Chapitre 12

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Sabrine :

La voix répétant encore et encore l'arrivée du train dans 5 minutes me transcende les oreilles et je n'ai qu'une envie c'est de la faire taire, et pourtant le train qui devait arriver dans 5 minutes arrivent une bonne quinzaine de minutes plus tard. Je n'ai voyagé qu'une ou deux fois en train, j'avais à peine 7 ans à cette époque là et pourtant mes souvenirs ne me trompent pas, les gens se bousculent toujours devant les entrées des wagons comme si leur vie en dépendait. J'essaie de me faufiler pour pouvoir y accéder mais ma petite taille ne m'est en aucune aide, et les têtes qui me dépassent d'une bonne trentaine de centimètres ne s'en rendent même pas compte, néanmoins j'arrive quand même à m'engouffrer à l'intérieur deux secondes après le sifflement annonçant le départ de cet engin risquant au passage de faire tomber mon sac à dos.

Quelques personnes me dépassent dans les couloirs se rendant certainement au wagon spécial « première classe », pendant que je me contente de la classe économique que mon ticket indique. J'ouvre la première cabine et tombe sur des garçons dans la vingtaine des cicatrices au visage, les cheveux rasés sur les côtés et un air de voyou sur le visage, je ferme subitement la porte prétextant un truc incompréhensible...J'erre dans les couloirs pendant un temps qui me semble indéfini cherchant une place dans une cabine où les personnes seront moins suspectes. Comme mes recherches vouent à l'échec je me laisse aller contre le mur du couloir et je m'assois par terre en écoutant la même voix casse tête de toute à l'heure annonçant notre arrivée dans une nouvelle station. Ils devraient penser à changer cette voix s'ils veulent que les gens continuent à prendre le train... Je me mets à ricaner toute seule sur mes jugements désagréables sur la voix de cette femme que je ne connais même pas quand une dame d'une quarantaine d'année au visage serein me dévisage comme si j'étais folle. Je le suis peut être un petit peu...Mais ça ne la stoppe pas de me tendre la main et de m'inviter à l'intérieur de la cabine qu'elle occupe : « Ne reste pas dehors, il y a des voyous qui rodent dans les parages, viens il y a une place à coté de nous » a-t-elle dit tout simplement.

Je la remercie et une fois mon postérieur posé sur la banquette en cuir orange, ses paroles se mirent à tourner dans ma tête « il y a des voyous qui rôdent dans les parages », des images de têtes rasés et de cicatrices se bousculèrent dans mon esprit et je pris un temps plus long que d'habitude pour comprendre : « Que je suis bête ! »

« Pourquoi tu dis ça ma fille ? » me demanda la femme un sourire au visage, je réalise soudain que j'avais pensé fort et me traite de double idiote cette fois intérieurement.

« Non c'est juste que j'avais remarqué la présence de garçons suspects tout à l'heure mais je n'avais pas fais attention et je n'ai même pas pris la peine de me cacher quelque part » dis-je d'un trait.

« Ah d'accord, c'est vrai qu'ils s'avèrent être dangereux parfois mais mon mari et moi t'avions remarqué et vu qu'il y avait une place chez nous on ne voulait pas te laisser toute seule assise par terre ». Cette femme était tellement gentille et avait l'air sincère, je n'avais même pas remarqué son mari quand je suis arrivée ici trop occupée à déchiffrer mes pensées, mes yeux se braquèrent sur d'autres personnes autour de nous, notamment une dame voilée portant un petit bébé et assise à côté de qui je devine être ses deux autres petits enfants, elle a une mine fatiguée et un visage tellement pâle qu'il se marierait très bien avec les nuances jaunes et oranges de la cabine, son bébé n'arrête pas de crier tandis que l'autre enfant de cinq ans -je devine- n'arrête pas de tirer sur sa manche demandant une sucette, l'autre fille plus âgée est assise calmement à regarder à travers la fenêtre. Me rappelant que j'avais amené une sucette avec moi – Oui je suis une grande enfant- je me mis à fouiller à l'intérieur de mon sac à dos pour la trouver, je la tendis ensuite au petit garçon qui la pris sans hésiter. Oh les enfants si naïfs, ce serait facile de les kidnapper ! Mais ce n'est pas mon but j'en ai assez qui m'attendent à la maison pour en ajouter un autre même aussi mignon qu'il est. Sa mère me remercia et répondu au téléphone à la hâte, une expression bizarre au visage et puis un « Laisse-moi tranquille » résonna dans toute la pièce, j'imagine que c'est son mari, il y a que les hommes pour énerver une femme.

Je décide quand même de m'occuper à faire autre chose au lieu de la fixer comme une psychopathe, et quand j'ouvre mon sac à dos, je vois la lettre de Jad posé au milieu des habits, je décide de l'ouvrir mais j'ai à peine commencé que mon téléphone ( modeste mobile à clapet) se met à vibrer, j'ouvre le message : « Ne pense même pas à l'ouvrir avant d'arriver » , je vous l'avais dis, on est tellement fusionnels que Jad à appris à anticiper tous mes faits et gestes et il sait très bien que je n'aime pas attendre, et pourtant je décide de ranger la lettre après lui avoir envoyer un « oui papa ».

Mes paupières deviennent lourdes et je me permets à demander à la gentille femme du compartiment de me réveiller si on arrive à Casa voyageur elle acquiesce et je m'endors comme une marmotte.

Une main me tape l'épaule et quand j'ouvre les yeux, je retrouve la dame de tout à l'heure, un sourire aux lèvres et une voix suave annonçant que nous approchons de la station, je la remercie et salue tout le monde croyant comprendre qu'ils restent tous jusqu'au terminus.

Mon sac à dos sur le dos, je décide de rendre une petite visite au toilettes du train pour me laver le visage mais je n'aurai pas du, l'odeur qui dégage de cette petite pièce est immonde, on dirait un insecticide pour humain, un humanicide qui tuera tous ces passagers si je rouvre la porte de ces toilettes. J'abandonne l'idée de me laver le visage et me contente d'une lingette que j'ai piquée à mon petit frère.

Une vibration suivie d'une secousse annonce l'arrêt du train et mon cœur tambourine à l'idée de me retrouver à Casa loin de tout le monde. Je descends quand même prise d'un élan de courage et me retrouve par terre à cause d'un gaillard qui vient de me pousser. Sauvage !

L'air frais de Casa me fouette le visage et je prends le temps d'envoyer un message à la première personne à laquelle je pense : « Ca y est je suis arrivée Jad, j'y suis ! »

What if ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant