Le rendez-vous

37 5 4
                                    

Maggie quitta son bureau quand les aiguilles de l'horloge murale affichèrent midi pile. Déclinant une invitation au bistrot du coin fréquenté par toute son équipe, Maggie décida de rentrer chez elle. Elle flâna un moment dans Woburn Square, la neige tombait drue à ses pieds et les lumières de la rue disparaissaient sous une épaisse couche de givre. Elle resta assise sur un banc avant de se décider à rentrer, pesant le pour et le contre elle avait finit par décider de ne rien dire à John. Si il apprenait qu'elle avait réussit à obtenir de Malcom un entretient avec le Dr Schumake, elle savait qu'il ne s'en remettrait pas.

Elle poussa la lourde porte de bois et sentit l'air chaud l'envahir dès qu'elle fit un pas dans l'entrée. Elle accrocha son manteau au porte manteau et se dirigea vers le salon en rasant les murs.

John était affalé sur le canapé, le journal posé sur ses genoux. En guise d'accueil il lui fit remarquer qu'elle était rentrée plus tard que d'habitude. Maggie ignora sa remarque et le suivit jusqu'à la cuisine.

John avait rempli deux assiettes d'œuf au bacon. Maggie s'assit en face de lui, en faisant tout son possible pour cacher son impatience. Malcolm devait l'appeler d'ici une petite demi-heure pour lui donner l'heure du rendez-vous.

John se servit un verre de vin rouge en l'observant du coin de l'œil. Le mutisme de Maggie ne lui avait pas échappé, pas un seul mot sur son travail, ce n'est pas normal.

-Tout va bien ma petite ?

Maggie leva ses yeux inquiet, en prenant un air surprit. Il fallait jouer serré, son grand père pouvait avoir l'air d'un vieil homme, mais son sens de la déduction ne l'avait jamais quitté.

-Bien sur, y a pas de raison. Répondit-elle en planta sa fourchette dans son assiette.

-Je te trouve bien silencieuse.

-Je suis un peu fatiguée.

John prit le Daily Telegraph sur lequel il s'était assis et lui glissa la première page sous les yeux. Le titre en gros caractère tenait en trois mots. L'article concernait la clinique Schumake et s'étalait sur toute la page. Maggie en lu quelques parties, comme toujours les journalistes avaient quelque peu romancé les évènements de la nuit dernière. Selon eux, le Dr Schumake à « agit en héros et a lutté contre la mort aussi longtemps que lui permettait ses capacité physiques ».

-C'est pour cette histoire que tu es dans cet état ?

-N-non, cela n'à rien avoir. Mentit-elle en repliant le journal en quatre.

John comprit quelle mentait mais n'insista pas, un simple coup de fil à Malcolm et il saura sans problème ce qui tracasse tant sa petite fille. Il n'aimait pas la voir morose à ce point, pendant tout le déjeuner elle resta muette comme une tombe. John cru un court instant qu'il était seul à table. Il patienta encore cinq longues minutes et sortit de table, Maggie ne bougea pas d'un pouce, la tête coincée entre ses deux mains. Elle attendit que John ait disparu dans le salon pour sortir son téléphone portable.

Elle savait que jouer la comédie, faire semblant d'être dépressive, obligerait son grand-père à migrer dans le salon. Sa ruse avait marchée comme sur des roulettes. Elle avait mit son portable en muet, mais comme elle le redoutait, Malcolm ne l'avait toujours pas appelé.

Maggie se demandait si son supérieur allait tenir sa promesse. Malcolm ne lui avait jamais mentit, il avait toujours été franc et ne cachait jamais ce qu'il pensait. Comme il avait coutume de le dire, il appelle un chat un chat. Si Maggie avait prit le risque de lui confier ses soupçons, c'est qu'elle était sure d'elle. Ce qu'elle voulait c'était trouver des preuves. Il doit y en avoir, comme on le luit avait apprit il y a longtemps, un assassin laisse toujours des traces. Des traces qu'il faut savoir reconnaitre.

Son téléphone portable se mit à vibrer dans sa main, le nom de Malcolm s'afficha en majuscule. Rassurée, Maggie décrocha.

-Maggie c'est moi, le Dr Schumake a accepté de te voir cet après midi même. Il peut te recevoir dans son bureau vers cinq heures, ne soit pas en retard j'ai eut beaucoup de mal à le convaincre.

-Il est toujours réticent à l'idée de me rencontrer. Marmonna Maggie avec ironie.

- Comprends-le, le fait que ton équipe ait fouillé sa clinique toute une journée lui a fait de la publicité gratuite. Mais dans le mauvais sens.

Maggie acquiesça. Elle sait tout ce qu'elle veut, inutile de s'éterniser au risque de se faire surprendre. Elle avait déjà tant redouté que Malcolm ne la contacte alors qu'elle était avec son grand-père.

-Merci Malcolm.

-A ton service. Répondit-il avec amusement.

Maggie coupa la communication et rejoignit John dans le salon qui s'était mit en tête de rajouter une bûche de bois dans la cheminée. Le vieil homme se redressa difficilement en se massant le dos, il repoussa même Maggie qui tentait de l'aider.

-C'est bon, c'est bon, dit-il en grimaçant. Je ne suis pas encore infirme, je peux me relever sans aide.

-Tu n'es plus très jeune, le docteur t'a conseillé de te reposer. D'arrêter de toujours vouloir en faire trop. Tu devrais rester couché plus souvent.

Il se mit à glousser.

-Avec les ennuis que tu as sur le dos, tu crois que je vais tranquillement rester au chaud ? Jamais de la vie ! Si tes parents n'étaient pas à l'étranger ils tiendraient le même discours que moi.

Maggie soupira, tout en sachant que son grand-père aurait toujours le dernier mot. Inutile d'insister. Elle se leva et quitta le salon.

-Je vais prendre l'air pour me changer les idées, j'ai une réunion très importante dans peu de temps et j'ai besoin de m'aérer. Mentit-elle en enfilant un bonnet en laine.

John l'avait suivie et s'appuyait sur l'embrasure de la porte. Il lui souriait comme si elle avait encore quatre ans.

-Va ma grande, je suis bien content que tu ais enfin tourné la page sur cette histoire. Je ne te cache pas que j'étais très inquiet à ton sujet.

-Ne t'en fait pas, c'est du passé.

Maggie ouvrit la porte et lui fit signe de la main. John la regarda s'éloigner, bientôt elle ne devint plus qu'une silhouette, avant de disparaitre au coin de la rue. Contrairement à ce que pensait Maggie, il avait une idée en tête. Pour ne pas l'oublier, il griffonna sur son paquet de cigarettes : Important : Penser à téléphone à Malcolm.



N'avoue jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant