Dans le feu de l'action

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Le Dr Vekman n'aurait jamais cru qu'un jour il resterait aussi longtemps accroché à son téléphone portable. A l'autre bout du fil, sa femme Sharon le suppliait de rentrer. Elle avait besoin de lui. La connaissant comme s'il l'avait faite, Vekman avait décelé sous ses mots doux une pointe d'amertume.

Il la repoussa avec son tact habituel. Comme le lui avait apprit sa mère, avec de la patience on obtient tout d'une femme.

-Sharon, j'ai beaucoup de travail à la clinique, je ne pourrai pas rentrer demain soir pour le dîner.

-Le travail, toujours le travail et moi au milieu de tout ça ?

Malgré qu'il connaisse sa femme sur le bout des doigts, à savoir que c'est une manipulatrice née doublée d'une formidable comédienne, il devait reconnaître qu'il était loin d'être l'époux parfait.

Ce n'est pas une vie que d'être la compagne d'un médecin débordé par son travail. Rester seul chez elle, à passer en revue les petites annonces, à inviter les voisines pour le thé. Ses sorties se limitent aux rendez-vous chez le médecin pour lutter contre son surpoids ou aux sorties cinémas avec ses amies. Depuis combien de temps ne s'était-elle pas endormie dans ses bras ? Une éternité.

A leur rencontre, le soleil de leur amour était à son zénith, mais il semblait qu'une éclipse s'était interposée entre eux. Leur brouillant la vue, à tel point que l'un des d'eux en oublie l'autre.

Vekman s'en voulait, mais il ne pouvait plus faire marche arrière. Il avait décidé d'écrire un nouveau chapitre, dans lequel sa femme n'occupait plus qu'un rôle secondaire. Le premier ayant été attribué à son travail, il l'avait glissée dans la case souvenirs.

Pourquoi leur vie de couple idyllique s'était-elle transformée en celle de deux étrangers qui ne font que de se croiser un jour par semaine ? Lui seul le savait. Mais il ne pouvait pas lui en parler. Au début Sharon était lumière, mais comme toute lueur, elle a connu sa fin. Le soleil était devenu une lune, marquée par la vieillesse et sa faiblesse d'esprit.

Sharon s'égosillait à l'autre bout du fil.

-Jonathan, si tu ne veux plus de moi autant me le dire.

Vekman ne savait plus quoi lui répondre. En même temps il avait envie de lui dire la vérité et en même temps il ne voulait pas la blesser. S'il la laisse partir, qu'adviendra-t-il de cette pauvre créature ? Ce n'est pas l'intelligence qui lui manque, mais elle n'est pas faite pour survire seule dans cette jungle.

-Sharon, ce n'est pas ce que tu crois. Si tu veux que cela cesse tu n'as qu'à venir t'installer ici, dans mes appartements. Il y a de la place pour deux. Le Dr Schumake n'y verra aucun inconvénient.

Il pensait avoir trouvé la bonne solution pour la calmer, mais on ne résonne pas une femme de son tempérament aussi facilement.

-Nos ennuis seraient les même. La preuve, on est au beau milieu de la nui et tu es encore en plein boulot, quand est ce que tu comprendras que je n'attends de toi qu'un minimum d'attention.

Si seulement je pouvais. Il aimerait lui dire ce qui l'en empêche, il ne peut plus s'éloigner de cette clinique. C'est devenu sa deuxième maison, ses patients sont ses enfants, il leur donne tout l'amour possible et eux savent bien le lui rendre. C'est peu être un des défauts de Sharon, elle ne sait que recevoir.

Il consulta nerveusement sa montre et réalisa que leur conversation venait de dépasser la demi-heure. Il ignorait comment il avait pu supporter Sharon en train de geindre et de se plaindre, de répéter que la vie est injuste avec elle. Elle n'a qu'à venir voir ici, voir ceux avec qui la vie a réellement été injuste. Ils n'ont pas fait de mal à qui que ce soit et voit la lumière du jour avec une terrible maladie en eux.

N'avoue jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant