La Décadence des Flamants - Tome 2

Chapitre 16 : Tu es né dans la crasse (Cole) | TW

[TW : Automutilation, Dissociation]

J'ignorais quelle heure il était en rentrant, sûrement tard. Heather devait dormir.

À peine nous étions de nouveau ensemble qu'on ne pouvait pas se voir autant qu'on le voudrait. Dans le fond, ça pourrait être pire.

J'étais persuadé de la retrouver dans la chambre. Celle-ci était vide. Elle ne tarda pas à faire son apparition, seulement vêtue d'un peignoir. Elle venait de prendre une douche. Elle me le confirma bien rapidement :

— J'avais besoin de prendre une douche, annonça-t-elle en passant sa main dans les cheveux.

— Tu n'aurais pas dû... Tu vas être aussitôt sale mademoiselle.

Je m'approchai d'elle pour l'embrasser passionnément. La moiteur de ses lèvres était enivrante, celles-ci étaient aussi chaudes que d'habitude.

Profitant de mon inattention, elle s'empara alors par surprise de mon bras gauche et tira la manche pour voir mes cicatrices encore à vif.

— Tu te coupes encore, lança-t-elle d'un air assez dur. Je l'ai vu tout à l'heure quand on a couché ensemble.

— On s'en fiche, éludai-je.

— Cole... Ce n'est pas sain ce que tu fais. Pourquoi tu te coupes ? Je ne comprends pas...

Je détournai mon regard, détachant mon bras de son emprise pour baisser ma manche. Je n'avais pas envie d'en parler. Elle était incapable de comprendre.

— Je ne veux que t'aider, souligna-t-elle tendrement. Je fais ça parce que je t'aime.

— Alors n'en parle plus, rétorquai-je froidement.

— Tu te rends compte de l'effet que ça me fait de voir qu'il y a de plus en plus de cicatrices sur ton corps ? Tu aurais pu m'appeler, me dire que ça n'allait pas. Je t'aurais consolé, je t'aurais aidé. Au lieu de ça, tu as pensé que c'était préférable de te couper.

— Où étais-tu alors durant ces derniers mois ? Où étais-tu quand j'avais besoin de toi ? Tu étais dans les bras d'un autre, m'emportai-je brusquement.

Elle mordit sa lèvre inférieure. Visiblement, j'y étais allé un peu fort, mais dans le fond, c'était ce que je ressentais. J'avais comme l'impression d'avoir été abandonné ces derniers mois et pourtant, je n'aurais pas dû le lui reprocher ainsi.

— Ne mets pas la faute sur moi, toi aussi tu t'étais retrouvé quelqu'un. Quelques jours après, je vous ai vu tous les deux... Tu m'avais aussitôt oubliée.

— Ce n'était qu'un mariage blanc, la contredis-je d'un ton sec. En aucun cas je ne prenais cette relation au sérieux. Je n'ai jamais aimé cette femme, elle ne m'attirait même pas à vrai dire.

Son regard était toujours inquiet. Elle m'en voulait et elle détestait ce que je faisais. Me couper faisait partie d'une de mes addictions qui était désormais ancrée dans ma peau. Comment pouvais-je lui dire que jamais je n'arrêterais ?

— Je m'en fiche. Je veux que tu arrêtes, insista-t-elle.

Ça expliquait sûrement mon long célibat. En couple, je n'étais pas le seul à être coupé, elle aussi.

Elle me prit fermement dans ses bras, comme pour me consoler. Elle serra ses mains dans mon dos et posa sa tête sur mon épaule, fermant les yeux. Elle voulait arranger les choses, mais un câlin n'arrangerait jamais les choses...

*

Je pensais que les choses devaient s'arranger désormais. J'avais tort. Mes cauchemars n'avaient pas cessé. J'avais même l'impression qu'ils s'accentuaient.