Chapitre 39 : Un de ces étranges sentiments... (Cole) | TW

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[TW : Maltraitance, Violences physiques, Pédophilie, Viol, Violences sexuelles]

J'avais eu de nombreux pressentiments dans ma vie. Des bons, des mauvais et à de nombreuses reprises, des étranges complètement inexplicables.

Aujourd'hui, c'était un étrange pressentiment.

Ça m'arrivait assez fréquemment, en particulier lorsque des changements radicaux s'étaient imposés dans ma vie. Quand certains évènements ne devenaient plus que de vagues souvenirs, que le si calme chemin qu'on avait tracé se brouillait pour se tordre et revenir au point de départ pour finalement mener à une tout autre destination bien plus indésirable que la précédente.

Encore dans mon lit, venant tout juste de me réveiller, de nombreux points de ma vie revinrent à la surface.

Ce sentiment, je l'avais eu quand mes parents avaient décidé de me détruire et de me pousser à ma chute. Ce qui n'était que des insultes s'étaient rapidement transformées en violentes gifles puis en coups de poing pour en arriver à prendre tout ce qu'il y avait de plus cher pour un enfant de neuf ans.

Aucun de mes parents ne m'avait montré le moindre signe d'affection durant ma jeunesse. Je n'étais qu'un parasite dans leur vie, un boulet à leur pied. Être traité de moins-que-rien pouvait sembler inoffensif, presque innocent... sauf quand on est un gosse qui ne comprend encore rien à la vie, quand je n'étais qu'encore que Daniel Safire.

Je me replongeai davantage dans mes souvenirs aussi absurdes que ça puisse paraître.

Après leur divorce, mes parents avaient ma garde à tour de rôle. Une semaine sur deux, je changeais de maison. Le premier mouvement venait de la part de ma mère. J'avais neuf ans, je m'apprêtais à aller en cours, comme n'importe quel gamin l'aurait fait, jusqu'à ce qu'elle posa la main sur moi pour la première fois. Étant faible et lâche à cette époque, j'en pleurai. Même si ma mère n'avait jamais montré son affection pour moi, ce comportement n'était pas dans ses habitudes. Elle me cria alors de me calmer, d'arrêter de pleurer puis elle continua de m'insulter comme à son habitude.

« Tu n'es qu'un abruti. Tu le mérites. »

Même pour un gamin de neuf ans ne comprenant pas le monde, ce genre de phrases étaient atroces. Mon cœur venait d'être poignardé. Aucun gamin ne s'attendait à ce que sa mère le déteste, en particulier quand je voyais les autres gosses de mon âge cajolés et câlinés par leurs parents. Avec le recul, je compris que ce n'était que des masques.

Ses cris étaient de plus en plus stridents. Elle hurlait à s'en époumoner. Ses mots étaient désormais incompréhensibles ou je ne voulais sûrement pas les comprendre. Elle me frappa de nouveau pour me faire taire. Persuadée que la violence était l'antidote à une mauvaise herbe contre moi. Je n'étais qu'en train de grandir, prêt à me retourner contre mon créateur.

Mes larmes s'arrêtèrent de couler. La tristesse et la peur s'éloignaient puisqu'étant inutiles et ne faisant qu'aggraver la situation. Un nouveau sentiment prit place, un sentiment que je n'avais jamais ressenti jusqu'à ce jour : la colère. Ma mère venait de révéler la part la plus obscure et la plus destructrice de moi, celle qui n'aurait jamais dû voir le jour.

Je m'échappai et montai dans le bus scolaire. Mon regard croisa mon reflet dans la vitre. Je ne voyais qu'un gosse apeuré et faible dans celle-ci. Il avait les traits tirés. Encore aujourd'hui je m'en rappelais. Ce gamin, c'était moi. J'étais sans masque, faible. Personne ne devait savoir ce qui s'était vraiment passé quelques minutes auparavant. Je séchai mes larmes puis affichai un grand sourire. Je semblais heureux. De nouveau, je croisai mon reflet. J'avais enfilé mon tout premier masque, offert par ma mère. J'étais complètement faux, j'étais comme tout le monde.

La Décadence des Flamants - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant