Le lendemain, Maggie se leva de bonne heure. Elle ne voulait plus attendre. En ouvrant le volet, elle constata que la neige n'avait pas cessé de tomber durant la nuit. Au point qu'elle avait du mal de distinguer les fenêtres des résidences d'en face. Un froid meurtrier ne mit que quelques instants pour transformer la pièce en une chambre froide. Comme un somnambule, Maggie en sortit. Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire mais les souvenirs qui lui revinrent à l'esprit la forcèrent à sortir de ses rêves.
Les projets qu'elle avait imaginés avant de s'endormir refaisaient surface. Elle n'avait plus qu'un but pour ce matin, pénétrer dans l'appartement du Dr Schumake.
Son appartement ne se trouve pas très loin mais il renferme sans doute les secrets les mieux gardés de la clinique Fernlake. Seule la neige pouvait encore l'empêcher de s'y rendre.
Maggie avait été obsédée toute la nuit par sa découverte de la veille. Elle était persuadée que derrière le tableau exposé dans le bureau du Dr Schumake, se cache la clef de l'énigme. Elle avait eut beau retourner le problème dans tous les sens, il n'y a pas d'autres possibilités. Il fallait qu'elle sache. Sa nuit avait été un mélange de rêves étranges et d'angoisse.
Un café fort acheva de la réveiller, alors qu'elle sortait une tasse du placard, elle entendit son grand-père descendre les escaliers. Bien qu'elle sache qu'il ne pouvait pas se douter de quoi que ce soit, elle avait un mauvais pressentiment. Après tout, n'avait-il pas contacté son supérieur ? Qu'est ce que Malcolm avait pu lui raconter ?
Mais la mine endormie de son grand-père la soulagea, il n'avait pas l'air de s'être mit en tête d'en savoir plus sur son travail.
Il lui annonça d'une voix endormie qu'il ne comptait pas mettre le nez dehors de toute la journée. Il n'avait envie de voir personne, seule une tasse de chocolat chaud sera la bienvenue. Absorbée par les dernières nouvelles, Maggie l'avait à peine écouté. C'était comme s'il s'était adressé à un mur, n'obtenant aucune réponse de la part de sa petite fille, il se perdit dans la lecture du journal.
Maggie cessa un instant de l'observer. Même si elle savait qu'il y a mille façons d'ouvrir une porte sans la clef, elle préféra miser sur celle qui assure la sécurité. Il lui faut impérativement un tendeur et un trombone. Rien de plus simple, dans la cave il a tous les outils possibles et imaginables. La boîte de mécanicien de son grand-père allait lui être d'un grand secours.
Elle termina son café et quitta la cuisine à pas feutrés. John ne semblait pas s'en être aperçu, il était bien trop occupé à consulter la rubrique nécrologique ou la page des petites annonces.
Bien décidé à mener à bien ses projets, Maggie descendit les escaliers en pierre qui menaient jusqu'à la cave. Au plafond, des fils électriques pendaient avec à leur bout une vieille ampoule. Les murs disparaissaient derrière une collection de boulons, de clefs anglaises et de toute autre sorte d'outils. Maggie avait souvent accompagné son grand-père dans ses bricolages, si bien qu'à sept ans elle avait apprit à monter un meuble en kit. Il ne lui restait plus qu'a se souvenir ou il rangeait ses tendeurs.
Suivant la logique de son grand-père, elle dénicha les précieuses barre en fer dans une caisse, mélangée avec de vieille clefs à molette. Elle choisit le tendeur le plus petit qu'elle pourrait sans problème dissimuler dans la poche de son manteau. Avec précaution, elle remit la caisse en place. John ne descendait que très rarement à la cave, mais connaissant sa maniaquerie quand il s'agit d'outils de bricolage, Maggie préféra tout remettre en ordre. Si son grand-père venait à apprendre qu'elle avait forcé l'appartement du Dr Schumake, elle savait qu'il ne s'en remettrait pas.
Sa carrière en prendrait également un coup. Malcolm ferait de son mieux pour la défendre, mais elle doutait qu'il ne sacrifice son poste pour elle.
Satisfaite, elle remonta les escaliers presque en courant. Hors d'haleine, elle marcha jusqu'à la cuisine pour prendre un petit trombone. Indispensable pour ce qu'elle allait entreprendre.
Avant de partir, elle embrassa affectueusement John sur la joue. Il était sur le point de s'assoupir à nouveau devant la cheminée. Dehors le temps n'avait pas changé, il lui semblait apercevoir des bâtiments se transformer en d'immenses montagnes entourées par des glaciers. Si cela continue, plus aucune circulation ne sera possible dans la ville. Elle remarqua d'ailleurs que l'afflux de taxi et d'autre véhicule s'était nettement réduit.
Mais en dépit de ce qu'elle imaginait, elle parvint à trouver un taxi de libre. Le trajet fut plus long que prévu, des agents semblables à des statues de glace réglaient comme il le pouvait la circulation. Ils obligèrent le taxi à emprunter un itinéraire différent, à travers la vitre Maggie observait les doux flocons atterrir sur le sol.
Après dix minutes de trajets, elle arriva enfin à destination. Une fois sa course réglée, elle ne se fit pas prier pour rentrer dans le rez-de-chaussée. Tant la température était basse, Maggie ne sentait plus ses lèvres. Il ne devait pas faire plus d'un ou deux degrés.
Elle grimpa dans l'ascenseur en enlevant ses gants. Elle était seule et angoissée. Il lui semblait quelle était reliée à une perfusion lui injectant sans répit une dose massive d'adrénaline. Le tendeur semblait peser des tonnes dans sa poche, comme s'il voulait absolument en sortir.
A pas de loup, la respiration haletante comme si elle venait de courir, Maggie atterri dans un long corridor désert en forme de T. La porte de l'appartement qu'elle cherchait se situait tout au fond à droite. Comme elle s'y attendait, la serrure était classique et n'allait pas lui résister très longtemps.
Maggie n'ignorait pas que l'on pouvait ouvrir une porte à l'aide d'une simple carte de crédit. A une seule condition, ce doit être une serrure dont le loquet incliné est associé à une poignée. Il suffit d'insérer la carte entre le cadre de la porte et le loquet, la plier légèrement dans sa direction, forcer d'un coup sec sur le loquet et la porte s'ouvre sans résister. Le seul problème avec cette technique, c'est qu'on risque d'y laisser sa carte de crédit. La méthode que Maggie a choisit est celle comportant le moins de risques.
Elle sortit de sa poche son tendeur et son trombone. Avec précaution, elle l'écrasa à plat en s'aidant du mur. Une fois cette opération délicate accomplie, elle inséra le tendeur dans la serrure et le fit pivoter sur lui-même. La serrure suivait le mouvement, une fois qu'elle fut bloquée, elle inséra le trombone bien aplati et fit bouger sa pointe dans la serrure.
Elle continua ce manège quelques secondes et la porte s'ouvrit enfin. Soulagée de ne pas avoir perdue la main, Maggie essuya les gouttes de sueur qui perlaient sur son front et se redressa. Elle venait de découvrir l'entrée du repère du loup.
Il ne lui restait plus qu'a pénétrer dans sa tanière.
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N'avoue jamais
Mystery / ThrillerQue se passe t-il dans la clinique de Fernlake ? Cette femme que certains croient apercevoir dans les couloir, existe t-elle réellement ? Et ces morts soudaine de nourrisson ?