La Décadence des Flamants - Tome 2

Chapitre 11 : Le destin (Cole) | TW

[TW : Alcool, Sexe]

Ça faisait quelques jours que je n'avais pas croisé le chemin de Heather. Elle devait être en plein deuil de son mari. C'était compréhensible, mais je devais quand même la voir.

Son visage me hantait, presque autant que ces monstres dans mes nombreux cauchemars. D'un certain côté, elle prenait leur place, mais pas forcément dans mon sommeil.

J'étais en face de sa maison. La porte était ouverte alors qu'il commençait à se faire tard. Je me permis d'entrer et regardais aux alentours, tentant d'entendre quelque chose. Pas le moindre bruit. Cette maison était plongée dans le calme.

Je la vis endormie sur le canapé. Je m'approchai d'elle en faisant le moins de bruit possible puis m'accroupis en face d'elle.

Elle était magnifique quand elle dormait. C'était bien quelque chose qui me manquait, la voir dormir. Elle semblait tellement fragile, mais précieuse, comme du cristal. Ses cheveux roux lui tombaient sur le visage. Elle était la seule femme rousse qui m'ait vraiment tapé à l'œil. Je n'avais couché qu'avec peu de rousses, généralement des brunes ou des blondes. En fait, je n'en avais aucune idée. Dès qu'elles sortaient de mon lit, j'oubliais à quoi leur visage ressemblait. Je ne me rappelais que de leurs seins et de leur cul.

J'aperçus le collier que je lui avais offert autour de son cou, elle le tenait fermement. J'étais persuadé qu'elle pensait à moi, mais j'en ignorais la manière. Bonne ou mauvaise, aucune idée.

Elle ouvrit lentement les yeux et fut surprise de me voir. Elle avait sûrement prévu de ne plus jamais me croiser. Évidemment.

Je ne tardai pas à remarquer qu'elle sentait fortement l'alcool. Elle avait bu. Elle voulait oublier Denzel ou m'oublier. Peu importe. Elle voulait oublier. Cependant, il me semblait qu'elle était enceinte. Comment pouvait-elle ignorer ce fait ? C'était plutôt étrange pour une personne comme elle de mettre en danger son propre enfant. Elle finit par m'éclairer assez rapidement :

— J'ai fait une fausse couche, avoua-t-elle d'une voix pâteuse.

— Désolé, murmurai-je faussement.

— Ne t'excuse pas. C'est ce que tu voulais...

Peut-être bien. Mais qu'elle perde son enfant n'était pas vraiment nécessaire. J'aurais pu l'élever. Il n'avait pas à porter mes gènes. Denzel avait sûrement de meilleurs gènes que moi. Non, je n'aurais pas pu l'élever en fait, mais peu importe.

Je poussai les cheveux tombant sur son visage pour pouvoir la regarder pleinement dans les yeux. Ceux-ci étaient tellement tristes et manquaient de vitalité. Ce n'était pas étonnant. J'en étais la cause, comme d'habitude.

— Tu n'as pas la moindre idée de ce que je veux, lui susurrai-je.

— Je sais que tu me veux, me contredit-elle, furieuse. C'est pour ça que tu as tué Denzel...

— Cesse de penser n'importe quoi, mentis-je.

— Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu me pourris à ce point la vie ?

Elle fondit en larmes. Je la pris fermement dans les bras tout en m'excusant. Je ne voulais pas la mettre dans cet état. Je voulais seulement l'éloigner, lui.

— Je suis désolé, chuchotai-je.

Elle se détacha de mon emprise brusquement, offusquée par ce que je venais de lui dire. Elle m'en voulait. Après tout, j'avais bel et bien tué son mari, même si elle n'avait pas la moindre preuve.

— Tu ne peux pas être désolé ! Tu en es incapable !

— Tu ne me connais pas.

— Je n'en peux plus Cole ! Je t'en prie ! Fous-moi la paix ! me supplia-t-elle, plus désespérée que jamais.