Ses mains s'étaient soudainement crispées sur le volant quand il avait écrasé l'accélérateur. Les quelques mètres qui le séparaient de Maggie furent franchi en deux secondes. Sans aucune hésitation, il percuta la jeune femme.
Projeté contre le pare-brise, il était sur qu'elle n'avait pas pu distinguer son visage. Il n'attendit pas que son corps heurte le sol pour poursuivre sa route. Des gouttes de sueurs perlaient sur son front mais l'adrénaline avait disparue. Jamais le Dr Schumake n'avait sentit sur lui une telle pression.
Alors que sa fidèle Citroën obliquait sur la droite pour entrer dans le parking de la clinique il réalisa qu'il n'était pas sur les emplacements réservés au personnel. D'abord inquiet, il finit par se convaincre que ça ne pouvait pas lui nuire.
Il était clair que la police ne croira pas à un accident, elle cherchera l'assassin de Maggie Willard mais rien ne pourra relier sa mort avec cette clinique. Qu'il gare sa voiture dans le parking public ou privé, cela ne changera rien. La police n'a aucun moyen d'identifier la voiture du responsable.
Nerveusement, il ouvrit la portière et inspecta tout de même l'avant du véhicule. Il cherchait la moindre rayure sur le capot et vérifia le pare brise. Sa main cherchait la moindre trace, et il finit par remarquer qu'il ne restait qu'un petit morceau d'un de ses essuie-glaces. Merde !
Paniqué, il sentit un flot d'adrénaline le parcourir. Il vérifia que l'essuie-glace n'était pas retombé au niveau des roues du véhicule mais c'était peine perdue.
Il fallait qu'il se rende à l'évidence : le choc avait été si violent qu'un de ses essuie-glaces s'était cassé et la moitié avait due retomber près du corps de Maggie. Il devait y avoir 1℅ de chance pour que ses essuie-glaces soient touchés lors de l'impact et c'était arrivé.
Ou bien Maggie s'est désespérément accroché à l'un d'eux avant d'être violement projetée en arrière. Il aurait du vérifier qu'il n'avait laissé aucune trace avant de la laisser agoniser. Ils étaient seuls dans la rue, il ne risquait rien.
Maudissant sa négligence, il attrapa le dossier qu'il avait posé sur le siège passager et marcha d'un pas décidé vers la petite maison au toit d'ardoise. Le froid lui mordait les joues mais il s'en moquait bien.
Ce qui comptait avant tout c'est sa sécurité.
D'abord déposé ce dossier sur le bureau de son confrère et ensuite trouver une solution à son problème.
Se forçant à sourire, il pénétra dans le hall chauffé et monta les escaliers quatre à quatre. Plus vite il aura rendu ce dossier à Vekman, et plus vite il pourra se réfugier dans son bureau. Vekman n'était pas dans son bureau, il pensa tout naturellement que son acolyte terminait ses visites au service pédiatrie. Il ne va pas tarder à rentrer.
Tout en vérifiant qu'il ne s'était pas trompé de dossier, il le plaça à côté de la pile de paperasse que son collègue étudiait.
Bien qu'il se forçait à chasser de son esprit la vision d'un agent de police découvrant un essuie glace réduit en morceaux près du corps de Maggie. Quelle serait sa réaction ? Elle est toute trouvée, lui et ses collègues en concluront sans réfléchir qu'il provient de la voiture du meurtrier. Mais pour retrouver une voiture à laquelle il manque un essuie-glace, ce ne sera pas une mince tâche.
Peut-être se décourageront-ils avant, d'ailleurs pourquoi irait-il jeter un coup d'œil sur les voitures stationnées sur le parking de sa clinique ? Il repensa à sa Citroën, peut-être avait-il fait une erreur en la garant au milieu de celle des patients. Il ne pouvait rien faire, si ce n'est la changer de place, ou alors attendre que cela se passe.
Il réfléchit quelques instants dans le couloir, se demandant s'il avait encore le temps de retourner sur les lieux de son crime. Avait-on déjà découvert le corps ?
Sans doute.
L'angoisse de voir sa carrière s'effondrer à cause d'un essuie-glace s'était abattue sur lui comme un faucon fond sur sa proie. Abattu, il se barricada dans son deuxième bureau de la clinique.
Le feu dans la cheminée le réchauffa quelque peu, le rapide déjeuné qu'il avait avalé lui semblait bien loin. La faim le torturait, comme s'il jeunait depuis deux jours. Alors qu'il observait les flammes jaunâtres lécher l'âtre de la cheminée, la scène de l'accident se déroula à nouveau sous ses yeux. Sauf que cette fois là, il en était le spectateur, comme s'il s'agissait d'un film.
Il vit sa Citroën percuter de plein fouet la jeune femme. Comme s'il était dans une salle de cinéma, il y eut un claquement semblable à un coup de tonnerre quand Maggie fut soulevée du sol par le véhicule.
La vision disparue et une autre s'imposa. C'était Maggie qui se relevait après l'accident, sans une égratignure, comme s'il n'y avait pas eut d'accident, comme s'il l'avait manquée.
Il revint à la réalité quand l'infirmière Madeline Bheebe fit irruption dans son bureau. L'expression sur son visage ne laissait rien entrevoir de bon.
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N'avoue jamais
Mystery / ThrillerQue se passe t-il dans la clinique de Fernlake ? Cette femme que certains croient apercevoir dans les couloir, existe t-elle réellement ? Et ces morts soudaine de nourrisson ?