14. Rose Barbie

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Le bain chaud a lavé la mémoire du petit épisode fâcheux qui l'a précédé, ainsi que toutes ses traces. Les crèmes hydratantes ont fait le reste ; me revoilà sur mon petit nuage, plus heureuse que jamais d'être là. Les mots d'Ulysse continuent de tourner dans ma tête... ceux de ce soir, et les autres, ceux par lesquels il me promettait une aventure de rêve, pour moi.
Je n'aurais pas pu inventer mieux qu'une croisière, surtout dans ces conditions, et si l'ambiance reste la même, je trouverai même facilement du plaisir à porter ce qu'il aime voir, ne serait-ce que pour le remercier de ses attentions, de sa gentillesse...

Sereinement, j'ouvre le premier tiroir. J'y trouve une culotte, un boxer pour être précise. Il est fait d'un satin rose, la couleur est vive, je dirais rose bonbon, et la taille froncée d'un élastique. Le tissu, très fin, d'une douceur incroyable, se froisse dans ma main en de jolis plis, arrondis et brillants. C'est parfait, la couleur est osée, mais pour la nuit, c'est parfait : j'enfile rapidement le boxer. Ce n'est qu'un souffle sur mes fesses, je l'adore !

Le second tiroir est vide, ainsi que tous les autres, excepté le cinquième, qui renferme... c'est quoi ?
Une paire de gants, minuscules, et incroyablement ouvragés : ils sont faits, pour l'essentiel, d'une résille rose ornée de plumetis, avec des garnitures de dentelle et de la soie que l'on dirait extraite de ma culotte. On dirait des gants de poupée. Je glisse timidement ma main gauche dans la résille, qui s'étire à mon passage, et habille progressivement ma peau de ses petites fleurs et ses ponpons ronds. La partie de satin, parfaitement assortie à ma culotte, vient se tendre sur ma paume pour la recouvrir tout entière. Le gant est très court : je tire avec soin le reste de la résille, qui vient délicatement cercler la base de mon poignet d'un ornement de dentelle en petites vagues fleuries.

Je tends ma nouvelle main de poupée devant moi : je l'étire, je la ferme, je brise mon poignet, en avant, en arrière... c'est mignon comme tout, j'adore !
J'habille mon autre main de résille, j'admire rapidement le résultat dans le miroir : je me trouve jolie, en boxer et en gants, mais j'ai hâte de voir ce qui m'attend dans la penderie...
Reposant sur son cintre, j'y découvre une nuisette, ou plutôt un haut de pyjama, fait de ce même satin rose. Je le passe rapidement, et en ferme les quatre minuscules boutons - qui, cette fois, laissent largement la place à mon cou pour respirer.
Si la coupe est classique, façon pyjama d'homme, plutôt ample, manches longues, avec une poche sur la poitrine, la matière, elle ne l'est pas : je crois que je n'ai jamais rien porté d'aussi doux - mais peut-être est-ce là un effet de ces crèmes haut de gamme trouvées dans la salle de bain.

Une dernière vérification... non, plus rien dans l'armoire. Mon corps ainsi enrobé d'un voile de douceur, je vole gaiement vers le lavabo pour aller détacher mes cheveux, et les brosser pour la nuit. Sarah, t'avais raison ! Je suis trop heureuse d'être là !

Le spectacle que m'offre la grande baie vitrée de ma chambre est encore plus impressionnant la nuit. L'insonorisation est telle que j'ai l'impression de regarder un immense écran de télé, dont j'aurais pressé la touche silence.
J'ai envie de l'entendre. J'ai le droit de sortir ? J'ai le droit de sortir.

J'écoute à la porte, avant de l'ouvrir doucement. Surprise : tout à l'heure, ma chambre donnait sur un salon en extérieur, elle débouche maintenant sur un salon intérieur... sur ma gauche, une grande paroi vitrée escamotable me sépare maintenant du balcon. Un peu plus loin, par-delà le tapis, c'est la même chose : tout l'extérieur du bateau s'est transformé en intérieur pour la nuit.
On ouvre comment ? En cherchant une porte, je m'approche de la cloison vitrée : un pan glisse spontanément devant moi, comme à l'entrée d'un magasin.
Le clapotis de la mer inonde délicatement la pièce, tandis qu'un souffle d'air frais balaie l'espace en caressant le satin qui m'habille. Le mélange des sensations est absolument divin : le froid, le chaud, les ondulations de l'étoffe sur mon corps, la peur, l'excitation...
Je n'ose malheureusement pas sortir sur le balcon : si la porte se refermait derrière moi, je resterais piégée là.

Une croisière en cuirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant