La Décadence des Flamants - Tome 2

Chapitre 47 : Les mains liées (Heather)

Je tirai sur mon t-shirt pour essayer de masquer mon ventre gonflé. C'était encore facile à dissimuler et peu pouvaient le remarquer, pourtant, c'était bien trop visible. Je n'arrivais pas à m'y faire. On disait que ça ne se voyait qu'à peine au quatrième mois, ce n'était que des mensonges. Il suffisait que je passe ma main sur mon ventre pour contredire toutes ces conneries.

Je finis par opter pour un haut évasé. Personne ne savait pour ma grossesse et ça allait rester ainsi jusqu'à ce qu'il soit trop tard. En fait, ce n'était qu'une excuse comme une autre. J'attendais juste le retour de Cole. Mais il ne reviendrait jamais, je le savais déjà.

De jour en jour, mon apparence se détériorait. Pourquoi je m'étonnais que Cole ne revienne pas ? Il avait beau dire que mon physique ne signifiait rien, ce n'était qu'un mensonge pour me faire plaisir. Je n'étais pas une idiote, je connaissais Cole. Je n'étais pas son genre de femme. Je n'avais rien de grandiose à lui apporter. Bien trop peu de formes, un visage banal et le roux n'étant pas la couleur de cheveux la plus attirante pour la plupart. Certains diront que mon visage était bien trop carré, pas assez ovale. D'autres diront que même avec des talons hauts je n'aurais jamais une taille "décente".

J'en soupirai. Je n'étais pas un canon de beauté, juste une fille banale. Que Cole se désintéresse de moi était tout à fait normal. L'argent devait lui permettre de s'attirer de nombreuses femmes... Ou du moins, de se payer tout le sexe dont il avait besoin. Je n'étais qu'une femme comme une autre, il n'avait aucune raison de s'attacher à moi. Il cherchait bien plus que la banalité qu'il croisait tous les jours.

Et voilà que je me retrouvais au-dessus des toilettes en train de réfléchir à mon avenir, à me morfondre sur mon sort. J'avais envie de me faire vomir. J'étais censée avoir arrêté, j'étais censée. Entre l'appétit coupé et ça, rien ne s'arrangeait. Mais je n'étais pas la seule à souffrir. Cet enfant aussi en souffrait. Si seulement j'arrivais à être forte pour nous deux.

Alors que je voulus m'enfoncer deux doigts au fond de ma gorge, quelqu'un sonna à ma porte, comme un coup du destin. Tant pis. Ce ne serait que partie remise, comme d'habitude.

Avant d'ouvrir, je jetai un bref regard à travers la fenêtre. Non, ce n'était pas Cole. En revanche, il s'agissait de Mitt, son ami. Que venait-il faire ici ? Avait-il entendu parler de notre rupture ?

Bien qu'inquiète, je finis par l'accueillir d'un faux sourire. Mon état pitoyable n'allait tromper personne.

— Salut Mitt ! Qu'est-ce qui t'amène ici ? lançai-je toujours d'un air aussi hypocrite.

— J'ai appris pour ta rupture avec Cole, il me l'a dit.

Je ne lâchai qu'un muet "ah". Évidemment qu'il allait le dire. Nous n'allions pas rester en couple aux yeux de tous. Peut-être même que certains ne s'étaient pas rendu compte de notre nouvelle relation.

— Oui, on a rompu, lâchai-je d'un ton proche du murmure. Ce n'est rien. On fait avec... Enfin, on fait sans... Je crois qu'il faut que je me rende à l'évidence que ça ne pouvait pas marcher entre nous.

— Cole t'aime toujours, m'avoua-t-il. Il me l'a dit. On était à Las Vegas et il ne pouvait pas penser à autre chose qu'à toi, ce qui est impossible venant de Cole lorsqu'il est là-bas.

Je tentais de chasser bien rapidement l'image de Cole à Las Vegas dans ma tête, ça ne devait vraiment pas être beau à voir. Pourtant, je l'avais vu dans des états sûrement bien plus misérables.

— Normalement, il devrait venir te parler pour mettre les choses au clair, et j'espère vraiment que ça s'arrangera entre vous. Vous alliez bien ensemble... et puis voir Cole en couple, c'est quelque chose de mémorable. Davantage quand c'est sincère.