Maggie n'avait pas besoin de ses yeux pour comprendre qu'un inconnu venait d'entrer dans sa chambre. Elle était à peu près sur qu'il s'agissait d'un homme, ces pas lourds et irréguliers ne peuvent pas venir d'une femme. Elles ont la plupart du temps des talons qui claquent sur le carrelage. Quoiqu'il en soit, elle n'était pas seule. Au début elle cru qu'il s'agissait du Dr Vekman venu la calmer avec un verre d'eau et des médicaments, elle ouvrit les yeux et se redressa sans faire de bruit et s'immobilisa.
Le sourire que formaient ses lèvres se figea. Elle avait vu juste, il s'agissait bien d'un homme, mais ce n'était pas le Dr Vekman. Bien trop grand et trop baraqué. L'inconnu lui tournait le dos et fouillait dans le placard. Elle hésita un court instant à l'interpeller quand son sixième sens féminin le lui déconseilla. Un signal s'était allumé pour la prévenir, le message était clair.
Danger.
Sans attirer l'attention de l'inconnu, elle se rallongea et ferma les yeux. L'attente qui suivit lui tortura l'esprit, il n'y avait plus que ce silence angoissant qui lui parvenait. Comme si l'homme avait comprit qu'on l'observait. Etait-il sortit de la chambre ? Probablement pas puisqu'elle n'entendit pas la porte s'ouvrir ou se fermer. Redoutant ce qu'il venait faire ici, elle s'efforça de paraître le plus détendu possible. Les pas lourds recommencèrent, mais ceux-ci étaient devenus lents, presque hésitants. Avant qu'elle ne cherche à comprendre ce qui se passait autour d'elle, la porte de sa chambre s'ouvrit sur Madeline et John.
Elle ouvrit les yeux avec une lenteur extrême et retrouva son sourire en reconnaissant ses visiteurs. John s'était assis sur le coin du lit, il la prit dans ses bras en lui murmurant :
-Tu m'as fait une de ces peurs ma chérie...
Elle ne trouva pas la force de lui répondre, elle avait un mal de tête à hurler tant les parois de son crâne étaient compressés à la manière d'une pomme de terre dans un presse-purée.
Enlacé par les bras de son grand-père, elle sentait à travers son pull en laine la respiration régulière du vieil homme.
Madeline les avait observés un court instant en souriant avant d'aller vérifier que les persiennes étaient fermées correctement. Il faisait tellement froid dehors qu'elle devait veiller à ce qu'il n'empiète pas sur le chauffage central. Elle régla ensuite les radiateurs au maximum avant de prendre le pouls de Maggie.
John l'avait relâchée mais ne pouvait s'empêcher de lui caresser affectueusement les cheveux. Madeline fut soulagée de constater que le pouls de Maggie était redevenu normal.
De son côté, le grand-père avait déjà engagé la conversation avec sa petite-fille :
-Tu as besoin de quelque chose ?
-N-non, tout va bien.
John lui prit la main.
-Ne me mens pas Maggie, je sais tout, murmura t-il. Les infirmières m'ont mit au courant pour cette nuit. Je sais que tu n'es pas au meilleur de ta forme.
-Je vais beaucoup mieux, la rassura t-elle en s'asseyant sur son matelas. Il lui semblait dur comme une dalle de béton.
-Tu as prévenu maman ? Lui demanda t-elle avec inquiétude.
Le vieil homme secoua la tête. Maggie réussit à décrocher un sourire en guise de remerciement. Ses parents en voyage à l'étranger avec sa grand-mère ne devaient pas en savoir plus sur ce qui lui arrivait. Sa grand-mère avait fait un AVC quand Maggie avait été blessée à la jambe lors d'une intervention, elle ne voulait en aucun cas que cela se reproduise.
-Tes parents n'en savent rien.
-Tant mieux, je ne veux pas qu'ils s'inquiètent. Pour une fois qu'ils ont acceptés que je leur offre un voyage l'étranger. Je leur devais bien ça.
John observait du coin de l'œil la jeune infirmière qui semblait écouter leur conversation. Avec son tact habituel il lui demanda si elle pouvait aller chercher un remontant pour Maggie.
Croyant qu'il s'agisait dans le seul but de remonter le moral à sa petite fille et non de la faire sortir de la chambre, Madeline opina.
-Bien sur, je crois qu'il y a une bouteille d'eau dans le placard. Ne vous dérangez pas, je vais y aller moi-même.
*
L'oreille plaquée contre les portes coulissantes du placard, le cœur battant à cent à l'heure, les mains crispées sur ses cuisses, la respiration coupée, le Dr Schumake espérait qu'aucun des trois n'ait l'idée de jeter un coup d'œil dans le placard. Depuis son vulnérable blockhaus, il pouvait entendre tout ce qui se disait et même assister aux scènes comme au théâtre. Il avait pour cela légèrement fait coulisser sur la droite la première porte, la mince ouverture invisible à première vue lui suffisait pour comprendre ce qui se déroulait à quelques mètres de lui.
Il eut droit aux quelques mots échanger entre John et Maggie qu'il jugea sans aucune importance. Il aurait préféré que Maggie lui confie ses éventuels soupçons mais elle restait étrangement muette à ce sujet. Sa seule déception fut de ne pas pouvoir épier Madeline, il ne pouvait entendre que ses pas discrets, il lui sembla qu'il s'agissait de pas lents. Son regard fureta un long moment à la recherche de la jeune infirmière mais aucune fille vêtue d'une blouse ne passa dans son champ de vision.
Il eut le droit d'entendre le son de sa voix au moment même ou sont pouls s'emballait à la manière d'un métronome déréglé. Il avait entendu le mot « placard » et cela avait suffit a transformer son cœur en une bombe a retardement.
A quelques centimètres de son iris, la main de Madeline s'approchait pour faire coulisser la porte.
Non !
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N'avoue jamais
Mystery / ThrillerQue se passe t-il dans la clinique de Fernlake ? Cette femme que certains croient apercevoir dans les couloir, existe t-elle réellement ? Et ces morts soudaine de nourrisson ?