Doutes

19 4 3
                                    

Mais quelle idiote !

Ecumant de rage, William venait de quitter la jolie infirmière qui lui avait refusé d'entrer dans la chambre de Maggie. Il avait pourtant joué le type décontracté qui ne demande qu'a rendre service, une simple visite à une accidentée ce n'est pas la mer à boire. Il ne l'avait pas imaginé aussi suspicieuse, toutes ses tentatives, ses techniques d'approches s'étaient révélées obsolètes.

La jeune infirmière était aussi mignonne qu'intelligente. Peut-être aurait-il dû insister ? Le policier dans l'ambulance ne l'avait pas rappelé, visiblement on n'avait plus besoin de lui. On avait promit de le contacter s'il y avait du nouveau et depuis son arrivée à la clinique son téléphone portable est resté muet. Aucun nouvel élément.

Pourtant les policiers auraient du trouver quelque chose. William s'était souvenu de ce détail au moment du choc frontal entre la Citroën et la jeune femme. Il avait nettement vu un des essuie-glaces de la voiture du chauffard céder et se détacher du pare-brise. Logiquement, ce morceau de plastique aurait du être retrouvé près du corps, mais si ça avait été le cas les policiers l'auraient retrouvé à l'heure qu'il est.

Devant cette conclusion, William avait entrevu deux possibilités : soit l'essuie-glace a été retrouvé mais a été négligé par les enquêteurs, ce qui est peu probable. Soit, et c'est sans doute l'hypothèse la plus plausible, l'essuies glace s'est glissé dans le manteau de la jeune femme.

C'est quand son corps a été projeté en arrière que la longue tige de plastique devait s'être faufilée entre elle et sa veste, c'est pour cette raison que William tenait tant à enter dans la chambre.

Si tout s'est passé comme il l'a imaginé, l'essuie-glace doit encore se trouver dans ces vêtements. Ce n'est pas pour rien qu'il avait demandé à l'infirmière s'il on avait trouvé quelque chose d'insolite dans ses vêtements. Mais celle-ci n'en savait pas plus que lui. D'ailleurs même si elle l'avait su, elle serait restée muette comme une tombe.

Dépité et honteux, William marmonna un rapide bonsoir à la standardiste qui lui souhaitait une bonne fin de journée. La neige vint lui coller au visage, se frayant un chemin dans l'allée il fut forcé de rejoindre le parking réservé aux patients. On lui avait informé que son véhicule y avait été garé par les policiers.

William savait qu'il aura du mal à passer une bonne soirée, cette histoire d'essuie-glace ne cessait de le hanter. Pour lui, il s'agit là d'un élément important dans cette enquête. C'est sans doute le meilleur moyen pour retrouver la voiture de l'agresseur.

C'est du moins ce qu'il avait pensé sur le moment.

Mais c'était absurde, comment peut-on retrouvé une voiture a la quelle il manque un essuie-glace dans Londres ? Il doit y en avoir plus d'une et ce n'est pas une mince affaire.

Il avait longtemps hésité à contacter la police. Il le prendrait pour un fou. Croiraient-ils à son histoire ? En y repensant, il se demandait s'il était bien sur de ce qu'il avait vu. Tout s'était passé si vite. La Citroën lui était passée devant comme une flèche. Et il n'était pas bien placé pour voir distinctement les détails de la scène.

C'était peine perdue.

Pestant contre le mauvais tant, William souffla dans la paume de ses deux mains pour se réchauffer. Machinalement il sortit ses clefs et chercha du regard sa voiture. Il fut frappé par une vision cauchemardesque. La sensation tait si forte qu'il cru recevoir un violent coup de point dans l'estomac.

Le souffle coupé, il avança lentement près d'une grande voiture blanche. Reconnaissable entre mille. Une superbe Citroën Zx, identique à celle de l'agresseur. Il remit ses clefs de voiture dans son pantalon et hésita avant de poser sa main sur le capot du véhicule. Son regard scruta le pare brise et ce qu'il vit mit fin à ses doutes.

Il manque un essuie-glace !

Son sang se glaça, tout semblait s'effondrer autour de lui. Tout se chamboulait dans son esprit, la scène se déroulait à nouveau sous ses yeux. Cette Citroën qu'il avait vue une heure plutôt, se tenait devant lui. Sauf que son chauffeur avait déserté le siège conducteur.

William observa encore la voiture avant de se rendre à l'évidence. Il n'y a pas de doute, c'est bel et bien cette voiture qui a faillit coûter la vie à une jeune femme pas plus tard qu'en début d'après-midi.

Ce n'était plus de la surprise qu'il ressentait, mais bel et bien de l'angoisse. Il était devenu un témoin gênant. Son sixième sens lui conseilla de surveiller ses arrières, il scruta l'horizon mais ne décela personne. Il était seul.

Comme si la Citroën était devenue une bombe à retardement, il se mit à reculer sans la quitter du regard. Il n'avait aucun moyen de désamorcer cette machine infernale. Le mal était fait. L'envie de prévenir la police le démangeait, mais la volonté d'agir seul le tentait.

Après tout, il n'avait qu'à attendre demain pour rendre visite à cette jeune femme. Il n'aura aucun mal à lui expliquer ses récentes découvertes, pas besoin de la police. William jeta un dernier coup d'œil dans son dos avant de marcher d'un pas décidé vers sa voiture.

Tout en démarrant le moteur, il sentit son cœur manquer un battement. A peine conscient des risques qu'il venait de prendre, il se jura de revenir demain à la première heure. Il ne pouvait de toute façon pas attendre.

Même s'il était persuadé d'avoir retrouvé le véhicule du chauffard, il restait néanmoins troublé. Pourquoi était-il venu sur ce parking ? Pourquoi prendre un tel risque ? Est-il parmi les patients de cette clinique ? Représente t-il un danger pour la jeune accidentée ? Est-il revenu pour achever sa besogne ?

Secouant la tête, il écrasa la pédale de freins. Il avait calé au milieu de la route déserte, devait-il faire demi-tour ? Après quelque seconde de réflexion il remit le moteur en route sans faire marche arrière. Mieux vaut ne pas se précipiter.

Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation.

Ni imprudence et réel danger.


N'avoue jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant