Derrière le mur

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-Nous avons, moi et mon confrère, tout faite ce qui était en notre possible pour tenter de la réanimé. Mais il n'y avait plus rien à faire, quand la mort à choisit sa victime elle ne la lâche plus.

Maggie baissa les yeux, ainsi donc c'était bien vrai. Les deux médecins étaient donc bien présents lors de la tentative de réanimation de la petite. Il faut toujours être prudent avec ce que racontent les médias, tout n'est pas toujours vrai ou alors ce n'est pas tout à fait exact. Dans une affaire comme celle-ci, les détails sont cruciaux.

Finalement Maggie se débrouillait. Bien qu'elle n'ait jamais rencontré le Dr Schumake, elle se rendit compte que Vekman était sans doute le plus naïf des deux. Car c'est le plus jeune. Il manque sans doute d'expérience, son confrère ne lui a pas encore transmit tout son savoir.

-Savez-vous exactement de quoi est morte cette petite fille ?

Vekman opina.

-Arrêt cardiaque, elle était reliée à un respirateur artificiel. Elle aurait du s'en sortir, la réussite était assurée à 99 %. Et cette nuit là, alors que je dormais, l'alarme à retentit. Il s'agit d'un système qui se déclenche dès que le patient cesse de respirer. Ce fut le cas d'Amy, son cœur s'est arrêté de battre.

Maggie l'écoutait attentivement, se contentant de bref signe de tête indiquant qu'elle comprenait ses explications.

-Se peut-il qu'il s'agisse d'une défaillance de l'appareil ?

Vekman secoua la tête.

-Impossible, pensez bien que cette hypothèse avait été envisagée, mais l'appareil fonctionnait à merveille. C'est son cœur fatigué qui a finit par arrêter ses battements.

Maggie comprit que Vekman ne lui apprendrait rien de plus Ce n'est pas parce que cette fille est morte qu'il est le responsable, ou qu'il ait participé à sa mort. Au contraire, il avait même l'air d'être plus affecté par le décès d'Amy que n'importe quel employer de cette clinique.

Vekman se leva de son siège.

- Puisque vous semblez être tant intéressée par cet évènement, permettez-moi de vous montrer le « cocon ».

Maggie écarquilla les yeux en signe d'incompréhension.

-Le quoi ?

-Le « cocon », c'est ainsi que le Dr Schumake a baptisé ces pièces réservées pour les enfants malades. Il est situé juste en face du service de pédiatrie, c'est un endroit fermé à clef et possède depuis peu des caméras de surveillance.

Maggie opina et se leva à son tour. Cette proposition inespérée lui réchauffa le cœur. Elle avait encore une chance de trouver quelque chose susceptible d'intéresser son supérieur.

-Je vous suis docteur.

Vekman lui adressa un léger sourire et tous les deux quittèrent le bureau et sortirent de la petite maison au toit d'ardoise. Maggie constata que la neige n'était pas prête de s'arrêter, un froid intense enveloppait le paysage. Les murs de la clinique ressemblaient à de gigantesques glaciers enneigés et la pelouse qui bordait l'allée de gravier avait disparu sous une épaisse couche de poudreuse. Maggie sentait ses pieds s'enfoncer dans la neige, progressant comme elle le pouvait sur une gigantesque plaque de verglas, elle parvint à suivre Vekman. Tous les deux débouchèrent dans un long couloir désert. La femme de ménage que Maggie avait croisée avec l'infirmière n'était plus là.

Maggie peinait à suivre Vekman, celui-ci semblait avoir choisit le chemin le plus compliqué. Ils traversèrent d'un pas rapide les longs corridors, une odeur écœurante de produit d'entretient se mêlait à celle du désinfectant. Quelques couloirs plus tard, Vekman s'arrêta devant une porte fermée. D'un signe de la main, il lui présenta fièrement le « cocon ».

-Un havre de paix pour les nourrissons qui y sont admis. Il baissa les yeux comme pour se recueillir. Une seule d'entre eux n'en est pas ressortie vivante.

Sans rien ajouter, Vekman introduit sa clef dans la serrure et fit pivoter la porte sur ses gonds. Epaisse de deux centimètres, elle révéla une grande pièce où cinq lits pouvaient tenir. Trois d'entre eux étaient occupés par de petits chérubins endormis. Maggie avait entendu parler de tueurs en série, sérial killer, qui ne pouvait s'empêcher de tuer des enfants. Elle s'approcha de l'un deux. Même si elle se mettait à la place d'un esprit dérangé, elle ne pouvait pas comprendre comment ces personnes pouvaient passer à l'acte.

