La Décadence des Flamants - Tome 2

Chapitre 10 : Perdue dans les doutes (Heather) | TW

[TW : Relation abusive, Alcool]

Denzel était mort. Cole n'allait plus me lâcher. Mais voilà que cinq jours s'étaient écoulés depuis les derniers évènements et rien de nouveau. Aucune nouvelle. Ou du moins, pas des bonnes.

Mes douleurs au ventre s'étaient accentuées et des saignements avaient suivi. Ce fut à ce moment-là que j'avais finalement décidé de consulter pour malheureusement apprendre ma fausse couche. Une fausse couche qui datait déjà de quelques jours, peut-être même bien avant la mort de Denzel. Mes saignements avaient commencé un peu avant, mais je n'avais jamais osé consulter personne.

Et maintenant... J'étais perdue.

Pourquoi Cole ne revenait-il pas ? Pourquoi le tuait-il puis m'abandonnait-il ? Pourquoi ?

Au lieu de m'arracher les cheveux de la tête, je me mis à boire. Bêtement. Je ne buvais jamais autant. Dire que je reprochais ce comportement à Cole. Pourquoi je faisais comme lui ?

Je reposai la bouteille bien entamée sur la table basse, puis soupirai. Je n'arrivais plus à avoir les idées claires. Boire n'arrangeait rien. Je ne savais même plus ce que je devais faire avec Cole. Il n'était pas quelqu'un de bien ! Pourtant, sans le savoir, il m'avait sauvé de Denzel... Pourquoi j'agissais comme une stupide fille en détresse ?

Cole n'était pas un homme qui me permettrait d'avoir une vie saine !

Mais est-ce que je voulais vraiment d'une vie calme ? Mariée avec des enfants ? Je n'en avais aucune idée. Avant Cole, je n'avais trouvé personne qui m'avait vraiment marquée pour, qui était resté dans mon esprit suffisamment longtemps pour...

Sauf lui...

Même encore aujourd'hui et avec le recul, je n'arrivais pas à l'oublier. Cet homme qui m'avait tout autant aidé à m'ouvrir qu'à me détruire.

Je me laissai tomber dans le canapé, fermant les yeux et ne pouvant plus m'empêcher de penser à lui. Je me rappelais encore de notre rencontre à la perfection. Mon père m'avait forcé à le suivre dans une de ses soirées professionnelles.

— Tu dois apprendre le métier, lança-t-il comme un argument convaincant.

Je voulais riposter que je n'aimais pas l'informatique comme lui. Ce n'était pas répondre à de stupides demandes d'entreprises pour concevoir tel logiciel ou tel site pour juste remplir des formulaires et conserver des données quelconques, enchaîner les lignes de codes toutes plus semblables les unes que les autres. Au contraire, j'y préférais le côté créatif. Je voulais me pencher vers le graphisme, je voulais exprimer d'une manière ou d'une autre une forme d'art par le biais de l'informatique, mais jamais mon père ne voudrait. Parce que mon père ne m'écoutait jamais. Alors, à force, j'avais accepté de me taire. Je m'étais laissée aller dans mes faiblesses.

Dès que nous fûmes arrivés dans la salle de réception, il m'avait rapidement abandonnée pour ses affaires. Je m'étais promis de ne plus jamais revenir dans ce genre d'endroits à ce moment précis. Je me sentais seule, mais pire encore, j'avais envie de pleurer. Et à quinze ans, j'avais encore bien trop de morale pour boire de l'alcool et draguer quelqu'un. Je m'étais donc mise à l'écart, évitant le regard de tous. J'avais bien trop peur de me mêler à la foule. Je n'étais pas une fille à la grande gueule, ni même très sûre de moi. Au contraire, j'étais encore la gentille petite fille à ce moment.

Tout allait au plus mal. Jusqu'à ce qu'il s'approche de moi. Son sourire me rassura immédiatement. Il était le premier à se tourner vers moi, à me regarder vraiment.

— Bonsoir, je n'ai jamais vu une telle beauté ici auparavant, déclama-t-il en me faisant un baise-main.

Immédiatement déstabilisée, je ne savais même plus comment réagir et décidai de me laisser faire. Après tout, il semblait un parfait gentleman.