La Décadence des Flamants - Tome 2

Chapitre 17 : L'alcool ou le révélateur (Cole) | TW

[TW : Alcool, Suicide]

Vingt-et-une heures ou vingt-deux heures. Qu'importe. Je distinguais à peine les heures. J'avais bien trop bu pour m'en rendre compte.

J'enchaînais les verres dans ce bar que je fréquentais si souvent. Toutes ces femmes presque dénudées dansaient sous mes yeux. Un homme en couple n'avait rien à faire là. Ce n'était pourtant pas pour le sexe que j'étais venu, contrairement à d'habitude, seulement pour l'alcool.

Je m'étais promis de ne plus boire autant en public, mais je ne voulais pas le faire sous les yeux de Heather. Elle ne supportait pas mes horribles habitudes.

Le serveur me regardait avec mépris. J'ignorais s'il me connaissait ou tout simplement s'il désapprouvait mon comportement. Il y avait sûrement des deux.

J'hésitais vraiment à rentrer. Elle serait tellement déçue de moi. J'étais capable de briser la seule femme qui m'aimait. Ils avaient raison, je ne suis qu'un monstre... Je ne devrais même pas mériter de vivre...

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Je fus tiré de mes pensées et me tournai vers cette douce voix. Jordana. Après tout, c'était bien son lieu de travail. Elle portait une robe blanche, moulante, très courte à la limite de la ceinture tout en faisant ressortir sa poitrine par un décolleté plongeant en V.

— Tu sais que c'est mauvais l'alcool ? demanda-t-elle de manière rhétorique.

— Ça dépend pour qui, marmonnai-je sans prendre l'effort de vraiment articuler.

Je venais tout juste d'oublier ce que je venais de dire.

— Tu as trop bu visiblement, constata-t-elle en se retenant de me critiquer. Tu comptes rentrer comment ?

— J'ai ma voiture garée dehors... Je ne pouvais pas la garer à l'intérieur.

— Tu as plus que trop bu, lança-t-elle assez étonnée. Je ne t'ai jamais vu comme ça... Allez, donne-moi tes clés, je te raccompagne.

— Je ne donne pas mes clés à n'importe qui ! m'opposai-je avec un léger geste de recul.

Puis je vis mes clés dans ses mains. Je les lui avais vraiment données ? Peut-être qu'elle me les avait arrachées des mains. Je n'en avais pas la moindre idée.

Elle me prit par le bras pour me conduire jusqu'à ma voiture. Elle la connaissait. Le nombre de choses qu'il s'était passé là-dedans était incalculable. Elle me força à m'asseoir sur le siège passager. Je n'étais jamais à cette place, plutôt étrange.

Je n'avais pas conscience de la route qui défilait. Il y avait quelques lumières pour éclairer l'obscurité. Je ne distinguais rien d'autre. Seulement ces quelques lampadaires devenus flous avec la vitesse.

Mon estomac était en train de se nouer, de se tordre, se retourner. Je me demandais si j'avais vraiment un estomac et pas plutôt une bombe prête à exploser.

Nous étions arrivés, enfin, d'après ces dires. J'avais du mal à reconnaître le quartier.

Je la suivais, très hésitant. Chacun de mes pas me semblait une épreuve impossible à supporter. Ayant encore mes clés, elle se permit d'ouvrir la porte. Nous y entrâmes.

— Tu ferais mieux de te reposer, me conseilla-t-elle d'une douce voix.

Elle posa les clés sur la commode. Alors qu'elle était sur le point de partir, Heather entra dans la pièce et l'interrompit.

— Qu'est-ce qu'il se passe ici ? s'enquit-elle suspicieusement.

Bonne question. Je comprenais déjà à peine moi-même.