Je ferme derrière moi la porte de ma chambre. Le loquet intérieur claque dans ses gonds, voilà ! Pchiou !
Paupières closes, je prends le temps de souffler un moment... je suis toujours sur mon nuage, je dois en redescendre, au moins un instant : libre à moi d'y retourner dans quelques minutes, mais pour l'heure, j'ai des consignes à suivre. Voyons...Je me remémore les instructions, elles sont claires dans mon esprit. Sitôt revenue dans ma cabine, je dois immédiatement quitter tout ce que je porte.
Je commence par les chaussures, que je jette immédiatement dans le... je décide de baptiser oubliette mon étrange panière à linge. Je dégrafe ma jupe, au dos, puis j'en extrais les pans de mon chemisier pour le déboutonner.
Mon reflet dans le miroir m'incite à danser un peu, et j'en rigole toute seule : je suis une fantasmonaute ! Je suis... Fantasmette ! Yes !Tout fière de ma trouvaille, j'inaugure mon nouveau nom de super héroïne en faisant tournoyer un peu mon chemisier avant de le balancer dans l'oubliette, puis je me mets à sautiller en regardant mon soutien gorge dans le miroir tandis que je force ma jupe à passer le cap de mes hanches. Le cuir doublé descend mes jambes en rappel, avant de s'avachir sur le sol en un dernier râle plaintif : Mission... accomplie... couic ! Merci la jupe, adieu la jupe ! Le soutien gorge dont le rouge m'a tant tourmentée en début de soirée la suit rapidement, et c'est à cloche-pied que je termine ma petite chorégraphie de strip-teaseuse pour m'extraire de la toute douce petite culotte.
Je m'arrête soudain devant l'oubliette. C'est quoi, ça ?
Je porte à mon nez la tâche qui orne le sous-vêtement... beurk ! Mon Dieu ! Je passe la main sur mon entrecuisse... oh merde !
Je me retrouve paralysée, immobile devant le meuble, ma culotte dans une main, l'autre huilée de mes sécrétions intimes. Oh merde !La question se pose de nouveau à moi, plus cruellement cette fois : il y a quoi, derrière la trappe de l'oubliette ?
Deux réponses possibles se présentent d'emblée à mon esprit... Un : il y a un sac en plastique, qui sera fermé, puis donné tel que à une entreprise de nettoyage. Qui ne sait pas que c'est moi qui portais la culotte. Deux : il y a le grec, qui va récupérer tout ça, sentir une odeur bizarre émanant d'un petit bout de soie rouge, et ne verra plus en moi que la fille qui s'est... lubrifiée pour lui.
Sarah vient dans la chambre sans que je l'invoque, et après une petite tape sur mes fesses nues, elle prend un malin plaisir à ajouter : "oui... et peut-être même qu'il prendra son pied à y sentir l'odeur de ton corps... qu'il va la frotter sur son visage... et alors ? C'est chouette !"Je chasse Sarah immédiatement. Bon. Il suffirait que je la lave avant... mais...
Je me dois de faire ici une aparté, parce qu'un autre intrus s'impose à mon esprit, alors que j'écris ces lignes. C'est Alex, qui me dit "Bébé..."
Même si je sens que je vais me faire sermonner, j'aime bien quand il commence comme ça : les petits noms d'oiseau ont sur moi le même pouvoir que les gentils compliments, ils débranchent mon cerveau quelques secondes, et me font toujours bêtement craquer ..."Bébé... là, avant d'écrire ce que tu as fait ensuite, il faut que tu expliques... tu sais... comment tu es, quoi..."
Il sourit, pour m'éviter de fulminer, mais Sarah arrive d'on ne sait où pour se joindre à la conversation, et en ajouter une couche : "Mélie, explique, sinon tes lecteurs ne vont rien comprendre. Sauf les martiens."
Alex conclut : "...ou les nonnes."
Et les revoilà partis dans leurs sourires complices. Merde, mais je suis des votre, maintenant, je suis une fantasmonaute ! Arrêtez un peu, avec votre complicité !Bon. Voilà. Sarah et Alex ont une perception de l'interdit qui est très différente de la mienne. Selon eux, la logique du pas vu, pas pris serait la norme. Toutes mes explications sur le fait que ce principe constitue la pire des malhonnêteté n'y ont rien fait : non seulement ils n'en démordent pas, ils s'amusent régulièrement à me qualifier d'extra terrestre ou de bonne soeur chaque fois qu'une occasion d'être honnête se présente à moi.
Moi, je suis comme ça, et je suis persuadée que l'immense majorité des gens partagent mon point de vue : les règles sont faites pour être suivies. Quand on a donné sa parole, on la tient, sinon, on est... un petit rien. Même si personne n'est témoin d'une tricherie, son auteur reste un tricheur, qui ne dormira plus jamais du sommeil du juste. Bref. J'interromps ici cette aparté inutile, pour reprendre mon récit...Laver la culotte, avant de la jeter dans l'oubliette... J'ai le droit, c'est prévu, ça ?
Non... "jeter mes vêtements sitôt de retour dans ma chambre", ça ne sous-entend pas que je puisse prendre le temps de faire ma lessive, clairement, non.
Ah oui, mais aller vérifier les règles du jeu avant de faire un truc, si j'ai un doute, ça j'ai le droit quand-même.
Un peu honteuse, je file toute nue, ma culotte toujours en main, et de l'autre, la souillée, j'empoigne ce règlement que je connais pas coeur. Je lis sans lire, parce que j'ai déjà l'impression de tricher... oui... oui... non... c'est ça... merde.
Je prends une grande bouffée d'air, et cinq pas plus tard, je regarde ma petite culotte disparaître dans le trou de mon désespoir. C'est fait. Je fonce dans la salle de bain pour me laver les mains - non que ça me dégoûte à ce point, je voudrais juste oublier ce petit épisode, en effacer toutes les traces.J'arrive au lavabo... Merde ! Un rapide demi-tour pour aller ajouter la bague au sac en plastique qui - mais oui, c'est sûr - partira à la laverie (Meeeeerde !), puis je peux enfin laver mes mains.
Juste à côté, la grande baignoire me fait un clin d'oeil. Je lui réponds "d'accord - tu vas m'aider à oublier !"
J'ouvre grand les robinets - d'où elle vient, l'eau, sur un bateau ?
J'attache mes cheveux en l'air pour ne pas les mouiller, tout en réfléchissant : le contrat stipule que ce n'est qu'une fois nue, et les vêtements précédents jetés aux oubliettes, que je peux aller voir s'il y a quelque chose pour moi dans le dressing. J'aimerais bien aller voir tout de suite, mais cette même règle stipule que dans ce jeu, sitôt découverts, je dois enfiler les accessoires qui m'attendent. Et là, pchiouf, collés à moi, les vêtements.Bien sûr, je ne suis pas censée attendre une heure pour aller me changer, mais en même temps, la toilette, c'est nécessaire - j'ai donc bien une petite période de grâce, et dans un souci d'honnêteté, je me promets que je ne tarderai pas, mon bain pris, à aller honorer mon contrat.
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Une croisière en cuir
PertualanganJ'ai ouvert le long zip métallique de la robe. Celui-ci descendait jusqu'au milieu de mes fesses : j'engageai mes pieds joints dans l'ouverture pour glisser mon corps dans le cuir, une fine doublure faisant son maigre office de barrage entre la peau...