Jad :
Je sais que Sabrine va revenir ce soir , mais je n'arrête pas de m'inquiéter. Elle a été absente pendant un peu plus de 24 heures mais elle me manque déjà. Je n'ai pas voulu l'appeler ce matin parce que je savais qu'elle était déjà assez stressée. Elle appréhende surement la réaction de ses parents à son retour. Et elle a raison.
Seulement quelques heures après son départ, sa mère est venue chez moi en furie me demandant où je cache sa fille. Quand je n'ai pas répondu, elle m'a sorti la note que Sabrine avait écrite avant de partir. J'ai insisté sur le fait que je ne sais rien du tout. Elle ne m'a pas cru bien sûr. Elle a claqué la porte, puis s'est dirigée vers la maison toute bouillante de colère. Si on était dans un dessin animé, on lui aurait dessiné un visage tout rouge et de la vapeur sortant de son nez et de ses oreilles.
Je ne regrette pas avoir pousser Sabrine à réaliser son rêve. Je suis sûr qu'elle a décroché l'offre d'ailleurs. Je veux qu'elle ne regrette pas aussi. Sabrine a l'habitude d'être fragile. Et n'importe quel discours de ses parents lui fera regretter immédiatement ce qu'elle a fait. Je ne veux pas que ça arrive.
J'ai un mauvais pressentiment. Je dois l'appeler. Je m'éloigne de Zahra, la sœur de Sabrine que je ramène de l'école et compose son numéro.
Elle ne réponds pas. Je refais l'opération, elle ne réponds pas la deuxième fois non plus. Qu'est ce qui se passe ?
Je l'appelle encore une fois pour en avoir le cœur net.
- Allô, réponds-t-elle. Ma respiration revient à la normal et je lâche un long soupir.
Nisrine :
Je m'installe dans les bancs de la gare quand le téléphone sonne. Jad. Son ami d'enfance. Je ne vais pas répondre. Pourquoi?
Alors premièrement : parce que je ne fais plus confiance aux meilleurs amis. Il a fallu vivre l'expérience d'Evan et d'Aria pour enfin le comprendre.
Et deuxièmement : Apparemment ce Jad est la personne qui la connait le mieux. Je n'ai pas envie qu'il se doute de quelque chose.
Le téléphone n'arrête pas de sonner. En fin de compte, si j'y pense bien, je ne peux pas lui échapper. Si je ne réponds pas maintenant, il viendra à la maison quand j'y serais. Mieux vaut parler à distance alors. Je prends une grande inspiration pour me remettre les idées en place.
Alors Sabrine est une fille trop gentille, trop à fleur de peau, trop enfantine, -positivement parlant bien sur-, tout ce que je ne suis pas. Alors comment parler comme elle?
L'ami d'enfance appelle une troisième fois et je décide de répondre.
- Allô, dis-je.
Court, simple et standard. Je n'ajoute rien d'autre par peur que ça me trahisse. Un long soupir se fait entendre dans le combiné. Il s'inquiète?
- Pourquoi tu ne répondais pas Sabrine? J'ai eu peur que quelque chose t'arrive! réponds-t-il.
Lui? Avoir peur que quelque chose m'arrive? Menteur. Je ne le connais pas mais c'est un menteur. Tous les garçons sont des menteurs. C'est une règle.
Je préfère ne pas lui dire ce que je pense quand même. Je me contente de lui dire :
- Tu n'as pas besoin de t'inquiéter, je vais bien.
Tout à coup, je me rappelle de la raison pour laquelle je suis toujours assise dans ce banc après une heure d'attente. J'ai envoyé à Sabrine un texto lui demandant de m'envoyer l'adresse mais elle ne m'a toujours pas répondu et même si je ne veux pas l'avouer l'appel de Jad est venu au bon moment.
J'essaie de trouver le moyen le plus subtil pour demander à mon interlocuteur qui est censé être MON ami d'enfance, l'adresse de MA maison.
- Jad, le chauffeur de taxi veut l'adresse exacte de la maison, et j'ai comme un trou de mémoire, tu peux me la rappeler s'il te plaît? dis-je.
Aucune subtilité. Aucune discrétion. Bravo Nisrine. Il rit pendant un petit moment. Et je me maudis intérieurement.
- Je comprends pourquoi tu te rappelles pas ! dit-il, et mes battements cardiaques se font plus rapides, tu es stressée c'est normal, continue-t-il. Ouf!
- Oui,oui exactement. dis-je soulagée.
- Je te l'envoie par message alors, à tout à l'heure! ajoute-il avant de raccrocher.
à tout à l'heure? Je ne préfère pas. Déjà que je panique seulement au téléphone. Un bip annonce l'arrivée d'un nouveau message. Je suppose que c'est l'adresse.
Je sors de la gare direction la maison. Dans le taxi, je contemple la ville à travers la fenêtre. Je n'ai jamais été ici. Il y a pleins de fontaines. Pleins d'espaces verts. Tout ce qu'on trouve de moins en moins à Oxford. Nous traversons une petite ponte qui me permet de découvrir la vue sur toute la ville. C'est juste magnifique ! Les lumières brillent de partout. Des mosquées et des temples traditionnels donnent du charme à la vue. Et de loin je peux voir les nouveaux bâtiments qui contrastent avec le côté traditionnel de la ville.
Plus le taxi avance, plus nous laissons derrière nous les villas luxueuses de la ville. Plus nous avançons, plus il y a une ambiance chaleureuse qui règne. Le silence et le désert total que nous avons laissé derrière nous, et la seule présence de caméras et de gardes de sécurité est remplacé par des enfants qui jouent à cache cache, des femmes qui discutent entre elles, des hommes qui se saluent en achetant des légumes. Il y a même un mariage. Des femmes sortent la tête de leur fenêtres et lâche des youyous interminables. Ça ressemble au cris que font les indiens avant une réunion. Maman m'avait dit autrefois que les femmes lançaient des youyous, qui sont des cris aigus et modulés, avant l'arrivée de la mariée, signe de joie et parfois de triomphe. Je souris à la scène. Quand tout à coup, j'aperçois une toute petite maisonnette blanche aux briques rouges comme me l'avait décrite Jad. Le taxi s'arrête, je paye le chauffeur et descends.Voilà, me voici devant ma future maison, que le courage soit avec moi!
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What if ?
Teen Fiction- " vas y , apparemment faut fermer les yeux et faire un souhait . - C'est du n'importe quoi ... - Mais vas y qu'est ce qu'on y perds? - Ok si tu veux , mais je veux qu'on le dise en même temps ... - D'accord, à 3 alors ... 1,2,3 -J'aimerais te...