N'avoue jamais

Dans les abimes de la mémoire

Longtemps encore, Maggie se demanda comment elle s'était débrouillée pour passer aussi près de la mort deux fois en l'espace de 24 heures. Sa curiosité n'avait d'égale que son entêtement, elle le savait bien. Dès lors que cette clinique avait fait reparlé d'elle, la promesse qu'elle avait faite aux parents de David lui avait rafraichit la mémoire.

David, il ne fallait surtout pas qu'elle se mette à penser à lui. Tout mais pas ça. David était le jeune fils d'une famille anglaise, la mère était dans la presse et le mari un grand chef étoilé.

David avait vu le jour dans cette clinique et y avait trouvé la mort peu de temps après. Arrêt cardiaque selon les médecins, rien de suspect. Ce n'était bien évidemment pas l'avis des parents et Maggie était venue y mettre son grain de sel. S'en était suivie une fouille de tous les bâtiments de la clinique, la propriété privée du Dr Schumake inclue. Sans succès. Elle ne savait pas très bien ce qu'elle comptait trouver mais pensait se rattraper en approfondissant ses recherches.

Aucune infirmière n'avait décelé quelque chose de suspect et l'absence de caméras de surveillance ne lui facilita pas la tâche. Au point qu'elle n'en dormait plus. Le visage bleu et gonflé du jeune David la poursuivait jusqu'au fin fond de ses cauchemars. Duran de longues semaines, David vivait dans ses rêves, hantait ses pensées le jour, et était absent des bras de sa mère. Pourquoi s'était-elle autant investit dans cette affaire ? Parce qu'elle ne supportait pas de voir une mère sans son fils. Faire éclater la vérité ne le lui rendra pas, mais évitera à d'autres de connaître le même sort.

N'étant plus que l'ombre d'elle-même, son supérieur, le commissaire Malcolm l'avait forcée à poser quelques jours pour qu'elle retrouve le sommeil et de l'appétit. Ses collègues, y comprit Sean ne la reconnaissait plus. Certains allaient même jusqu'à dire qu'elle était devenue comme Norman Bates, une fille ravagée et séparée en deux. La première est une fille responsable qui sait ou elle va, en revanche la deuxième est une hystérique, qui ne pense plus qu'à une seule chose, chercher le mal là ou il est absent. Ignorant toutes les recommandations de ses proches, de ses parents et de ses collègues, Maggie avait sombrée dans une angoisse perpétuelle.

Le gouffre dans lequel elle entamait sa descente aux Enfer semblait sans fin. Chaque jour son humeur devenait un peu plus massacrante qu'a l'accoutumé. Il faut dire qu'il lui arrivait de ne pas dormir de la nuit et de se contenter du strict minimum à chaque repas. La maigreur et la fatigue se dessinait sur son visage, ses traits s'étaient durcis, ses joues n'étaient plus que de sombres crevasses et ses yeux broyaient du noir.

L'affaire avait finit par se tasser, s'il on peut parler d'une affaire, officiellement il n'y avait pas eut une véritable enquête. Il aurait d'abord fallu prouver que la mort du jeune David était tout sauf naturelle. Au fur et à mesure que le temps passait, Maggie se refaisait une santé. Son moral qui jusqu'à présent était au plus bas remonta en flèche. Elle ne pensait plus à cette clinique, les mauvais jours lui semblaient bien loin.

Jusqu'à ce fameux matin.

Il lui arrivait encore d'entendre la radio diffuser ce message :

Un drame s'est déroulé cette nuit à la clinique de Fernlake, une petite fille de huit semaines avait été admise au service de pédiatrie après sa naissance en raison d'une bronchite. Le Dr Schumake ainsi que son collègue, le Dr Vekman l'avait placée sous respirateur artificiel. Les parents, rassurés par cette prise en charge rapide pensait que la petite ne risquait plus rien. Dans la nuit du 4 au 5 décembre, leur fille à succombée des suites de sa maladie. Son cœur a cessé de battre, et les médecins sont arrivés trop tard pour la sauver...

David et sans doutes d'autres étaient morts.

Maintenant Amy.

Elle avait bien faillit être la suivante sur la liste. Cela s'et joué à quelques secondes si elle en croit les dires du Dr Vekman. S'il n'avait pas été là, elle ne serait plus de ce monde. Maggie avait encore du mal à y croire. Depuis son lit d'hôpital, allongée sur le dos, elle fixait le plafond. Madeline était venue la rejoindre depuis peu et lui avait expliqué avec plus de détails ce qui lui est arrivée cette nuit.

Elle n'en croyait pas ses oreilles. Comment avait-elle pu être quelques instants entre la vie et la mort sans en avoir un maigre souvenir ? Mais après tout, peu importe. Ce qui lui est arrivé n'a fait que renforcé ses soupçons, Madeline lui avait confié d'un ton calme : « C'est une jeune infirmière qui a fait une erreur dans le dosage, le Dr Schumake la renvoyée ce matin même ».

Bien essayé mais ça ne prends pas, avait-elle pensée. Madeline était peut-être tombée dans le panneau mais elle, n'avait pas mordu à l'hameçon. Une erreur de surdosage, c'est tout ce qu'ils avaient trouvés pour se justifier mais pour elle le message était clair : elle était devenue dangereuse et on avait voulu la tuer. Si tout s'était passé comme prévu, on en aurait conclu à un accident. Maggie avait apprit à ne pas porter de conclusion trop hâtive, mais plus elle retournait la question dans sa tête plus elle mettait le Dr Schumake dans la case « coupable ».

Et elle dans la case « future victime ».