Sharon

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Comme tous les vendredi soir, Nathan Vekman s'accordait un temps de repos, passé 21 heures il quittait la clinque. Le cœur lourd. Ses patients avaient besoin de lui mais il n'avait pas le choix. Il ne rentrait chez lui que trois fois par semaine, moins il voyait sa femme mieux il se portait. Sharon devenait de plus en plus envahissante. En quittant la clinique, il se demandait pourquoi il ne prenait pas un appartement dans Londres pour se reposer.

Sharon n'y verrait que du feu, il était sur qu'elle ignorait tout de son quotidien. Il lui suffirait de trouver un prétexte rudimentaire et il passerait de meilleurs soirées.

Plus fatigué qu'a l'accoutumé, Nathan déboucha dans une rue tranquille et s'arrêta au numéro 9. Lui et sa femme habitaient dans une petite maison de forme rectangulaire se composant d'un seul étage. Une idée de Sharon, elle ne voulait pas plus d'un étage, ses jambes se fatiguent. Son cœur également. Il lui était arrivé de prier pour qu'il s'arrête pour de bon.

Il n'aurait jamais du épouser Sharon, au début elle avait tout pour être la femme parfaite. La maison dans laquelle il venait de rentrer avait été leur premier achat. Nathan venait tout juste d'être admis dans la clinique Fernlake. C'était le début de deux années de bonheur. Le Dr Schumake avait encore sa femme au près de lui, Nathan avait Sharon. Ils étaient heureux.

Il se souvint de leurs escapades nocturnes. Parfois, ils se retrouvaient dans le bureau de Nathan, enlacés. C'était il y a moins de trois ans, pourtant il semblait s'être écoulé une éternité depuis la dernière fois qu'il avait succombé à son charme. Sharon ne représentait plus rien à ses yeux, il ne la quittait pas pour ne pas lui faire de peine. D'ailleurs que deviendrait-elle s'il la quittait maintenant ? Elle avait dépassé depuis longtemps la trentaine et sa santé n'était pas à envier.

Il ne la supporte plus, mais il n'oserait pas se comporter comme un monstre. Comment pourrait-il lui avouer que depuis longtemps il joue la comédie ? Comment faire comprendre à Sharon qu'elle l'étouffe. Pendant ces longues soirées en sa compagnie, Nathan s'étiolait de plus en plus. Tandis qu'elle l'assommait des derniers potins du quartier, il avait presque envie de l'étouffer avec son tricot.

Nathan entra dans le petit hall retapissé récemment et retira son manteau.

Depuis l'œil de bœuf, il pouvait voir un grand manteau blanc épais recouvrir le toit de sa voiture. Dans cette maison, il ne devait pas faire plus de 20 degrés. Agacé, il marcha jusqu'au fourneau et y ajouta la plus grosse bûche de bois qu'il trouva. Il profita de cet instant, avant que Sharon ne s'aperçoive de son arrivée. Elle doit encore être dans sa chambre, à faire la sieste, pensa t-il en se frictionnant les mains.

Dans la cuisine, la table était mise et un superbe pain de viande fumant y trônait.

Nathan ne douta pas une seconde que Sharon avait profité des services de son traiteur préféré, la cuisine ce n'est pas son fort. Le ménage non plus, la seule chose qu'elle sait faire c'est tricoter. Sa seule passion.

Nathan entendit des pas précipité provenant de l'étage, Sharon devait l'avoir entendu entrer dans la cuisine. Les vieilles marches de l'escalier craquaient sous les soixante quinze kilos de Sharon. Elle devrait faire du sport, cela résoudrait ses problèmes cardiaques. Mais Sharon préférait opter pour le mode le plus simple qui puisse exister, les pilules pour maigrir. Nathan se gardait bien de lui faire remarquer que ces médicaments ne lui rendraient pas sa silhouette d'autrefois.

Quand il pense que dans sa jeunesse, Sharon avait un corps de mannequin. L'épave qu'elle était devenue le révulsait. Comment peut-on se laisser aller à ce point ? Rien de plus simple quand on est sans emplois et qu'on a la chance d'être marié avec un médecin Sharon n'est pas un panier percé, elle dépense très peu. En revanche, Nathan est persuadé qu'elle n'a jamais lâché un seul penny pour les impôts ou pour divers achats.

N'avoue jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant