orientation.

L'infirmière était muette comme une tombe, Maggie avait tenté à plusieurs reprises de lui tirer les vers du nez mais elle était restée de marbre. Se contentant de répondre par « Je ne suis pas au courant » ou « Le Dr Schumake saura mieux vous renseigner ». Pourtant ses questions restaient banals, mais elle avait comprit que des ordres très stricts avait été donné aux infirmières. Celle-ci appliquait les règles qu'on lui avait imposées. A savoir de ne transmettre aucune information à la visiteuse de cinq heures. Maggie devait admettre qu'elle n'était tombée dans aucun de ses pièges enfantins, elle avait même accéléré volontairement son allure pour arriver plus vite à destination. Elle semblait avoir été réglée comme un robot. Seule sa voix lui donnait une forme humaine.

Maggie la suivait à la trace. Les deux femmes traversaient un long couloir menant à une petite porte, un écriteau indiquait qu'il s'agit d'une porte de service et d'un passage en parti réservé au personnel d'entretient. D'ailleurs, une infirmière achevait de passer un coup de balais dans une des chambres. A la vue de la visiteuse, elle s'avança elle la salua aimablement.

Devant cette réaction, l'infirmière ralentit et posa son doigt en travers de ses lèvres. Le message était clair, retourne balayer et ne t'occupe pas d'elle ! Empoignant fermement son balais, elle disparu dans la petite chambre. De plus en plus mal à l'aise, Maggie suivait l'infirmière en dehors de la clinique. Elle ne s'était pas attendue à ce que la jeune femme prenne cette direction.

Maggie tenta avec hésitation d'en savoir plus :

-Où m'emmenez-vous ?

L'infirmière ne ralentit pas son allure, Maggie aurait juré qu'elle accélérait volontairement et détournait le regard pour faire semblant de ne pas avoir entendu. Elle entrouvrit les lèvres et répondit sèchement.

-Nous allons dans la propriété privée du Dr Schumake, c'st là-bas qu'aura lieu votre entretient.

Maggie fut surprise de trouver derrière l'immense clinique, une petite maison au toit d'ardoise, elle semblait de ne pas être à sa place. Un peu comme Maggie au milieu des infirmières.

Les deux femmes empruntèrent un petit sentier, entrèrent dans le hall et grimpèrent les escaliers en bois. Arrivé en haut, l'infirmière lui désigna la première porte à gauche.

-Le bureau du Dr Vekman est juste ici, Dit-elle d'une voix faible.

-Je croyais aller dans le bureau du Dr Schumake.

-Le rendez-vous à changé, le Dr Vekman vous attends.

Cette simple phrase fit l'effet d'une douche froide à Maggie. Se demandant si elle avait mal compris, elle bégaya difficilement :

-Le Dr Vekman ?

-Ne poser plus de question, le docteur vous attends. Au revoir.

Ebahie, Maggie trouva tout juste la force de frapper à la porte du bureau.



N'avoue jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant