La Décadence des Flamants - Tome 2

Chapitre 48 : Les âmes torturées (Cole) | TW

[TW : Relation abusive]

De quoi j'avais l'air ? Aucune idée. Peut-être bien ridicule. Ou encore perdu. J'ignorais ce à quoi je ressemblais vraiment devant Heather, l'image que je lui donnais de moi. Mis à part celle d'un homme tellement désespéré qu'il s'était résolu à acheter des roses pour elle... Encore...

Elle me regardait comme avec une pointe de tristesse, mais soulagée à la fois. Je la voyais désormais sous un autre jour. Les traits tirés, le visage creusé, le teint blafard, les yeux rongés par les larmes. Nous avions les mêmes attraits de notre désespoir.

Elle se leva lentement, d'un geste calculé, comme si elle hésitait à s'approcher de moi. Puis elle abandonna son amie pour se jeter dans mes bras, me serrant fermement contre elle tout en laissant aller les larmes à leur gré. Elle posa sa tête sur mon épaule et se cramponna à mon dos tout en sanglotant. Je sentais toute sa souffrance se déverser sur mon épaule en même temps que la mienne.

Elle finit par me relâcher et s'empara du bouquet, l'observant d'une manière assez émue. Ces fleurs étaient plus là pour la forme parce qu'elles ne représentaient rien.

— Tu sais choisir des fleurs qui font plaisir aux femmes, me complimenta-t-elle dans un murmure.

— J'ai surtout un très bon fleuriste, plaisantai-je.

Elle se mit soudainement à rire, d'une manière assez réservée, puis je me joignis à elle. Son rire m'avait manqué. Je n'aurais pas pu vivre bien longtemps en sachant que je serais l'homme qui aurait pris son rire en même temps que son cœur.

Elle se tourna alors vers son amie qui ne nous regardait pas d'un bon œil. Étrangement, je m'attendais à voir Catlyn ou Ginger, mais cette femme-là, je ne l'avais jamais croisée. Une chevelure aussi rouge, je m'en serais évidemment rappelé. Puis Heather revint vers moi.

— On devrait peut-être se trouver un coin au calme, proposa-t-elle.

Son amie leva les yeux au ciel, comme si elle venait de commettre une énorme erreur. Pourtant, Heather restait collée à moi tout comme je l'étais. Nous n'étions plus des aimants nous repoussant.

*

En marchant sans dire un mot, nous avions trouvé un petit café en bord de route, mais tout de même au calme. Nous nous dévorions du regard, chacun hésitant à parler. Pourtant, je devais faire le premier pas. J'étais venu la voir de moi-même, il fallait que j'aille jusqu'au bout et que j'arrête de me comporter comme un lâche.

Je pris sa main dans la mienne, la caressant délicatement. J'en avais oublié le doux contact de sa peau durant toutes ces semaines.

— J'aurais beau dire ce que je veux, soufflai-je, mais je n'aurais pas pu accepter de continuer de vivre ainsi. De t'abandonner toi et cet enfant. Chaque jour je l'aurais regretté.

— J'ai vraiment cru que tu ne reviendrais pas, me confessa-t-elle

— J'y ai vraiment pensé. Je me suis dit que je pourrais tout laisser derrière moi et continuer ma vie d'avant, celle où je ne t'avais pas rencontrée... Mais à chaque fois, tu me revenais à l'esprit. À chaque fois, je me sentais mal de t'abandonner.

Elle remonta doucement sa main vers mon poignet, inquiète. Malheureusement, comme elle s'en doutait, je m'étais coupé. J'avais littéralement abusé de tout. Je m'étais détruit à petit feu pour l'oublier, mais c'était toujours vain. J'avais beau boire jusqu'à en vomir, me couper plus en profondeur à chaque fois ou baiser une pute dans un endroit plus que dégradant, je la sentais à mes côtés.

— Désolé d'avoir fait ça, murmurai-je en repensant à toutes les conneries que j'avais faites durant son absence.

— Je te pardonne...