Chapitre 7

88 3 0
                                    

(Evan sur le média)

Sabrine :

Le cours de Maths se déroule comme à son habitude mais je n'écoute pas vraiment. Ma tête est ailleurs, plus précisément à l'aéroport en train d'attendre le prochain vol pour l'Angleterre.

Je sais que c'est bête, mais ce que m'a dit Jad tout à l'heure a rallumé la flamme d'espoir qui s'était éteinte en moi il y a un bout de temps déjà.

Je me vois en train d'assister à la publication de mon livre à Casa, signer des exemplaires, et pourquoi pas le publier à Londres ou à Oxford ? Ouais pourquoi pas ? Mais il faut que ma mère me laisse tenter ma chance, elle ne voudra jamais, tant pis pour elle j'irai coûte que coûte, je ne laisserai pas cette opportunité me filer entre les doigts. C'est avec un air de détermination que je finis mon discours de parano. J'ai dû faire un bruit ou taper sur la table car tout le monde a les yeux braqués sur moi.

Le professeur arrête son explication puis dit calmement :

- Sabrine je crois qu'il vaut mieux que tu sortes cette fois-ci.

Je hoche la tête sans hésiter et sors de la classe sous le regard surpris des autres, c'est la première fois que je sors pendant un cours moi qui est d'habitude une excellente élève.

« Oh modestie quand tu nous tiens » chantonna en boucle ma conscience.

J'avais besoin de cette sortie, et puisqu'il était presque midi, je décide d'aller en avance à la bibliothèque où je travaille.

Deux semaines passèrent, chaque jour ressemblait à l'autre, Zahra me cassait toujours la tête avec ses questions, Jad était toujours aussi tendre et doux avec tout le monde, et le cours de maths était toujours aussi ennuyant. Quant à moi, ma tête était ailleurs, loin très loin d'ici.

Je comptais les secondes et priait pour que la réponse de la maison d'édition soit positive.

- Sabrine, t'es sûre que ça va ? avait demandé ma mère un soir pendant qu'on dinait.

- Oui maman, ne t'inquiète pas.

Il ne fallait en aucun cas qu'elle sache, et à sa manière de me fixer, je crois que je craquerai plus tôt que prévu, je décide alors de m'éclipser.

Le lendemain, un dimanche matin, Jad sonna à ma porte, il prétexta devant ma mère qu'il avait besoin de moi pour un devoir de maths, elle le fixa une demi seconde, puis me donna la permission de l'accompagner.

- Tu te doutes bien que m'aider en maths n'est pas la véritable raison de ma venue? Je suis excellent en maths voir même un génie, ricana-t-il.

- Eh ça va un peu les chevilles ?Je sais bien que tu n'es pas venue pour ça, je ne suis pas idiote non plus ... alors la réponse ? Parle !

- Doucement, ne me tue pas s'il te plaît, en fait je voulais te dire que...

La tête qu'il faisait ne prévoyait rien de bon.

- Je savais qu'ils allaient rejeter mon livre, je resterai prisonnière ici à jamais, je vivrais malheureuse, misérable et surtout incomprise, t'imagines un peu ?

Jad, je l'ai blessé. oh Sabrine est ce que tu peux être encore plus stupide ?

-Ce n'est pas ce que je voulais....

- Non, Sabrine c'est exactement ce que tu voulais dire, et tu sais quoi ?! Tu as peut être le droit de dire que tu resteras malheureuse et misérable mais ne dis surtout pas que tu es incomprise, parce que tout ce que je fais là c'est de la compréhension tu vois ? Et si tu m'avais laissé le temps de finir ma phrase je t'aurai dit que la maison d'édition accepte de publier ton livre et qu'ils t'invitent à Casa, alors l'imbécile avec qui tu perds ton temps ici te souhaite bonne chance !

Sur ce, il disparut de mon champs de vision et moi je restai paralysée, énervée contre moi, contre le monde mais surtout contre moi ...

« Je suis nulle, nulle, nulle ...... »

Nisrine :

Même si je mourais d'envie de sécher ce mardi aussi, je devais me rendre à l'école.

