Je viens de perdre cinq centimètres, juste par la trouille. Madame Mim décide d'intervenir : elle pousse mes amis tandis que je décolle le chemisier de ma poitrine en ouvrant la bouche pour parler, puis elle me hurle "tu représentes l'agence et ses valeurs", et sa voix trop aigüe fait exploser un truc qui cuisait au comptoir.
Le grec crie "Merde !", se retourne, fonce vers le bar, me voit, manque de tomber, fait "ah !" en souriant, soulève la poële, me dit "...tu es là !", et l'instant d'après, je me vois lui faire la bise. Il a une main sur mon épaule, l'autre tient toujours la poële.- Ca va Mélie ?
- Oui ! C'est chouette... il fait beau, hein ?
- Merci. Et toi, toujours aussi belle, hein...
C'est bête... je sais bien que c'est des banalités, comme parler de la météo, mais je ne peux rien y faire : les petites gentillesse ont le pouvoir de débrancher un instant mon cerveau, pour m'atteindre droit au coeur. Ça ne dure chaque fois que quelques secondes, mais c'est toujours déroutant pour moi.
Madame Mim recule, s'allonge sur le bain de soleil, et observe. Pourquoi il a dit "Merci ?" ...c'est lui, qui a payé le soleil pour briller aujourd'hui ?
Il regarde son plat d'un oeil dépité :- Mince... je me faisais une joie de te faire goûter ça...
- Ça a l'air bon. ...Juste un peu éclaté, quoi...
- Installe-toi ! Je te sers à boire ?
Le cuir de mes fesses embrasse celui, toujours pâlichon, d'une nouvelle banquette. Sans commentaire cette fois, parce que l'heure n'est pas à la rigolade : il me faut trouver une posture... qui représente les valeurs de l'agence.
J'adopte la version genoux serrés, pieds écartés, pour contrebalancer ce que je m'apprête à faire : la reine d'Angleterre, mains jointes gracieusement sur ma jupe si douce au toucher.- Je te fais un cocktail, d'accord ? Tu aimes les fruits ?
- Bien sûr ! J'adore !
- Avec ou sans alcool ?
- Avec, s'il te plaît. Mais juste un peu, pas trop fort.
Les deux verres déposés, le grec s'installe en face de moi.
- Je suis vraiment content que tu sois là ! Vraiment.
- Moi aussi... Il y a d'autres passagers, sur ce bateau ? Ou tu l'as réservé pour toi tout seul ?
- Juste nous !
- Il est... à toi, ce bateau ?
- À mon oncle. Qui est mort.
- Ah... désolée.
Je baisse la tête sur ma poitrine au thème blanc plus rouge égale rose et mes cuisses gainées de leurs reflets satinés, je cherche toujours ma contenance.
- Ce n'était... pas un homme très bien, pour ce que j'en sais. Ce yacht, c'est la seule bonne chose à laquelle il consacrait un peu de temps. Mais mange, vas-y, sers-toi ! Tu peux piocher, c'est comme ça qu'on fait ! Tu aimes, les légumes grillés ?
- J'adore ! C'est toi qui a préparé tout ça ?
Note intérieure : arrêter de dire j'adore à tout bout de champs.
- Pour toi ! Et pour moi aussi, hein ! La cuisine, c'est une passion, de mère en fils ! Je te ferai goûter d'autres plats de chez nous, si tu veux. Mais si tu n'aimes pas, on fera autre chose. Des pâtes...
J'éclate de rire à cette remarque - voilà une contenance ! Pour lui aussi, d'ailleurs.
L'ambiance se déride doucement. Son naturel m'aide à oublier que cet homme m'a achetée, et habillée, mais Madame Mim me rappelle régulièrement de servir à notre contrat ce pour quoi il a payé... il souhaite voir, et non toucher : ma trop encombrante bague rouge me le rappelle, d'ailleurs, à chaque mouvement de ma main gauche.
Je fais quelques essais timides pour mettre en valeur ce qu'il a choisi, ici je caresse doucement le cuir de ma jupe, là j'ose croiser les jambes et montrer un peu de ma cuisse en même temps que mes beaux petits talons, et chaque fois qu'il s'éloigne, je fais bouffer mon chemisier pour effacer ce rouge dont il a gainé ma poitrine.
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Une croisière en cuir
AbenteuerJ'ai ouvert le long zip métallique de la robe. Celui-ci descendait jusqu'au milieu de mes fesses : j'engageai mes pieds joints dans l'ouverture pour glisser mon corps dans le cuir, une fine doublure faisant son maigre office de barrage entre la peau...