Le cinquième tiroir est vide, pour ce que les gants et le masque me permettent d'en juger.
Je me relève prudemment, totalement handicapée par ces seules pièces de tissu qui habillent ma tête et mes bras.Je parcours la penderie à tâtons... oui, là, complètement à droite : quelque chose est accroché ! Je suis le tissu vers le bas, en remuant les doigts pour sonder le vêtement comme je peux. Celui-ci descend jusqu'au fond du meuble. Je devine une longue chemise de nuit, ou une robe.
Je remonte lentement, je tâtonne très prudemment : si par malheur je décroche accidentellement le vêtement de son cintre, je risque de ne jamais parvenir à l'enfiler, faute d'en trouver l'entrée...
Oui, c'est ça : une chemise de nuit, probablement.
Comment la passer sur moi, alors que les gants ne me permettent même pas d'en imaginer la forme ou la matière ?Je réfléchis : Moi, si je suspends une robe sur la droite d'une penderie vide, j'oriente sa face vers la gauche. Logique.
Bon, admettons que j'aie le sens, maintenant, il faut que je trouve l'entrée...J'essaie par le bas... rien à faire, le tissu se plie sur mes gants, je ne comprends plus rien. Une idée ! Je me redresse, de la main gauche je suis le portemanteau, puis je plonge facilement mon bras dans la robe, par le haut. De là je plie le tissu dans ma main, jusqu'à pouvoir amener ma main droite dans l'ouverture, par le bas...
Ça marche ! Mes doigts se sont rejoints, et je suis parvenue à ne pas faire tomber le vêtement !Ma main droite remonte toute la longueur, et trouve facilement son chemin dans la manche. Yes !
La suite est très simple, je la fais à l'instinct. Décrocher le cintre, le laisser tomber je sais pas où, glisser mon bras gauche, puis la tête, pouf ! le tissu tombe sur mon corps - je crois reconnaître une sorte de mousseline -, et me voilà habillée ! Super Fantasmette !Je remonte mes gants qui ont un peu glissé dans la manoeuvre, puis j'entreprends de me tâter, tout en ajustant le vêtement sur mon corps, histoire d'essayer d'imaginer ce que je porte. Les conclusions que j'en tire se révéleront assez justes :
Il s'agit d'une chemise de nuit ou d'une robe, ample, faite d'un tissu vaporeux qui me couvre jusqu'aux chevilles. L'encolure en est très largement décolletée, mais couvre bien mes seins - tu parles ! - , et me semble garnie d'un liseré de dentelle. Les manches sont courtes, et très bouffantes, laissant une partie de chair nue entre elles et le haut de mes gants. Le bas de la robe est, lui aussi orné d'une parure de dentelle.
En sondant le vêtement, je parviens à sentir deux longs rubans, plutôt fins, qui pendent sous ma poitrine. Je les tire timidement : le tissu se fronce, faisant office de ceinture sous mes seins. J'imagine alors une sorte de toge romaine : je décide de nouer la ceinture sous ma poitrine, ce que je parviens à réaliser assez facilement malgré les gants, par pur automatisme.Et voilà ! Je fais quoi, maintenant ?
Je sonde le reste de la penderie : plus rien. Bon...
Merde, je fais quoi, je sors ? Où sont Madame Mim, Sarah, Alex ? Eux pourraient me dire quoi faire, mais manifestement, les visions imaginaires disparaissent elles aussi pour qui a les yeux bandés...
Soudain, l'idée me vient : à petits pas de mes petits chaussons, bras en avant, je traverse doucement le vide qui me sépare du lit... j'y suis ! Je le contourne sur ma droite, voilà... puis je me plonge dans le lit comme je peux, assise contre les oreillers, avant de tirer les draps sur moi. Hop, parfait !
Maintenant, trouver la sonnerie, et ne pas réfléchir.Je presse le premier bouton, et j'entends aussitôt la porte de ma chambre se déverrouiller. Raté ! Mais bon, ça, c'est fait ! Bouton suivant !
Une douce sonnerie de carillon se fait entendre, puis plus rien. J'attends. Je lisse mes cheveux sous l'élastique. J'attends. Je rajuste ma position - option petit-déjeuner au lit, je secoue un peu les draps sur moi, je souris pour délier les traits de mon visage, et juste à ce moment, j'entends frapper à ma porte.
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Une croisière en cuir
AdventureJ'ai ouvert le long zip métallique de la robe. Celui-ci descendait jusqu'au milieu de mes fesses : j'engageai mes pieds joints dans l'ouverture pour glisser mon corps dans le cuir, une fine doublure faisant son maigre office de barrage entre la peau...