Je suis debout depuis un bon moment déjà, à dessiner quelques croquis de robes et de jupes toutes bizarres, enfin moi je les trouve bizarres, Aria ma meilleure amie me dit plutôt qu'elles sont « originales ».

Je prends une douche, séche mes cheveux et reste une bonne quinzaine de minutes devant mon dressing, tous les matins c'est la même chose. Je me décide enfin à mettre une robe rouge sang, des collants opaques noirs et des escarpins de la même couleur.

Ma mère a essayé de me joindre deux fois hier soir, deux petite fois, voyant que je ne répondais pas elle appela Annie.

Quant à moi je me suis enfermée dans ma chambre, mes chocolats et mon pc portable en simple compagnie refusant tout contact avec elle. Je ne suis pas méchante avec elle mais je suis arrivée à un point où je n'arrive plus à lui faire face. Je suis fatiguée.

7h45 : Je suis en compagnie de Danny pour me rendre à l'école ; croyez-moi l'école ne m'as pas du tout manqué, mais Aria oui et Evan, mon petit ami. C'est d'ailleurs bizarre que tous les deux ne m'ont donné aucune nouvelle, je ne suis quand même pas venu au lycée pendant toute la journée d'hier. Peut-être qu'ils avaient un imprévu, tous les deux, en même temps... Oui...

Or quand je franchis le seuil de notre beau lycée, une scène horrifiante se déroule devant moi. Aria, ma chère meilleure amie, ma sœur de cœur la langue fourrée dans la bouche d'Evan MON petit ami. J'ai voulu déguerpir en toute discrétion et surtout à toute vitesse, mais c'était trop tard. Le regard gris électrisant d'Evan se pose sur moi, je lui envoie un regard qui veut dire « Tu es pathétique » et m'en vais sans vouloir savoir s'il me suivra ou pas. Ah je n'ai pas pensé à regarder Aria tout simplement car elle ne le mérite pas.

C'est vrai que ça n'a jamais été l'amour fou entre Evan et moi, il n'y avait pas cette étincelle, cette attirance qui animait deux personnes, cette passion qu'on voyait dans les films, ou qu'on lisait dans les livres. Mais peut être que ce genre d'amour existe seulement entre les pages d'un livre ou dans les scénarios d'un film box-office. En tout cas, nous sortons ensemble seulement pour une image de popularité, de richesse, et aussi parce que mon beau père entreprenait avec son père une relation très professionnelle et très amicale.

Mais ça ne voulait pas dire que je ne tenais pas à lui un minimum, que j'ai senti mon cœur se serrer pour la dixième fois cette semaine. Je ne l'aimais pas certes, mais il comptait pour moi il m'a trahit. C'est surtout la sensation d'être trahie que je ne digère pas, qui me bouleverse. Mais ce qui m'a toute de suite frigorifié les veines c'est la trahison de ma meilleure amie. Je la connais depuis mon arrivée en Angleterre, donc très longtemps. Elle m'a aidé à m'intégrer quand j'étais seule, m'a soutenue. On a tous partagé, secrets, habits, petits déjeuners... Nous étions inséparables, vous savez le stéréotype des meilleures amies pour la vie dont on a tous déjà entendu parler un million de fois ? Eh bah c'est le même...

Soudainement un goût amer naît au profond de ma gorge et une envie de vomir m'envahit.Je me dirige vers les toilettes en courant sur mes talons de 10 cm et je vous assure que ce n'est pas facile. J'arrive à poser ma tête sur la cuvette à temps et jette tout le contenu de mon petit déjeuner. Je m'appuie sur la porte des toilettes en me laissant glisser sur le sol hideux et crasseux. L'idée de ce qui se trouve sur ce sol me donne la nausée encore une fois.

Deux voix s'approchent, je ne les reconnais pas.

- T'as vu la scène d'aujourd'hui c'était épique !

- Oui la pauvre, être trahie par sa meilleure amie, c'est surement pas cool !

- Double trahison, j'ai pitié pour elle !

Je sors des toilettes, et elles écarquillent les yeux. Je ne dis rien, je me contente de me laver le visage et me dirige vers mon prochain cours, regroupant toutes mes forces pour ne pas m'évanouir.

What if ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant