La Décadence des Flamants - Tome 2

Chapitre 35 : On n'est jamais sûr de personne (Cole)

Le lendemain, voilà que les mauvaises affaires reprenaient le dessus. Je devais régler quelques détails avec une de mes meilleurs avocats, Prue Mathur. Elle tentait désespérément de clamer mon innocence à propos du meurtre de mon assistante. Je savais qu'elle y arriverait. Que je l'aie tuée ou pas, elle savait me défendre et m'empêcher de croupir en taule jusqu'à la fin de mes jours.

Elle voulait s'assurer que je n'avais rien dit de compromettant auprès de la police. J'aurais dû attendre son arrivée, mais ceci n'avait aucune importance. Je n'avais rien dit de suspect. Je savais me taire, c'était même une de mes principales qualités.

— J'aurais préféré que tu ne dises vraiment rien, me dit-elle d'un ton ferme. Tu as quand même menacé de le virer.

— Et alors ? lâchai-je dans la plus grande indifférence.

— Il aurait pu porter plainte, me sermonna-t-elle.

— Qu'il le fasse.

Ce n'était vraiment pas une petite plainte de rien du tout qui me faisait peur. Certainement pas. Je savais faire disparaître beaucoup de choses, en particulier des plaintes.

Elle poussa les mèches tombantes de son long carré noir pour dégager son visage. Je m'étais toujours dit que cette coupe de cheveux ne lui allait pas et renforçait bien trop sa mâchoire.

— Tu es vraiment irrécupérable, soupira-t-elle.

Je ne pus m'empêcher d'avoir un petit sourire satisfait. J'arrivais même à énerver mon avocate. Après tout, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus compliqué. Puis le sérieux reprit le dessus.

— Tu te rappelles de la somme que je te paie ? Je pense que tu n'as rien à redire là-dessus, lui fis-je remarquer.

— Encore heureux qu'il y ait ça, lâcha-t-elle accompagné d'un gémissement.

Elle jeta un rapide coup d'œil aux alentours. Son regard se posa alors sur Heather. Elle venait sûrement d'arriver durant notre discussion, je ne l'avais pas remarquée. J'ignorais ce qu'elle avait pu entendre, mais ça ne me gênait pas.

— Les putes ont le droit d'écouter ? me demanda Prue.

— C'est—

— Non mais je ne suis pas une pute ! me coupa Heather.

En plus d'être mon avocate, Prue connaissait mon quotidien et mes passe-temps. Ce n'était pas pour rien qu'elle était aussi bien payée.

— Je m'en fiche, rétorqua mon avocate, agacée comme toujours.

Elle se tourna vers moi pour ajouter :

— Je te rappelle.

Elle regarda une dernière fois Heather d'une manière suspicieuse. Ce devait lui paraître étrange que je sois en couple. Ça l'était également pour moi. Puis elle partit.

— C'était qui ? m'interrogea Heather.

— Mon avocate.

Elle fronça les sourcils. Elle n'avait pas l'air de l'apprécier. La plupart des personnes travaillant pour moi étaient des femmes et ce n'était pas pour rien. Ça ne changerait pas tant que j'aurais encore ma vue.

Après tout, peu importe. Elle et Prue n'avaient pas à s'apprécier. Celle-ci n'était que mon avocate, rien de plus.

— D'où elle ose me traiter de pute ? s'emporta-t-elle.

— Y'en a beaucoup qui traînent par ici...

Son regard resta inchangé. Quelque chose l'intriguait toujours autant.