Chapitre 22

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Sabrine :  

Pendant tout le trajet entre l'hôtel et l'aéroport je n'ai pas parlé une seule fois. Ce qui équivaut à 39 minutes sans lâcher un seul mot. Je n'ai jamais été autant silencieuse. Croyez moi, c'est un record.

Les parents de Nisrine ne sont pas bavards non plus. Ce qui m'a facilité la tâche. Ils m'ont seulement demandé comment j'allais. Et même dans ce cas, je n'ai pas parlé. J'ai seulement hoché la tête, et j'ai évité tout contact visuel, corporel, ou contact tout cours avec eux. De peur de paraître suspecte.

J'inspire et j'expire discrètement, pose ma tête sur la vitre du 4X4 et prie intérieurement qu'on soit arrivés. Si je reste une minute de plus sans parler, je crois que je vais littéralement exploser.

Ma prière est exaucée. Le chauffeur gare la voiture dans un grand parking que je devine être celui de l'aéroport. A peine s'est elle arrêter que je sors immédiatement. Ouf! Je n'arriverais jamais à supporter une telle pression.
Je m'éloigne un peu d'eux, en les gardant à l'œil. La dernière chose que je désire est de les perdre de vue. Je sors l'Iphone de Nisrine - enfin le mien maintenant-, et tape mon prénom dans les contacts. Je tremble tellement j'ai peur de faire tomber ce bijou.

Quelques sonneries retentirent avant d'entendre un brouhaha suivi de ma voix qui résonne dans l'appareil. Comme réflexe, je me tape la tête pour me forcer à me rappeler que cette voix ne m'appartient plus.

- Allô, redit-elle, Sabrine ça va?

- Oui, désolée je te dérange? je demande, Si je ne parle pas maintenant, je crois que je vais exploser. Je reprends les paroles de tout à l'heure à voix haute.

Son rire sonne dans le combiné, et elle ajoute :

- Non, non tu me déranges pas. En fait, je suis dans le train, je n'ai pas trouvé de places mais c'est une nouvelle expérience, j'aime bien. J'imagine que tu ne discutes pas trop avec mes fabuleux parents? ironise-t-elle.

Nisrine me surprends vraiment. A l'extérieur, on dirait une petite fille à papa riche et égocentrique. Mais j'ai su comment distinguer la petite fille manquant d'affection et d'amour, vulnérable et forte à la fois. Une fille qui a toujours eu l'habitude de monter dans des limousines, mais qui ne se plaint pas de prendre le train.

Peut être que c'est grâce à mon radar spécial. Ma mère me disais toujours que j'avais un don qui me permettait de savoir si quelqu'un est bon ou pas. Je l'avais surnommé mon radar spécial. Et étrangement, Nisrine avait réussis aux test du radar même si elle prétendait le contraire.

- J'ai peur qu'ils me trouvent bizarre. Que je ne  réussisse  pas à me comporter comme toi, dis-je.

- Oh là là, ne t'inquiètes surtout pas. Mes parents ne savent même pas comment je me comporte. Euh.. Bon je.. je dois raccrocher, elle bafouille, j'ai peur qu'on me prenne le seul moyen de communication avec toi. Je t'envoie un texto quand j'arrive.

Et elle raccroche, sans que je place un mot de plus.

Ne t'inquiètes surtout pas....

Mes parents ne savent même pas comment je me comporte...

Ses parents sont-ils aussi indifférents? Est-ce q...

Je sursaute. Une main s'est placé sur mon épaule. Je me retourne et me retrouve face à la maman de mon amie.

- Nisrine, dit-elle, tu vas bien ma chérie?

Ma chérie. Elle n'est pas si méchante que Nisrine le prétends apparemment.
Voyant que je réponds pas, elle ajoute :

- Je sais que tu es encore fâchée à propos de ton anniversaire, mais cette conférence était vraiment importante pour Edward. Mais en même temps, j'ai pensé à toi. Tu voulais tellement revoir le Maroc, alors je t'ai amené avec nous. Ne m'en veut pas, s'il te plaît chérie.

Alors c'est pour ça que Nisrine ne voulait pas retourner à sa chambre d'hôtel l'autre jour. Elle m'avait simplement dis qu'elle 'était fâché avec ses parents, mais sans plus. Sa mère en ce moment a l'air sincèrement désolée. Je souris et lui réponds : Ce n'est pas grave maman.

Elle me regarde un instant avec surprise. Quoi? J'ai dis quelque chose qui ne va pas? Il faut pas sourire? Ou est ce que c'est parce que je l'ai appelé maman ? Ouf Sabrine, tu gâches toujours tout, tout!

Elle reprend ses esprits et retourne voir son mari. Tant mieux Je les suis de derrière, tout en contemplant l'aéroport. C'est la première fois que je viens ici. C'est tellement grand. On dirait que cette dernière semaine j'ai vécu pleins de premières fois. Je regarde le tableau qui affiche les vols au dessus de moi, et ne remarque aucun vol en direction d'Oxford. Nous allons où? Ne me dites pas que nous allons attendre des heures ?

Pourtant Edward ne s'arrête pas . Nous nous dirigeons vers la porte de sortie numéro 22. Nous avançons dans un long terrain et là je découvre un tout petit avion. Je ne suis pas bête non plus. J'avais vu cet engin dans un film avec Jad. C'est un jet privé! *un avion pour nous tous seuls! Je rêve!

- Tu l'as enfin réparé, s'adresse Edward à un homme en combinaison bleue,  tant mieux pour toi que tu serves à quelque chose. Sinon tu aurais pu dire au revoir à ton travail.

Mais il se prend pour qui ? Pourquoi est-il aussi méchant envers cet homme?

Il m'invite à monter à l'intérieur du jet en me tendant la main mais je préfère monter toute seule. Il n'avait pas à parler comme ça. Je déteste les personnes prétentieuses alors autant rester loin d'elles. Il ne semble pas donner une importance à mon geste, et part s'installer accompagné de sa femme dans leurs sièges.

Je m'assis deux sièges plus loin et décide de me calmer. Après tout je ne connais pas toute l'histoire. Peut être que l'homme n'a pas fais son travail exactement. Oui c'est ça, il ne l'a pas fais exactement.

Je mets mes écouteurs et m'adosse au siège. Tout à coup, la curiosité m'envahit. J'ai besoin de savoir un peu plus sur Nisrine. C'est tellement jouissif d'enquêter sur les autres. Et encore plus de devenir quelqu'un d'autre. Essayer un nouveau mode de vie. C'est bon, je crois que Nisrine avait raison. Dès que la panique s'envole petit à petit, la joie et le fun prennent place.

J'appuie sur l'icône des messages et décide d'ouvrir le premier message. Un certain Evan Wild. Wild... Ce nom me semble familier.. Bref. J'ouvre et je tombe sur une photo d'une fille rousse assez vulgaire dans les bras d'un  garçon très beau et surement très éméché . Evan l'a envoyé. Puis je découvre un message provenant de mon téléphone : T'es qu'un connard Evan Wild.

Oh oh dans quelle vie suis je tombée ?

What if ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant