La Décadence des Flamants - Tome 2

Chapitre 25 : Peu à partager (Cole)

Encore une soirée où l'alcool avait infecté mon organisme. Encore une nuit passée sur le canapé. Encore une autre journée où je devrais subir le regard de Heather...

J'étais sur le point de me réveiller, mais je gardai les yeux fermés en entendant Heather parler. Personne pour lui répondre. Elle devait sûrement être au téléphone.

— J'ai vraiment hâte de la rencontrer, dit-elle très enthousiaste.

De quoi parlait-elle ? J'avais déjà un mauvais pressentiment. Dans le fond, j'avais toujours un mauvais pressentiment dès mon réveil.

— Non, je suis seule... Je n'ai personne...

Visiblement, elle n'était pas près de parler de notre relation à quiconque. Dire que deux personnes de mon entourage le savaient déjà. J'étais censé être celui qui était doué à garder les secrets entre nous deux.

Elle sembla raccrocher et je continuai de faire mine de dormir. Je n'avais pas vraiment envie de bouger. Je pensais pouvoir être tranquille, jusqu'à ce qu'elle pince mon nez pour me réveiller. Contre mon gré, j'ouvris les yeux et la vis en plein fou rire.

— Je ne vois pas en quoi c'est drôle, lâchai-je d'un ton assez agacé.

— Tu crois que je ne t'ai pas vu écouter ma conversation ? demanda-t-elle toujours un grand sourire pour illuminer son visage.

Je m'assis sur le canapé pour lui arracher sa tasse des mains. J'en bus une gorgée et m'arrêtai bien rapidement en constatant qu'il s'agissait de thé.

— Comment peux-tu boire ça ? demandai-je en tentant d'oublier rapidement le goût. Le thé c'est complètement fade et dégueulasse...

— Toujours mieux que de l'alcool, répliqua-t-elle en reprenant sa tasse.

Elle voulait me contredire, évidemment, c'était toujours bien plus amusant.

— À qui parlais-tu ? m'enquis-je en détournant le sujet de conversation.

— À Ginger, elle s'est trouvé quelqu'un. Elle m'a même envoyé des photos d'elle avec sa nouvelle copine.

Elle me tendit son portable et je pus apercevoir une belle brune aux courbes généreuses. Un physique qui ferait bander n'importe qui.

— Elle est magnifique. Tu crois qu'elle est lesbienne ou bi ? demandai-je, pensif.

— Cole ! me réprimanda-t-elle.

Elle soupira puis reprit son téléphone. Elle devait sûrement me trouver lamentable, comme d'habitude. Pourquoi changer ?

— Et tu ne lui as pas dit qu'on est ensemble désormais.

— On n'en a jamais vraiment parlé... Est-ce qu'on doit le dire ou non ? me questionna-t-elle avec une pointe d'anxiété.

— Tu as peur du regard des autres ?

— Un peu, admit-elle. On a déjà été suffisamment jugé pour notre première relation.

— Vraiment ? m'étonnai-je, n'en ayant pas la moindre idée.

— Tu sais comment la presse parle de toi ? demanda-t-elle d'un ton grave.

Je ne lisais jamais les journaux ni ne regardais la télé. Je n'avais donc aucune idée de comment j'étais perçu par ce genre de personnes. Dans le fond, ce n'était pas très important, surtout parce que je m'en doutais quand même un peu.

— Eh bien, j'ai été traitée de la même manière, continua-t-elle. Les gens pensent que tu ne sors qu'avec des putes, alors j'en devenais une parmi tant d'autres... Je pense que c'est aussi pour ça que mon père s'est opposé.