Vekman semblait lire dans ses pensées. Il devait ressentir la même chose qu'elle, vaguement étourdi il referma la porte derrière lui. Au dessus de sa tête, une caméra de surveillance tournait sur elle-même. Semblable à une girouette, son unique œil balayait la pièce. C'était le Dr Schumake qui avait demandé qu'on les installe, une précaution en cas de problème. L'accès étant règlementé, il avait tenu à ce que les bandes enregistrées soient régulièrement visionnée pour savoir si d'éventuel malins avait tenté d'y pénétrer.

Maggie ne savait plus quoi pensée. Avant de mettre les pieds dans cette clinique, elle était persuadée qu'une des infirmières était responsable de ces morts subites. C'était pour elle la seule explication plausible. Suivant son raisonnement, au fur et à mesure qu'elle y avait réfléchit, il lui était apparu que les médecins pouvait avoir leur part de responsabilité. Cela ne l'aurait pas entonné de constater qu'un des deux toubibs ait un profil d'assassin.

Sauf que ce n'est pas le cas. Si le Dr Schumake ressemble à son collègue, ils ne sont pas responsables de la mort d'Amy. De plus, aucun d'eux ne peut avoir tué cette gamine. Vekman et Schumake se sont réveillés en pleine nuit pour lui porter secours. Ils ne peuvent pas être des assassins.

Sentant qu'elle avait abusé de la gentillesse de Vekman, Maggie le remercia et sortit avec lui du « cocon ». Vekman semblait être névrosé de la voir partir si tôt.

-Eh bien Mlle Willard, j'espère que vous retiendrez une bonne image de notre clinique. Avant que vous partiez, accompagnez-moi dans le bureau du Dr Schumake, j'ai quelques papiers à vérifier. De cette façon nous pourrons peut-être le croiser.

Maggie opina.

Après tout, elle était venue pour voir ce médecin. Si il lui suffit de rester cinq ou six minutes de plus pour le rencontrer, ne serait-ce qu'un court instant, elle est prête à le faire.

-Je vous suis docteur.

Le bureau du Dr Schumake était impressionnant tant par les proportions de la pièce que par son imposante cheminée. Un feu d'enfer ronronnait dans l'âtre, Maggie sentait la chaleur du feu de bois lui soulager la conscience. Le sommeil et la chaleur lui permettait d'évacuer tout ce qu'elle accumulait à longueur de journée.

Vekman s'était abandonné à l'étude de documents sans s'occuper de Maggie. Il avait prit un air sérieux et était redevenu un médecin responsable. Maggie le laissa s'occuper de ses affaires et contempla la beauté du bureau, des tableaux accrochés au mur jusqu'aux innombrables meubles en bois.

Un de ces tableaux de maître attira particulièrement son attention. Un grand chef d'œuvre de Diego Velasquez, elle remarqua qu'il avait été placé à la hâte sur sa cimaise. Avec d'infinies précautions, elle le remit en place. Tout en manipulant lentement le lourd tableau, elle remarqua qu'un morceau de tissus blanc dépassait du mur. Sur le moment, elle cru qu'elle devenait folle. Ce qu'elle venait de voir défiait sa logique. Depuis quand quelque chose traverse les murs ?

Elle passa ses doigts sur le morceau de tissus et reconnu sans problème la matière dont son faites les blouses de médecin. Etrange. Maggie tira un coup sec dessus, il y eut un craquement et elle recula de plusieurs pas. Absorbé par sa lecture, Vekman n'avait rien remarqué.

Tâtant le morceau de tissus déchiré, Maggie reconnu sans problème la matière dont son faites les blouses de médecin où de chimistes. De plus en plus intriguée, Maggie s'appuya contre le mur et tendit l'oreille. Elle perçu un grincement prolongé, un bruit de meuble que l'ont déplace contre un mur. Maggie fourra son indice dans sa poche et colla à nouveau son oreille contre le mur mais plus aucun grincement ne lui parvint. Juste de simples respirations.

D'abord sceptique, elle se demanda si elle avait des hallucinations, après plusieurs secondes elle du se rendre à l'évidence. Il y a quelque chose derrière ce mur !



N'avoue jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant