La Décadence des Flamants - Tome 2

Chapitre 18 : Je n'aurais pas dû (Cole) | TW

[TW : Suicide]

Personne ne t'aimera jamais parce que tu es un monstre, une erreur de la nature.

Je ne percevais rien aux alentours. Je ne pouvais qu'entendre sa voix ainsi que son souffle.

Puis ma vision s'éclaira. Des formes floues au loin. Je ne pouvais uniquement visualiser les éléments proches de moi.

Je regardais mes mains, elles étaient en sang, comme si je venais de commettre un meurtre avec barbarie. Je voyais même quelques bouts de chair parsemés sur ma peau. Mes doigts, en particulier mes ongles, étaient d'ailleurs noirs, comme si le sang avait pourri, qu'il était resté là pendant des années, se mélangeant avec d'autres atrocités.

Je sentis la respiration de quelqu'un dans mon dos. Je n'étais pas seul. Il devait être là.

Je me tournai. J'avais raison. Cependant, je ne m'attendais pas à le voir tenir Heather contre lui, son bras autour de son cou, l'empêchant de bouger. Il était prêt à la tuer, je voyais déjà son poignard glisser sur sa peau.

— Personne ne t'aimera jamais, lança-t-il d'une voix caverneuse.

Il approcha son visage du cou de Heather, il reniflait son odeur. J'avais l'impression qu'il était prêt à lui boire entièrement son sang.

Il n'avait plus de lame et plus le même discours. Désormais, son arme contre moi était Heather.

Je voulais me défendre, lui dire de la lâcher. J'étais muet, incapable de prononcer le moindre bruit.

Je m'approchai d'elle. Son regard était vide. Ses yeux étaient totalement blancs. Elle semblait déjà morte de l'intérieur.

Il approcha son poignard du ventre d'Heather. Il était prêt à appuyer, à lui trancher les entrailles. Je voulais faire quelque chose, je refusais qu'il la tue sous mes yeux. Pourquoi en étais-je incapable ?

— Tu te crois vraiment capable d'aimer ? demanda-t-il d'un ton sarcastique.

Nos regards se croisèrent. Son œil rouge.

*

J'ouvris subitement les yeux. J'étais toujours dans ma salle de bains.

Instinctivement, je vérifiai mes bras. Aucune nouvelle cicatrice. Je ne savais pas si c'était bon signe.

Je reprenais calmement mon souffle du mieux que je pouvais. Je revoyais Heather emprisonnée dans les bras de ce monstre. Je n'étais plus l'unique victime de ce monstre.

Je ne comprenais rien à ces cauchemars.

Peu importe. En prenant appui contre le mur, je me levai. Je sentais encore l'alcool de la veille, ce qui me fit confirmer que j'avais vraiment besoin d'une douche. Je ne pouvais pas aller travailler dans cet état.

En une quinzaine de minutes, j'étais prêt pour une nouvelle journée, prêt à prétendre que je n'avais pas ce genre de vie, prétendre que j'étais plus fort que quiconque.

J'arrivai en cuisine. Heather était assise à table et avait une tasse à la main, sûrement un café. Dès que je franchis le seuil de la pièce, elle leva sa tête en ma direction.

— Ça va ? me demanda-t-elle plutôt inquiète.

— Oui, mentis-je.

Je me fis un rapide et horrible café que j'avalais en moins de deux.

— On devrait reparler d'hier, dit-elle d'un ton teinté de tristesse.

— On ne va pas reparler de ce qui se passe la veille à chaque fois, on n'en finirait plus.