Bien. Il doit être... je ne sais pas. Tard, mais quatorze heures à nos horloges internes, je dirais, dans la mesure ou nous avons fini de manger depuis un petit moment déjà. Je reprends mon journal en partant de ce matin ; je reviendrai en arrière un peu plus tard.
Ce matin, donc. Comment, je vais raconter ça, et à quel temps ?Naturellement, assise sur mon petit siège de verre, les pans de mon kimono ont choisi d'aller s'écarter sur mes cuisses. Puis le satin a glissé sur le satin, et tel un couple de rochers à marée basse, mes seins couverts d'or ont surgit du rideau qui s'ouvrait, honteusement avantagés par leur nouvel habit de lumière.
Ce matin...
Ce matin, je me suis fait piéger. En beauté.Ce matin, je me suis d'abord réveillée une première fois, vautrée sur le ventre, étalée dans mes draps tout doux. C'était chaud, j'étais bien, je me suis rendormie.
La deuxième fois, j'étais perdue entre deux mondes, dans les brumes que connaissent ceux qui ont trop dormi. Mi consciente, mi ailleurs. Et je me disais : "putain... aujourd'hui je passe la matinée nue avec lui."
Et je me répondais : "...pas grave. J'y suis prête."Je suis allée faire pipi, j'ai traversé la chambre à poil plusieurs fois, histoire de m'habituer à ma nudité. J'ai ouvert les volets, et histoire de donner à la mer la primeur de ma tenue du matin, j'ai plaqué mes deux mains un moment sur la baie vitrée. Un exercice difficile : tout mon être semblait soudain focalisé sur mon entrecuisse, comme si ma conscience s'était déplacée de mon cerveau vers cet endroit là. Impossible de bouger, de marcher, de faire mine de regarder les livres, sans garder en toile de fond une sorte d'hyperconscience de mon sexe exposé aux quatre vents.
Je n'avais pas le choix de toute façon. Y aller, ne pas réfléchir. J'ai tenté une dernière fois de secouer ma tête comme hier, mais ça ne marchait plus : profitant de mon sommeil, des mésanges avaient établi leur nid dans mes cheveux, côté droit. À gauche par contre, c'est une moissonneuse batteuse qui avait ratissé le terrain, pour n'habiller mon crâne que de quelques sillons tristement plats.
Je ne ressemblais à rien. Pourquoi m'interdire de me coiffer ? Désirer me voir nu, c'est une chose, mais nue comme ça...Fantasmette malgré tout, je suis partie vers la porte d'un pas décidé. Je savais qu'il n'y aurait rien pour moi dans le dressing, rien du tout... mais le règlement étant le règlement, j'ai ouvert le premier tiroir, nonchalamment, afin de bien montrer que je n'étais pas dupe à Madame Mim qui, cachée derrière le lit, m'espionnait en secret.
Ce fut ma première surprise de la matinée. Et cela n'allait pas être la dernière.
Il y avait là une paire de gants. Modèle princesse, très longs, tout fins, avec trois minuscules boutons ornant des ouvertures au poignet. Blancs cassé - ivoire. Soigneusement disposés, étendus de tout leur long.
La première pensée qui m'est venue, c'est "j'aimerais bien les essayer", aussitôt balayée par la seconde, qui m'a remis les pieds sur terre en un mini électrochoc : "je dois les porter."La matière était soyeuse, délicate, et... absolument pas élastique. Ma main droite buta à mi-chemin dans la manche, en amont de l'ouverture du poignet, et refusa catégoriquement d'aller plus loin dans le gant. J'avais beau insister, rien n'y fit, jusqu'à ce que l'idée me vienne de trousser le gant comme une chaussette.
Enfin, mes doigts allèrent trouver leurs places dans leurs petits fourreaux de satin. Difficilement : même là, c'était extrêmement serré, et il me fallut abondamment gesticuler pour permettre à ma main d'intégrer son moule de tissu. Je pus enfin détrousser la partie restante, et la remonter avec quelques difficultés sur mon avant bras, que l'étoffe fine et rigide étranglait avec une certaine élégance. Le coude passa sans trop de problème, et le gant s'arrêta là, quelques centimètres au-dessus de l'articulation.
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Une croisière en cuir
AbenteuerJ'ai ouvert le long zip métallique de la robe. Celui-ci descendait jusqu'au milieu de mes fesses : j'engageai mes pieds joints dans l'ouverture pour glisser mon corps dans le cuir, une fine doublure faisant son maigre office de barrage entre la peau...