Mon bras passé par le hublot, je ferme les yeux. La baie vitrée de ma chambre est superbe, mais ses fenêtres sont fixes : une vue sur la mer, c'est un peu plus risqué qu'un balcon sur jardin.
Dans ma main, la fine toile du pantalon danse au vent. La culotte, elle, s'est déjà envolée. Je prends une grande inspiration, mes doigts s'ouvrent, voilà, c'est fait. Il reste quelque chose ? Ah, mes chaussures ! ...autre chose ? Boucles d'oreille, bagues de pacotille, chouchou, plouf !, je balance tout par le hublot sans hésiter, en m'efforçant de ne pas penser...
Ça y est, je n'ai plus rien sur moi. Plus rien à moi sur ce bateau.Nue comme un ver, face à la mer dans cette immense cabine qui m'est inconnue, j'ai l'impression que les poissons me regardent en salivant. Instinctivement, je porte une main à mon entrejambe pour couvrir mon intimité, tout en considérant l'espace qui m'entoure.
Et s'il y avait des caméras ?La chambre est magnifique. La décoration pure, immaculée, sobrement luxueuse. Noyé dans le bois brun, le grand meuble à vêtements est là qui m'attend, mais j'appréhende le moment où les portes de la penderie s'ouvriront, pour me révéler ce dans quoi je me suis embarquée.
Mélie, tu es dingue.Un tiroir n'est pas complètement fermé. À l'intérieur, j'aperçois du tissu rouge. J'approche doucement... une culotte, je crois. Comme mus par la crainte d'être mordus, mes doigts se précipitent pour s'en saisir, et je recule.
Oui, c'est une culotte. Je l'enfile immédiatement, sans prendre le temps de la regarder - la seule chose que je remarque, c'est que sa texture est très douce.Malgré ma poitrine dénudée, je me sens étrangement rassurée. Voilà, j'y suis. J'ai passé le point de non-retour.
Je suis assise sur le lit, mes pieds blottis dans l'épaisse moquette. La penderie me regarde, prête à me happer. Qu'est-ce qui m'attend, là-dedans ? Posé sur le bureau plus loin, j'aperçois la feuille destinée à me rappeler les termes mon engagement. À quoi bon ? Je l'ai relu vingt fois ces derniers jours ; j'en ai retourné les plus petits points, m'y projetant chaque fois pour le meilleur et pour le pire, et je le connais dans ses moindres détails.Écartant mes cuisses dans une posture obscène, je baisse la tête vers ma petite culotte. Une lingerie de qualité, à l'évidence. Sans fioritures, mais le rouge est vif, profond. Cette culotte, je n'ai pas le droit de l'ôter. Ce n'est pas moi qui l'ai choisie. J'y suis. Je suis une fantasmonaute.
Cette pensée me fait sourire, d'un sourire résigné, né tout droit de ma nervosité...
Une quoi ? avait demandé le type au smoking.
Une... fantasynaut avait répété Sarah de son bel accent anglais, sans se démonter le moins du monde.
J'avais accepté d'accompagner Alex et Sarah à cette soirée. C'était très huppé, très mondain ; je ne voulais pas m'y rendre, mais ils avaient insisté. Lourdement.
L'atmosphère était irrespirable, tant physiquement que moralement, et un petit groupe de résistants à la Jetset s'était spontanément formé, pour se rassembler dans le salon d'été à discuter de sujets autres que les who's who mondains. Et boire. Un peu trop.C'est ainsi que notre groupe improvisé de rebelles se retrouva étalé dans les coussins moelleux des canapés en teck, sur cette magnifique terrasse suspendue d'une propriété de luxe, à rire des attitudes de cette élite qui prétendait tenir le monde par les ficelles de la finance internationale. Sans nous préoccuper du fait que, parmi nous, certains tiraient réellement ces ficelles, quand d'autres, comme moi, n'en étions que les pantins désarticulés.
C'est là que le type au smoking posa sa question à Sarah :- Et toi, tu es dans quoi ?
- Moi ? Je suis une fantasynaut, avait déclaré Sarah, impassible et fière.
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Une croisière en cuir
مغامرةJ'ai ouvert le long zip métallique de la robe. Celui-ci descendait jusqu'au milieu de mes fesses : j'engageai mes pieds joints dans l'ouverture pour glisser mon corps dans le cuir, une fine doublure faisant son maigre office de barrage entre la peau...